Photo : Des étudiants brandissent des drapeaux palestiniens pour marquer le "Jour de la Nakba" l’année dernière - Crédit : Eliyahu Hershkovitz
Le sixième gouvernement Netanyahou commence à ressembler à une caricature totalitaire. Il n’y a pratiquement aucune mesure associée au totalitarisme qui n’ait été proposée par l’un de ses membres extrémistes et adoptée par le reste des incompétents qui le composent, dans leur compétition pour voir qui peut être le plus pleinement fasciste.
Le Comité ministériel législatif doit examiner dimanche un projet de loi parrainé par le député d’Otzma Yehudit, Limor Son Har-Melech, qui obligerait un établissement universitaire à suspendre un étudiant qui agite le drapeau palestinien ou exprime son soutien au terrorisme. Ce législateur pratiquement inconnu a cherché à se faire de la publicité sur le dos des étudiants arabes, car quoi de plus facile que de persécuter les membres d’une minorité ?
Son Har-Melech veut faire pression sur les établissements d’enseignement supérieur israéliens, transformant les universitaires en agents de police politique et les étudiants en véritables mouchards. Le préambule du projet de loi indique que "les institutions universitaires sont devenues le théâtre principal d’incitation au cours de l’année écoulée" et que le jour de l’indépendance d’Israël est devenu "un jour où les drapeaux de l’organisation terroriste OLP flottent sur les institutions universitaires." Il déclare en outre qu’"il est déraisonnable que des étudiants soient contraints d’apprendre aux côtés de personnes qui ont exprimé un soutien explicite à des attaques terroristes, dans le silence total de l’administration de l’institution."
C’est en fait le gouvernement qui, ces dernières années, est devenu la scène principale de l’incitation, à l’image de l’incitateur national, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et de la plénière de la Knesset qui est un foyer de stupidité. La tentative d’assimiler le fait de brandir le drapeau palestinien à un soutien au terrorisme est en soi une incitation.
L’Autorité palestinienne n’est ni un État ennemi ni une organisation terroriste. Israël a signé des accords avec l’OLP et son drapeau a été hissé à la Knesset et sur toutes les tribunes diplomatiques possibles. En outre, Israël coopère avec l’Autorité palestinienne depuis 30 ans et bénéficie des fruits de la Coordination de sécurité avec elle. La lutte contre le drapeau palestinien est donc aberrante, ingrate et détachée de la réalité israélienne et internationale.
Heureusement pour Israël, tout le monde n’a pas été infecté par l’épidémie fasciste. Le Comité des directeurs d’université en Israël a publié une lettre d’objection jeudi. "Il s’agit d’une politisation et d’une ingérence profonde et déraisonnable dans les activités du campus. Il s’agit d’une tentative d’utiliser le monde universitaire à des fins de répression criminelle, en transformant les administrations des institutions en officiers de police, en juges et même en bourreaux, et ce pour des délits qui n’ont rien à voir avec le monde universitaire." Le président de l’université de Tel Aviv, le professeur Ariel Porat, a averti dans une lettre séparée que si le projet de loi est adopté "un véritable maccarthysme sera créé sur le campus : Les étudiants se suivront les uns les autres pour déterminer si tel ou tel mot justifie une suspension."
Le simple fait de débattre de cette proposition fasciste sali le Comité ministériel législatif et Israël. Sa place est dans la poubelle, et la place de ceux qui la proposent est en dehors de la Knesset. Il ne se passe pas un jour sans que ce gouvernement ne nous rappelle pourquoi il est important de poursuivre la contestation avec toute la vigueur nécessaire.
Traduction : AFPS