Durant les cinq premiers mois de l’année, quatre cent trente-trois logements étaient en cours de construction dans les implantations contre deux cent quarante durant la même période de 2007, selon le rapport, qui cite des chiffres officiels du bureau central des statistiques. Sur ce total, le ministère de l’habitat est partie prenante dans le financement de 64 % des logements en construction.
Selon des enquêtes effectuées par La Paix maintenant à l’aide de photographies aériennes et de visites sur le terrain, ce boom de la construction est encore plus important avec un millier de nouveaux bâtiments comprenant deux mille six cents logements en chantier. Plus de la moitié (55 %) de ces logements sont situés à l’est de la barrière de séparation, c’est-à-dire en dehors des grands blocs de colonies qu’Israël entend annexer dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens.
Le rapport précise également que quatre cent dix-sept appels d’offres pour la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie ont été lancés depuis le début de 2008, soit une augmentation de 550 % par rapport à 2007. A Jérusalem, le nombre d’appels d’offres a pour sa part été multiplié par trente-huit et porte sur mille sept cent soixante et un logements contre quarante-six en 2007. Enfin, dans la centaine de "colonies sauvages", c’est-à-dire n’ayant pas obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes et qui sont disséminées en Cisjordanie, cent vingt-cinq structures ont été ajoutées depuis le début de l’année, poursuit le rapport.
Les responsables israéliens se sont à de multiples reprises engagés auprès des Etats-Unis à évacuer ces colonies sauvages. Ces statistiques sur la colonisation ont été publiées alors que la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, effectue une nouvelle mission en Israël et chez les Palestiniens, engagés dans de difficiles négociations de paix. La Paix maintenant estime que ces "constructions intensives visent à effacer la ligne verte" qui séparent la Cisjordanie du territoire israélien afin de relier les blocs de colonies et les implantations isolées situées au cœur de la Cisjordanie.
Par ailleurs [1], Le gouvernement israélien reporte la discussion de son projet d’évacuation de colons de Cisjordanie
Le gouvernement israélien a décidé dimanche de reporter à la semaine prochaine la discussion d’un projet de loi prévoyant une prime au départ pour les milliers de colons juifs appelés à terme à quitter la Cisjordanie.
En ouverture du conseil des ministres de dimanche, le chef du gouvernement Ehoud Olmert a confirmé que l’Etat hébreu devrait vraisemblablement déloger un grand nombre de colons de Cisjordanie dans le cadre d’un futur traité de paix.
Au vu des négociations de paix en cours avec les Palestiniens, il a estimé qu’il serait "convenable" de penser à des incitations financières pour les colons qui accepteraient volontairement de partir.
M. Olmert a ajouté qu’il fallait tirer les leçons des erreurs commises lors de la dernière évacuation massive de colons, une allusion au chaotique retrait unilatéral de la Bande de Gaza en 2005.
"Je crois qu’il est bon de commencer à penser à ces questions et de voir comment s’y préparer dans les meilleures conditions", a expliqué le Premier ministre.
Ce projet de loi, baptisé "compensation pour évacuation", prévoit le versement par l’Etat d’une somme d’argent pour les colons qui quitteraient des territoires de Cisjordanie susceptibles d’être transférés aux Palestiniens dans un proche avenir.
Selon les architectes de ce texte destiné à réduire au maximum les frictions avec les populations juives de Cisjordanie, la moitié des quelque 70.000 colons concernés par cette évacuation accepteraient de quitter leur habitation contre le versement d’une compensation financière.
Le projet est encore loin d’être mis en oeuvre et M. Olmert n’a même pas prévu de le soumettre au vote de ses ministres. Aucun progrès réel n’est à attendre sur ce dossier avant l’élection au cours du mois du nouveau leader de Kadima, le parti de M. Olmert. Le Premier ministre a déjà prévu de démissionner après ce scrutin, ce qui devrait plonger Israël dans une nouvelle crise gouvernementale et peut-être mener à des élections anticipées.