L’amphithéâtre de l’espace public annexé au lycée Félix Le Dantec de Lannion est la propriété du
Conseil régional de Bretagne qui en confie la gestion à l’administration du lycée. Cette salle avait été
réservée par l’AFPS-Trégor dès le 11 mars. Suite à un avis favorable du Conseil d’Administration du
lycée, nous avions signé la convention de location le 15 mai.
Nous sommes certes en période préelectorale et l’obligation de réserve impose que les
établissements scolaires n’accueillent pas de réunions publiques à caractère politique. Mais si le
témoignage d’un médecin sur son action sanitaire à Gaza est assimilé à un meeting politique, alors on
est en droit de se demander quelle manifestation culturelle l’amphitéatre du lycée de Lannion pourrait
bien accueillir.
L’injonction de nous refuser l’accès à l’amphithéâtre de l’espace public du Lycée Le Dantec est venue
la semaine dernière du cabinet du ministre de l’Éducation nationale. Cette injonction a été relayée :
par la voie administrative normale, par le Recteur de l’Académie de Rennes, puis, au bout de la
chaîne hiérarchique, par le proviseur du lycée Félix Le Dantec qui nous a informé de sa décision le 31
mai, veille de la conférence du Dr Oberlin.
sur le plan politique, et c’est beaucoup plus grave, cette injonction du ministère de l’Éducation
nationale semble avoir été relayée par le cabinet du président du Conseil régional de Bretagne ...
C’est donc bien au moins un ministre du gouvernement AYRAULT qui aurait, depuis plusieurs
jours fait pression sur Marie-Pierre ROUGER, vice-présidente (Bretagne-Écologie) du Conseil régional
de Bretagne en charge des lycées pour qu’elle endosse (à la place du PS ?) la responsabilité de nous
refuser cette salle publique. Devant le refus de Mme ROUGER de se faire l’instrument de cette
censure injustifiable, le ministre de l’Éducation nationale s’en est alors remis à la voie administrative
en faisant endosser la décision au proviseur du lycée de Lannion.
Nous ne pouvons bien sûr pas imaginer qu’une telle décision qui concerne l’exercice de la liberté
d’expression dans un lieu public, et donc l’ordre public lui-même, n’aurait pas – au minimum – reçu
l’assentiment du ministre de l’Intérieur Manuel VALLS qui, à peine investi de ses nouvelles fonctions,
s’est rendu à Marseille au banquet annuel du CRIF, pour l’assurer de son « attachement éternel à
Israël » pour ne pas dire son soutien total et indéfectible... reconnaissant par là-même que cette
organisation n’est en rien représentative des citoyens français de confession ou de culture juive, mais
qu’elle n’est qu’une sorte d’ambassade grise d’Israël en France.
Christian MARQUET, Maire de Lannion et Conseiller régional ne fait pas partie de la chaîne de
décision et estime ne pas disposer des éléments qui lui permettent de juger du bien fondé de cette
mesure. C’est en revanche par son intercession, en liaison avec le proviseur du lycée, que la solution
de repli sur le centre St-Elivet a été trouvée.
Nous leur en savons grâce ; mais cette mesure palliative ne saurait dédouaner ni atténuer la
responsabilité politique du gouvernement AYRAULT et du Parti socialiste dans cette lamentable
atteinte à la liberté d’expression qui semble augurer d’une véritable continuité avec les obstacles
opposés par le gouvernement SARKOZY à la liberté d’expression en France, dès lors que l’Etat
d’Israël pourrait être mis en cause pour ses violations répétées du droit international et des droits
humains (interdiction des colloques univesitaires de Paris VI et d’Aix-en-Provence).
Dans ces conditions, on ne peut que s’interroger sur la sincérité de la déclaration pourtant
rassurante de Laurent FABIUS à la dernière Convention du Parti socialiste : « Nous romprons
avec l’indulgence excessive du gouvernement français envers le pouvoir israélien à qui nous
dirons qu’il devra quitter rapidement les territoires colonisés. »
Pour l’AFPS-Trégor, Jean-Do Robin