Dans son premier rapport au printemps dernier, la commission a estimé que le Premier ministre avait déclenché la guerre sans disposer d’un plan d’opérations à la hauteur de la situation.
La commission Winograd s’abstiendra d’émettre des conclusions sur les personnes, ont indiqué hier le journal Yediot Aharonot et la deuxième chaîne privée de la télévision israélienne. Selon les médias israéliens, diverses personnalités politiques ou militaires susceptibles d’être personnellement visées par ce rapport ont argué qu’elles devaient en être averties préalablement pour assurer leur défense. La commission Winograd a préféré s’épargner cette longue procédure en renonçant à émettre des conclusions ou des recommandations sur les personnes.
« C’est la population qui juge ses représentants élus, et elle le fait dans les urnes », a déclaré au quotidien le président de la commission, l’ancien juge de la Cour suprême Eliahu Winograd. Le journal ajoute que les conclusions de la commission seront publiées en décembre.
La commission d’enquête, qui s’était jusque-là refusée à tout commentaire, avait informé début octobre la Cour suprême qu’elle se plierait à l’obligation d’émettre des avertissements à ceux qui seraient personnellement visés par son rapport, mais n’a rien fait de tel jusqu’ici. La commission a publié en mai son rapport intérimaire, accablant, sur la gestion de la guerre contre le Hezbollah, du 12 juillet au 14 août 2006.
Sans attendre ce rapport, le ministre de la Défense Amir Peretz et le chef d’état-major, le général Dan Haloutz, en poste lors de la guerre au Liban, ont démissionné de leurs fonctions. En dépit des critiques et de désastreux indices de popularité, le Premier ministre Olmert s’est accroché au pouvoir. Il s’appuie aujourd’hui sur une solide coalition de 78 députés sur un total de 120 à la Chambre, et affirme vouloir rester aux affaires jusqu’à la fin de la législature en 2010. Il pourrait désormais échapper à des recommandations individuelles dans le rapport définitif de la commission Winograd.
La commission Winograd, dans un rapport d’étape remis en avril dernier, accusait Olmert d’avoir manqué de jugement et de prudence en lançant l’offensive contre le Hezbollah. Olmert n’avait pas un plan stratégique « correctement élaboré » lorsqu’il a lancé en juillet 2006 l’offensive terrestre, maritime et aérienne qui s’est soldée par un cessez-le-feu avec le Hezbollah le 14 août suivant, au terme de 34 jours de combats, dit le rapport d’étape.
Selon la commission, l’objectif déclaré de l’entrée en guerre - obtenir la libération des deux soldats israéliens enlevés - était « trop ambitieux et impossible à atteindre ». Cent cinquante-huit Israéliens - 117 soldats et 41 civils - ont péri durant cette guerre. Environ 1 200 personnes ont été tuées dans le même temps au Liban, dont environ 270 combattants du Hezbollah. Le parti de Dieu avait tiré quelque 4 000 roquettes sur Israël.