Le renforcement de la campagne menée en France pour museler, réprimer et intimider les voix pro-palestiniennes et celles qui critiquent Israël constitue une violation flagrante du droit à la liberté d’opinion et d’expression et du droit à la liberté de réunion pacifique.
L’Observatoire Euro-Meditérannéen des droits de l’Homme a suivi l’intensification, au cours des derniers jours, de la répression officielle et institutionnelle contre les étudiants des universités en France qui protestent pacifiquement contre la guerre génocidaire d’Israël dans la bande de Gaza. Le gouvernement français a eu recours à diverses formes d’intimidation pour réduire au silence les militants qui s’élèvent contre le génocide, notamment en prenant pour cible des personnalités politiques pro-palestiniennes.
La police française a dispersé par la force un sit-in de protestation d’étudiants sur la place de l’Université de la Sorbonne à Paris le 29 avril, enlevant les tentes des étudiants qui protestaient contre le génocide des Palestiniens par Israël dans la bande de Gaza, qui se poursuit depuis le 7 octobre 2023. L’incident a eu lieu quelques jours après la répression de manifestations similaires à l’école Sciences Po (sciences politiques) à Paris, qui a entraîné le retrait de financements de la prestigieuse université par le responsable de la région du grand Paris.
L’Observatoire Euro-Meditérannéen des droits de l’Homme a recueilli les témoignages d’étudiants de l’université de la Sorbonne, qui font état d’un mouvement de protestation pacifique en solidarité avec les Palestiniens et pour sensibiliser sur le génocide à Gaza. Les étudiants ont déclaré à l’Observatoire Euro-Meditérannéen des droits de l’Homme que la police a interrompu leur rassemblement par la force, a démonté les tentes, et a scandaleusement violenté de nombreuses personnes, les traînant sur le sol. La police a expulsé 50 manifestants du campus, qui ont ensuite été emmenés par groupes avec l’aide d’agents de sécurité.
Des vidéos examinées par l’Observatoire Euro-Meditérannéen des droits de l’Homme montrent que deux étudiants ont été physiquement traînés et agressés par des policiers français. Le même jour, l’administration de l’université de la Sorbonne a fermé ses bâtiments lors de manifestations pacifiques, tandis que les étudiants scandaient des slogans tels que « Palestine libre » et un autre appelant l’administration de l’université à condamner Israël.
La police française a tenté de justifier la dispersion du sit-in de l’université de la Sorbonne en disant qu’elle l’avait fait à la demande de l’administration de l’université, et a refusé de commenter les scènes de forces de police entrant et encerclant les tentes montées par les étudiants, puis tirant de force des individus de ces tentes et les emmenant hors du campus.
L’Observatoire Euro-Meditérannéen des droits de l’Homme met en garde contre une autre forme de répression et d’intimidation, comme en témoigne la convocation de Mathilde Panot - chef d’un parti de gauche français et d’un groupe parlementaire - par la police française, sous l’accusation de « apologie du terrorisme ».
Panot insiste sur le fait que c’est la première fois dans l’histoire moderne de la France que le chef d’un groupe parlementaire est convoqué « pour des motifs aussi graves » et a mis en garde contre l’exploitation dangereuse de la justice à des fins de répression politique et d’entrave aux libertés publiques.
La France insoumise (LFI), le parti de M. Panot, est actuellement la plus grande force politique de gauche en France. Il a critiqué ce qu’il considère comme une érosion de la liberté d’opinion et d’expression de ceux qui condamnent le « génocide » israélien contre les Palestiniens de la bande de Gaza.
Le leader du parti et ancien candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a décrit les convocations de personnalités politiques critiques à l’égard d’Israël comme un événement sans précédent dans l’histoire de la démocratie française, accusant les autorités de « protéger le génocide » qui se déroule dans la bande de Gaza.
Les campagnes d’intimidation ont également touché la militante française d’origine palestinienne et candidate au Parlement européen, Rima Hassan. La police française a convoqué Rima Hassan en raison de sa défense de Gaza, l’accusant de « apologie du terrorisme ».
Rima Hassan a fait part au journal français Le Monde de son inquiétude quant au climat qui entoure les voix politiques actives en France sur la question de la Palestine, condamnant les pressions politiques visant à compromettre les libertés publiques et à menacer l’état de la démocratie, en particulier dans le contexte des élections parlementaires européennes prévues en juin prochain, un moment politique crucial pour l’avenir du peuple français.
La poursuite d’Hassan sur la base d’accusations peu convaincantes, au milieu de sa campagne électorale, représente une violation flagrante de son droit à se présenter et de la liberté des élections parlementaires, ce qui soulève des inquiétudes quant à la criminalisation croissante par la France des efforts visant à sensibiliser le public aux violations israéliennes dans la bande de Gaza.
L’Observatoire Euro-Méditerrannéen des Droits de l’Homme souligne que les mesures prises par les autorités françaises pour réprimer les manifestations et les opinions publiques critiques à l’égard d’Israël violent les obligations juridiques internationales, nationales et régionales de la France, y compris les articles de la Charte de l’UE sur la liberté d’expression et d’opinion, en particulier l’article 11. Cet article stipule que toute personne a droit à la liberté d’expression et que ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir et de transmettre des informations et des idées, sans ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières. Les mesures prises par les autorités françaises sont également contraires à l’article 12 sur la liberté de réunion, qui stipule que toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique.
L’Observatoire Euro-Méditerrannéen des Droits de l’Homme appelle le gouvernement français à respecter les voix et les manifestants pro-palestiniens et à mettre fin à sa campagne de persécution à leur encontre. Le gouvernement français doit assurer la pleine protection de leurs droits civils, des libertés publiques et du droit de manifester pacifiquement.
Traduction : AFPS
Photo : Observatoire Euro-Méditerrannéen des Droits de l’Homme