Ce gel, a-t-il précisé, est « indispensable pour sauvegarder la solution des deux Etats et permettre la relance des négociations sur une base crédible ».
Le lendemain, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a cru bon de publier un communiqué dans lequel il « regrette » cette « convocation (...) pour des questions relatives à des constructions dans l’agglomération de Jérusalem » et « rappelle son attachement à la ville de Jérusalem comme capitale historique de l’Etat d’Israël, où toutes les libertés, y compris celle de logement, sont respectées ».
Cette réaction irresponsable pose un triple problème :
1) Les dirigeants du CRIF ignorent-ils que seuls les Israéliens jouissent à Jérusalem de la « liberté de logement » dont ils font état ? Non seulement les Palestiniens ne peuvent s’installer à Jérusalem-Ouest, même s’ils en sont originaires, mais ils ne bénéficient qu’au compte-gouttes de permis de construire à Jérusalem-Est, faute desquels ils se voient régulièrement leurs maisons détruites. Selon le Comité israélien contre les démolitions d’immeubles, seules 500 maisons arabes y ont été « légalement » construites depuis 1967 par le gouvernement israélien à Jérusalem-Est, contre 100 000 pour les juifs. Et 60 000 Palestiniens y ont perdu leur droit de résidence ;
2) Les dirigeants du CRIF font-ils passer leur solidarité inconditionnelle avec le gouvernement israélien avant le respect du droit international ? Ils font en effet mine d’ignorer que les Nations unies ont refusé, en 1967, l’annexion par Israël de la partie orientale de Jérusalem et condamné, depuis, ses efforts pour la judaïser au détriment des Palestiniens comme de l’histoire plurielle de la ville. Elles ont, plus généralement, condamné la colonisation des territoires occupés. Et la Feuille de route du Quartet, officiellement acceptée lors de son lancement en 2003 par les autorités israéliennes, fait en outre obligation à ces dernières de geler toute croissance - même « naturelle » - des colonies ;
3) Les dirigeants du CRIF mesurent-ils qu’en se posant en avocats systématiques de leurs amis israéliens, ils contribuent à la communautarisation du débat légitime, en France, sur le sabotage des efforts de paix par le gouvernement de droite et d’extrême droite d’Israël ? Pis : en donnant à croire que les juifs de France seraient aux côtés de ce dernier, y compris lors de l’opération meurtrière contre la bande de Gaza, ils prennent le risque d’alimenter des dérives antisémites.
La reprise des négociations en vue de la création, aussi rapide que possible, d’un Etat palestinien indépendant, est bien sûr de l’intérêt des deux peuples concernés, mais aussi de la communauté internationale toute entière. D’ailleurs l’Union européenne, comme les Etats-Unis et la Russie, a également fait savoir son mécontentement à Israël. Il est donc essentiel que la France participe à ces pressions, voire, si elles ne suffisent pas, aux sanctions nécessaires. Et que les dirigeants du CRIF n’oublient pas le « F » qui conclut leur sigle.