Ce dimanche, la marine israélienne a commis l’acte de piraterie dont elle est coutumière depuis maintenant 10 ans : une intervention en eaux internationales pour intercepter la Flottille de la Liberté et s’en prendre à son équipage. L’Awda, le navire amiral de la flottille partie cette année de Suède et de Norvège, a été intercepté par la marine israélienne, et détourné vers le port israélien d’Ashdod. Son équipage et ses passagers ont été arrêtés et sont actuellement détenus en Israël.
L’Awda apportait une cargaison de médicaments dont la Bande de Gaza manque cruellement, et devait elle-même être remise en cadeau aux pêcheurs palestiniens de Gaza. Rien, absolument rien, qui puisse porter atteinte à la « sécurité d’Israël » au nom de laquelle tant de crimes sont commis. Mais ses 22 passagers et membres d’équipage, de 16 nationalités différentes dont la militante française Sarah Katz, apportaient un message bien plus dangereux pour la politique israélienne : la solidarité et l’espoir. Un espoir qu’Israël cherche méticuleusement à tuer, jour après jour, en continuant à réprimer dans le sang les Marches du retour, et en étranglant chaque jour un peu plus la Bande de Gaza.
Avec la fermeture, puis la réouverture limitée et sporadique du dernier point de passage pour les marchandises, la situation à Gaza, dans la chaleur étouffante de l’été, empire jour après jour. Et après les réductions des salaires payés aux fonctionnaires de Gaza, décrétées par l’Autorité palestinienne, ce sont maintenant les salariés et les services d’éducation et de santé de l’UNRWA, l’agence de l’ONU en charge des services aux camps de réfugiés, qui sont menacés par la coupure unilatérale de la part de financement des Etats-Unis. Gaza est devenue, au fil des années, un laboratoire ignoble : celui des techniques pour tuer une société et lui faire perdre tout espoir en l’avenir.
Celles et ceux qui connaissent la population palestinienne de Gaza, sa créativité, son engagement, sa profonde humanité, ne sont pas surpris par sa résistance à ce blocus inhumain. Mais rien ne sera possible sans une intervention concertée des Etats.
Nous demandons constamment et avec insistance au gouvernement français et au président de la République d’agir pour que cesse le scandale que constitue ce blocus. Et pour commencer, d’agir pour que le gouvernement israélien laisse passer la Flottille. Nous n’avons eu aucune réponse, pas plus que nous n’avons eu d’explication à l’inexcusable attitude de la police fluviale de la préfecture de police, qui a empêché par la force deux petits bateaux de la flottille d’accoster à Paris.
La Flottille doit passer, l’Awda doit être restituée pour pouvoir aller à Gaza, et son équipage et ses passagers libérés. Et la « Freedom », le voilier qui va la suivre dans quelques heures, ne doit pas faire l’objet d’un acte de piraterie similaire. Nous demandons au gouvernement français d’agir dans ce sens, de toute urgence et publiquement, en prélude à une indispensable intervention, ferme et assortie de sanctions, pour la levée du blocus de Gaza.
Nous renouvelons toute nos félicitations et notre solidarité aux équipages et passager.e.s courageux de la Flottille. Nous adressons toute notre solidarité à nos amis palestiniens de Gaza, et notamment aux animateurs des Marches du Retour, qui ont aussi publié un communiqué de solidarité avec la Flottille, et à toutes les femmes et les hommes de Gaza qui continuent à se battre pour la vie et pour l’espoir. Nous sommes et resterons mobilisés à leurs côtés.
Le Bureau national de l’AFPS
30 juillet 2018