La Chambre des représentants des États-Unis a adopté mercredi un énorme paquet de dépenses omnibus [ndlr : une loi omnibus est une loi portant à la fois sur plusieurs sujets, généralement non reliés] de 1 500 milliards de dollars pour financer le gouvernement fédéral pour l’ensemble de l’année fiscale, y compris plusieurs détails clés liés à Israël, aux Palestiniens et au monde juif.
Le projet de loi de 2 741 pages prévoit notamment un financement d’urgence d’un milliard de dollars pour le système de défense antimissile Dôme de Fer. La Chambre des représentants a approuvé à une écrasante majorité le financement du système Dôme de Fer en septembre, en tant que mesure autonome, après une brève agitation au sujet de son inclusion dans une mesure de financement provisoire, bien que le débat houleux au sein de la Chambre ait marqué un nouveau niveau d’examen minutieux parmi les démocrates progressistes concernant l’assistance militaire américaine à Israël, ainsi qu’un espace de débat au sein du parti démocrate sur la relation États-Unis-Israël.
Malgré le soutien massif dont il bénéficie à la Chambre des représentants en tant que projet de loi autonome, le financement du Dôme de fer stagne au Sénat depuis octobre, le sénateur républicain Rand Paul ayant empêché l’adoption rapide du projet par le Sénat par consentement unanime.
Le Premier ministre Naftali Bennett a remercié jeudi les "amis d’Israël" à la Chambre des représentants et surtout le président Joe Biden pour avoir obtenu le paquet d’aide à la sécurité.
Le projet de loi couvre également les 3,3 milliards de dollars d’aide à la sécurité et les 500 millions de dollars de partenariats pour la défense antimissile, précédemment convenus dans le cadre du protocole d’accord de 2015 entre les États-Unis et Israël. Le protocole d’accord, qui a résulté de mois de négociations acharnées entre l’administration Obama et le gouvernement de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, couvre une période de 10 ans et 38 milliards de dollars d’aide militaire à Israël.
Israël, dans le cadre du protocole d’accord, a accepté de ne pas demander de fonds supplémentaires pour les systèmes de défense antimissile pendant la durée de l’accord. Le Congrès, quant à lui, est tenu d’approuver chaque année les niveaux de financement convenus précédemment et a codifié en juillet une politique déjà existante visant à garantir que les pays recevant une aide militaire américaine utilisent l’argent d’une manière conforme à la politique de sécurité nationale des États-Unis.
L’omnibus comprend également la loi sur la normalisation des relations avec Israël, un projet de loi bénéficiant d’un large soutien bipartisan qui vise à renforcer et à étendre les pactes de normalisation d’Israël avec les États arabes. Malgré le large soutien dont bénéficie le projet de loi, le sénateur républicain Ted Cruz a tenté d’en supprimer le libellé en faveur d’une solution négociée à deux États, au motif que les États-Unis ne devraient pas dicter une éventuelle résolution à Israël.
Les efforts de Cruz n’ont pas abouti et le texte de l’omnibus comprend une disposition demandant au département d’État de mener "une évaluation des opportunités créées par les accords de normalisation avec Israël pour faire avancer les perspectives de paix entre Israéliens et Palestiniens".
L’omnibus stipule également que les États-Unis fournissent 219 millions de dollars d’aide aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza via le Fonds de soutien économique et 40 millions de dollars pour l’assistance en matière de sécurité via le Bureau du contrôle international des stupéfiants et de la répression - le plus grand engagement fiscal des États-Unis envers les Palestiniens depuis 2015. L’omnibus finance en outre entièrement les 50 millions de dollars alloués à la loi sur le partenariat pour la paix au Moyen-Orient - visant à étendre les programmes de base israéliens et palestiniens "de peuple à peuple", ainsi que les entreprises économiques conjointes qui pourraient aider à étayer l’économie palestinienne.
En ce qui concerne les juifs américains, le paquet de mesures augmente le financement du Nonprofit Security Grant Program, qui fournit une aide financière aux lieux de culte et aux organisations à but non lucratif pour améliorer leur sécurité. Le Congrès a porté le financement de ce programme de 180 à 250 millions de dollars. Les dirigeants et les législateurs juifs ont demandé que le financement soit fixé à 360 millions de dollars dans le contexte de la hausse des attaques antisémites, notamment la prise d’otages de la synagogue de Colleyville, au Texas. Il alloue en outre 5 millions de dollars à la mise en œuvre de la loi Jabara-Heyer NO HATE de 2021, qui vise à aider le FBI à collecter des données sur les crimes haineux tout en donnant au ministère de la justice une meilleure capacité d’analyse de ces crimes.
En raison de l’impasse au Capitole, les législateurs démocrates ont été contraints d’adopter un certain nombre de mesures de financement provisoires pour éviter la fermeture du gouvernement fédéral, au lieu d’adopter un projet de loi de financement massif du gouvernement. La nécessité urgente d’envoyer de l’aide à l’Ukraine au milieu de l’invasion russe a toutefois poussé les législateurs des deux partis dans les deux chambres du Congrès à finalement aplanir leurs désaccords. Le projet de loi se dirige maintenant vers le Sénat, où il devrait être adopté avant le week-end, après quoi le président américain Joe Biden le signera en tant que loi.
Traduction : AFPS