Photo : Le parlement israélien adopte une résolution contre un Etat palestinien, 18 juillet 2024 © Quds News Network
Le Premier ministre belge Bart De Wever a déclaré que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne serait pas arrêté s’il se rendait en Belgique, malgré un mandat d’arrêt actif émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés à Gaza.
Les remarques de M. De Wever, formulées lors d’une interview accordée à la chaîne belge VRT News, contredisent directement les obligations légales de la Belgique en tant que signataire du Statut de Rome, qui exige des États membres qu’ils arrêtent et remettent les personnes inculpées par la CPI.
« La realpolitik existe », a déclaré M. De Wever. « Dans le cadre de la realpolitik, les considérations pratiques l’emportent sur les considérations éthiques. Je ne pense pas qu’il y ait un seul pays européen qui arrêterait Netanyahu s’il s’y rendait. La France, par exemple, ne le ferait pas - et je ne pense pas que nous le ferions non plus. »
Ces commentaires ont été formulés alors que M. Netanyahu effectuait sa première visite en Europe depuis l’émission du mandat d’arrêt de la CPI en novembre.
Il se trouve actuellement en Hongrie, où le Premier ministre Viktor Orban a annoncé que la Hongrie se retirerait de la CPI pendant la visite d’État de M. Netanyahu, une décision largement considérée comme un rejet de la responsabilité internationale.
La CPI a également délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de l’ancien ministre israélien de la défense, Yoav Gallant. Les deux hommes sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité lors de la campagne militaire israélienne à Gaza, où plus de 50 000 Palestiniens - pour la plupart des civils - ont été tués depuis le 7 octobre 2023.
Selon le statut de Rome, les États membres de la CPI, comme la Belgique, sont légalement tenus d’arrêter et de livrer les personnes recherchées lorsqu’elles entrent sur leur territoire. La déclaration de M. De Wever a suscité des réactions négatives de la part des partis d’opposition, qui estiment que sa position porte atteinte à l’État de droit.
Le parti vert flamand Groen a condamné les remarques du premier ministre, affirmant qu’il avait placé la Belgique « en dehors de la règle du droit international ».
Les commentaires de M. De Wever mettent en évidence la tension croissante entre les engagements juridiques internationaux et l’opportunisme politique. Les critiques avertissent que le fait que les membres de la CPI ne donnent pas suite aux mandats d’arrêt - en particulier à l’encontre de personnalités puissantes - érode la crédibilité de la Cour et crée un dangereux précédent pour la justice mondiale.
Les États-Unis, qui ne sont pas membres de la CPI, se sont ouvertement opposés aux actions de la Cour, allant même jusqu’à sanctionner le procureur Karim Khan à la suite de l’émission des mandats.
Entre-temps, Israël a repris son offensive sur Gaza après un bref cessez-le-feu en janvier. Cette trêve a vu l’échange de dizaines de prisonniers israéliens contre des milliers de prisonniers palestiniens, mais les négociations sur une seconde phase ont échoué, le Hamas accusant Israël de ne pas avoir respecté ses engagements.
Samedi, l’armée israélienne a déclaré avoir établi un nouveau corridor de sécurité dans le sud de la bande de Gaza, coupant ainsi Rafah du reste de l’enclave. Les dernières opérations militaires ont forcé le déplacement de dizaines de milliers de Palestiniens, alors que les agences humanitaires ne cessent de mettre en garde contre l’aggravation des conditions sur le terrain.
Traduction : AFPS