
L’ensemble des Territoires palestiniens occupés (Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est) a connu une récession économique en 2014, la première depuis 2006, constate le rapport annuel de la Cnuced - l’organe de l’ONU chargé des questions de développement et de commerce - sur son assistance au peuple palestinien.
La bande de Gaza est particulièrement touchée et "pourrait devenir inhabitable d’ici à 2020 si les tendances économiques actuelles persistent" ces cinq prochaines années, s’alarme le rapport.
Blocus et opérations militaires
Une combinaison de facteurs ont conduit à cette situation, explique le communiqué de presse de la Cnuced :
Huit années de blocus économique et trois opérations militaires en six ans ont anéanti la capacité de Gaza d’exporter et de produire pour son marché intérieur, ruiné ses infrastructures déjà très affaiblies, empêché sa reconstruction et sa reprise économique
Le blocus imposé par Israël à la bande côtière de Gaza, depuis la capture en juin 2006 d’un de ses soldats, libéré en 2011, a entraîné "l’arrêt de nombreuses activités économiques et une perte d’emplois massive", précise l’Onu.
Entre 2008 et 2014, s’en sont suivi trois opérations militaires qui ont aggravé la situation économique. Le rapport de la Cnuced indique que le montant des pertes directes qui en résultent représente près de trois fois celui du PIB de Gaza.
Un taux de chômage qui s’élève à 44%
Le rapport évalue à 44% le taux de chômage à Gaza en 2014, un record. Le manque d’emploi touche particulièrement les femmes : huit sur dix sont sans emploi. Pour la Cnuced, "la situation économique des Palestiniens qui vivent à Gaza est pire aujourd’hui qu’il y a 20 ans". Depuis 1994, le PIB par habitant a chuté de 30%.
Le secteur agricole a été particulièrement touché par la dernière opération militaire israélienne (Bordure protectrice) : il a "enregistré des pertes d’un montant de 550 millions de dollars", rapporte la Cnuced.
L’une des plus fortes densités au monde
Mais les questions économiques ne sont pas les seules à rendre difficile la vie des Gazaouis. Pour les économistes de l’ONU, "les conséquences sociales, sanitaires et sécuritaires de la forte densité démographique et du surpeuplement figurent au nombre des facteurs qui risquent de faire de Gaza un lieu invivable d’ici 2020".
La Bande de Gaza est en effet un territoire exigu de 362 km², où s’entassent 1,8 million de Palestiniens. La densité de population dépasse les 3 300 habitants au km² soit l’une des plus élevées au monde.
L’opération Bordure protectrice, qui a fait en juillet-août 2014 plus de 2 200 morts côté palestinien et plus de 70 côté israélien, a aggravé la situation puisqu’un demi-million de personnes ont été déplacées et 20 000 logements ont été partiellement ou entièrement détruits.
Le rapport s’alarme également de l’insécurité alimentaire qui touche désormais 72% des ménages et affirme que "la situation socioéconomique est à son point le plus bas depuis 1967".
La Cnuced dresse un tableau pessimiste de l’avenir puisque les perspectives pour 2015 sont "peu encourageantes en raison de l’instabilité des conditions politiques, de la réduction des flux d’aide, de la lenteur de la reconstruction à Gaza et des effets persistants de la retenue par Israël des recettes douanières palestiniennes au cours des quatre premiers mois de 2015".