La chaleur du mois d’août est étouffante à Gaza, et l’air est lourd de l’odeur de la poudre à canon. Le sang souille les routes et les piles de décombres des bâtiments détruits ne cessent de croître.
Pour la deuxième journée consécutive, Israël a poursuivi l’opération Breaking Dawn, marquant ainsi sa dernière attaque militaire sur la bande de Gaza. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 24 personnes ont été tuées, dont 5 enfants, et 203 personnes ont été blessées.
Avant de lancer cette dernière opération militaire, le gouvernement israélien avait fermé sa frontière avec Gaza le 1er août 2022, paralysant ainsi des secteurs majeurs de l’économie de Gaza, au premier rang desquels le secteur de l’électricité.
La seule centrale électrique de Gaza a été la première à tirer la sonnette d’alarme quant à son incapacité à fournir suffisamment d’énergie à la population de Gaza, en raison de la pénurie déjà criante de carburant qui entre habituellement par le point de passage de Karam Abu Salem, désormais fermé.
Jeudi, le représentant de la centrale, Muhammad Thabet, a mis en garde contre les conséquences de l’épuisement imminent du carburant de la société.
"Si Israël maintient le passage fermé, la station fermera dans les 48 heures", a-t-il déclaré. "Cela affectera tous les services publics et les installations vitales, exacerbant ainsi la situation humanitaire."
Aujourd’hui, l’Autorité de l’énergie de Gaza a publié une déclaration annonçant qu’en raison de la pénurie de carburant résultant de la fermeture de la frontière, la centrale électrique de Gaza sera fermée à midi.
La société a ensuite annoncé qu’elle fermerait la centrale, les réserves de carburant étant apparemment épuisées.
La centrale électrique de Gaza ne fournit à la population que 6 à 8 heures d’électricité par jour depuis 2007, date du début du blocus israélien de la bande de Gaza. Au cours de cette période, Israël a limité la quantité de carburant autorisée à Gaza, ce qui ne permet de produire que 120 mégawatts par jour.
Ce chiffre est bien inférieur aux besoins des 2,2 millions d’habitants de la bande, qui, selon la centrale électrique de Gaza, sont de 550 à 600 mégawatts.
Au cours des quatre dernières guerres contre Gaza, les avions de guerre israéliens ont directement visé la centrale électrique. Elle a ensuite été partiellement reconstruite.
Deux fois moins d’électricité, deux fois plus de souffrance
Les maisons de Gaza se transforment en boîtes chaudes pendant la chaleur de l’été, poussant les gens dans les rues pour un peu d’air frais. Aujourd’hui, cependant, l’air est rempli de poussière et de débris, car toutes les deux heures, une frappe aérienne israélienne ravage la ville. Les gens sont contraints de retourner à l’intérieur, à la recherche d’un abri.
Passer tout ce temps à l’intérieur, en pleine guerre et sans électricité, est difficile à imaginer.
"L’état de l’électricité à Gaza est déjà terrible sans les bombardements continus, et avec eux, l’obscurité devient un autre type de guerre."
Khaled Hassan à Mondoweiss
"Une coupure de courant dans ces circonstances vous remplit de colère", a déclaré Khaled Hassan, 33 ans, père de quatre enfants, qui s’est entretenu avec Mondoweiss depuis son domicile situé dans le quartier de Shuja’iyya, dans la ville de Gaza. "Votre nourriture ne se conserve pas dans le réfrigérateur, vous ne pouvez pas allumer la lumière alors que les bombes explosent autour de vous dans l’obscurité, et vous ne pouvez pas rafraichir vos enfants qui ne comprennent pas ce qui se passe, sauf qu’ils vivent maintenant dans la peur et l’obscurité."
Deux de ses enfants dormaient sur le sol pendant qu’il parlait, tentant de les rafraîchir au milieu de la chaude après-midi d’été.
"L’état de l’électricité à Gaza est déjà terrible sans les bombardements continus, et avec eux l’obscurité devient un autre type de guerre", a déclaré Khaled.
Il décrit comment quitter la maison devient presque impossible dans de telles situations. Même sortir pour acheter de la nourriture au marché devient une activité dangereuse, si bien que les gens ont été contraints de fermer leurs commerces au fur et à mesure que les bombes tombaient.
"Je ne peux pas garder de la nourriture dans mon réfrigérateur plus d’un jour, sinon elle va pourrir dans un réfrigérateur sans électricité, et je ne peux pas sortir tous les jours pour acheter de la nourriture, alors comment sommes-nous censés survivre ?" dit-il, frustré.
Sa femme s’est résolue à faire du pain à la maison, mais elle n’a qu’une cuisinière électrique, qu’elle utilise habituellement pendant la fenêtre d’électricité prévue de 6 à 8 heures. Or, cette fenêtre disparaît rapidement.
Les fournitures médicales s’épuisent dangereusement
En raison de la pénurie d’électricité, les hôpitaux de Gaza ont déclaré un état d’alerte élevé, avertissant que leurs générateurs seraient bientôt à court de carburant.
S’adressant à Mondoweiss, Ashraf Al-Qedrah, porte-parole du ministère palestinien de la santé à Gaza, a déclaré que "les services médicaux sont confrontés à un énorme défi depuis que la centrale électrique a annoncé qu’elle allait fermer."
"Tous les services médicaux nécessitant du courant dans les hôpitaux de Gaza s’arrêteront dans 72 heures si la centrale électrique reste fermée", a déclaré Al-Qedrah.
Il met en garde :"les services des hôpitaux de Gaza seront gravement affectés et paralysés si cette crise ne prend pas fin."
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également averti de l’impact de la fermeture de la frontière sur le secteur de la santé, qui touche déjà 50 patients par jour nécessitant un traitement critique en dehors de Gaza.
Traduction : AFPS / DD