Devant l’expulsion de Salah Hamouri, ce dimanche 18 décembre, beaucoup d’entre nous étaient encore incrédules : jamais ils n’auraient imaginé que cela puisse se produire… Salah Hamouri, l’enfant de Jérusalem, expulsé de sa terre natale au nom d’un prétendu « devoir d’allégeance », strictement interdit par le droit international, pour motiver cet acte. S’il fallait une preuve de l’état d’esprit du gouvernement israélien, les faits sont là : nous sommes devant une extrême droite sans aucun complexe, qui assume sa politique de racisme et d’apartheid, ainsi que son projet de continuer la politique d’élimination du peuple palestinien commencée il y a 75 ans avec la Nakba.
L’heure est grave et les médias ont su large ment rendre compte de cette scandaleuse expulsion. Le Quai d’Orsay, dans son communiqué, a exprimé cette fois une condamnation claire par la France de l’expulsion de Salah Hamouri et rappelé que, du point de vue du droit international, Jérusalem-Est est un territoire occupé. Mais il n’a pas su empêcher son expulsion.
Il aurait fallu, depuis bien longtemps, faire pression beaucoup plus fortement sur l’État d’Israël pour qu’il prenne au sérieux le droit international et les droits humains. Le gouvernement français et le président de la République ont-ils conscience du danger que porte ce déni du droit, non seulement pour les Palestiniens mais aussi pour le monde entier ?
Cette année 2023 va marquer les 75 ans de la Nakba, un processus planifié par lequel les milices sionistes, puis l’État d’Israël nouvellement créé, ont chassé de leurs terres, de leurs villages et de leurs villes 800 000 Palestiniens, 80 % de la population du territoire sur lequel l’État d’Israël s’est établi. Ce processus d’élimination n’a jamais cessé.
Un gouvernement israélien comprenant des ministres de l’extrême extrême droite la plus radicale, raciste, colonialiste et suprémaciste, est en train de se mettre en place en cette fin d’année 2022. La violence de l’armée et des colons contre la population palestinienne, déjà à un niveau inégalé depuis deux ans, risque d’atteindre des sommets jamais vus. Les risques d’expulsion et de déplacements de la population palestinienne sont plus forts que jamais.
Notre solidarité est totale avec les militants de la société civile palestinienne qui luttent chaque jour contre ces menaces. Beaucoup ont choisi de se battre sans arme, avec un très grand courage face aux colons surarmés. Nous leur apportons toute notre solidarité et notre soutien. D’autres ont fait le choix difficile des armes face à la puissance de l’armée israélienne d’occupation. C’est un choix que nous respectons, c’est un choix qui leur appartient, et nous devons rappeler tous les jours qu’ils ont le droit de résister.
Notre combat continue pour exiger la fin de l’occupation, de la colonisation, et du blocus de Gaza, pour le droit au retour des réfugiés et pour dénoncer le régime d’apartheid mis en place par Israël contre tous les Palestiniens. Contre la colonisation, nous devons réussir l’Initiative citoyenne européenne #StopColonies, et obtenir le désengagement de Carrefour de son accord en Israël. Contre l’occupation sans fin, la France a le devoir absolu de soutenir la saisine de la Cour Internationale de Justice. Contre l’apartheid, nous continuerons notre travail d’explication, d’approfondissement, de conviction, avec tous nos partenaires.
Mais face aux menaces que représente le nouveau gouvernement israélien, c’est aussi l’exigence de la protection du peuple palestinien qui doit s’imposer. Nous la porterons à tous les niveaux et dans l’unité la plus large, avec la volonté qu’elle se traduise enfin par des mesures concrètes de la part de la France et de l’Europe.
Bertrand Heilbronn, 20 décembre 2022