Depuis de très longues semaines, les témoignages glaçants nous parviennent du camp d’internement de Sde Teiman. En plus des lanceurs d’alerte, des activistes des droits humains et des survivant.es de ces camps, plusieurs journalistes internationaux ont diffusé images et informations sur ce qui a été qualifié de « Guantanamo israélien » dans le désert du Neguev / Naqab.
Selon le témoignage d’Oneg Ben Dror, cheffe de projet au département des prisonniers et détenus de PHRI (Médecins pour les Droits Humains Israel) :
« À Sde Teman, les prisonniers étaient détenus dans une cage en plein air, menottés en permanence, les yeux couverts. La nuit, on leur envoyait des chiens pour les attaquer et leur marcher dessus. Ils devaient rester assis et n’avaient pas le droit de se parler sous peine de violentes punitions. Il y a eu des cas de fractures et des dizaines de décès. Des personnes ont été amputées à cause des menottes. Honnêtement, j’ai lu ce qu’ils ont fait à Guantanamo et à Abu Ghraib en Irak et ce n’est pas différent. »
Au cours des derniers jours, ces témoignages ont été complétés par le récit de dizaines de soldats israéliens, marqués par l’horreur des actes commis par l’armée israélienne dans le camp de Sde Teiman, et plus généralement dans toute son entreprise génocidaire dans la Bande de Gaza.
Suite aux vives critiques auxquelles fait face l’armée israélienne, les autorités judiciaires ont initié des enquêtes contre neuf soldats israéliens accusés d’avoir commis des actes de torture et des viols sur les Palestinien.nes interné.es dans le camp de Sde Teiman.
Le 29 juillet 2024, les enquêteurs et enquêtrices de la justice militaire se sont rendu.es à Sde Teiman mais une partie des soldats israéliens du camp a protégé les soldats accusés et la situation s’est envenimée. Des affrontements ont éclaté dans le camp entre des partisans des soldats accusés et la justice militaire. Ces tensions ont permis à certains militaires israéliens de fuir le camp.
Ayant eu vent de ces potentielles arrestations, des dizaines de militant.es d’extrême droite et des colons se sont rendu.es à Sde Teiman pour soutenir les soldats accusés de viols et d’actes de torture.
À l’arrivée de la police à Sdé Teman, des affrontements ont éclaté avec les soldats, permettant à certains de s’enfuir. Des militants d’extrême droite ont forcé l’entrée du camp pour défendre les soldats arrêtés, avec la présence de députés de la coalition parlementaire. 11/ pic.twitter.com/LzTVrmVnCi
— Yaani (@YaaniBlog) July 30, 2024
Parmi les personnes rassemblées à l’entrée de Sde Teiman, de nombreux parlementaires israéliens d’extrême droite. Parmi eux, Zvi Sukkot, député du parti National Union–Tkuma, un mouvement nationaliste religieux. Sukkot est aussi un habitant de la colonie Yitzhar, une des colonies les plus violentes de toute la Cisjordanie occupée. Le député a même réussi à s’infiltrer dans le camp d’internement et à menacer un gradé de Sde Teiman, dans le cas où ce dernier laisserait des soldats se faire arrêter.
On October 7th, the army battalions guarded the sukkah of Knesset member Zvi Sukkot in Huwara and were not in the Gaza Envelope to protect the residents. Yesterday - on July 29th, the battalions were removed again to protect military bases from violent messianics who broke into… pic.twitter.com/pX3rx29D7i
— מסתכלים לכיבוש בעיניים (@Mistaclim) July 30, 2024
Ces scènes de violences ont conduit à des scènes surréalistes au parlement israélien. L’après-midi même, des échanges se sont déroulés afin de discuter de la légitimité ou non de violer les prisonniers gazaouis.
"Yes ! If he is a Nukhba everything is legitimate to do him !"
Israeli MP Hanoch Milwidsky from Netanyahu's Likud party says it is legitimate to rape Palestinian detainees in Israeli prisons. pic.twitter.com/AyMq4HwzI7
— Quds News Network (@QudsNen) July 30, 2024
Quelques heures plus tard, ces mêmes activistes d’extrême droite et l’organisation « Jeunes des collines » (mouvement structurant des déflagrations de violence des colons contre les Palestinien.nes en Cisjordanie occupée) se sont retrouvés au tribunal militaire de Beit Lid, afin de protester contre ces arrestations inédites et ont même réussi à forcer l’entrée du tribunal.
Israeli settlers attack Bayt Lid interrogation center, where Israeli soldiers are being investigated for torturing and sexually abusing Palestinian detainees in Sde Teiman detention center.
The mobs are demanding the immediate release of these soldiers, following endorsements… pic.twitter.com/rWPo0OPkCh
— Quds News Network (@QudsNen) July 29, 2024
Après de longs affrontements, les troupes israéliennes, qui avaient reçu des renforts entretemps, ont réussi à repousser les colons et les membres des groupes d’extrême droite.
לאחר הפריצה הם גם התעמתו עם החיילים שכאן שניסו להדוף אותם. גם כעת עשרות עדיין בתוך שטח הבסיס וסמוך לקריה המשפטית בבית ליד pic.twitter.com/n9bli3zUF4
— Bar Peleg (@bar_peleg) July 29, 2024
Le lendemain, de nouveaux militants de l’extrême droite israélienne se sont à nouveau rassemblés devant le tribunal militaire de Beit Lid en attendant le verdict des neuf soldats accusés de viols et d’actes de torture.
Now outside the military court in Beit Lid : right wing protesters gather to support the 9 soldiers arrested yesterday pic.twitter.com/HpuPNSbJ0z
— Oren Ziv (@OrenZiv_) July 30, 2024
Sources : Peace Now / Mistaclim / Standing Together / PHRI / Quds News Network / Bar Peleg / Oren Ziv
Photo : Peace Now
Les groupes d’activistes venus protester contre les enquêtes ciblant 9 soldats israéliens à propos d’actes de torture et de viols.