L’exposition de Tel Aviv fait l’objet d’une descente de l’armée
La police militaire des forces de défense israéliennes a fait une descente mardi à l’exposition de photos, « Breaking the Silence », prises par les soldats du Nahal Brigade lors de leur service militaire à Hébron. L’armée a confisqué un dossier contenant des articles sur l’exposition et une vidéo avec les déclarations de 70 soldats sur leur expérience dans la ville cisjordanienne.
Les quatre soldats de réserve qui avaient initié et organisé cette exposition ont également été convoqués mercredi par la police militaire pour interrogatoire.
L’armée dit que le but du ’raid’ était de découvrir des preuves de violence et de vandalisme qui auraient été faites aux palestiniens et à leurs biens.
Les réservistes qui ont organisé l’exposition disent que l’armée essaye de les intimider et de réduire au silence tous les autres soldats qui envisageaient de témoigner sur ce qu’ils avaient vu dans la ville.
Micha Kurtz, un des organisateurs de l’exposition, a dit mardi : « Nous avions prévu que l’armée enverrait l’officier principal de formation ou peut être même le Principal Conseiller Juridique Militaire pour découvrir les témoignages des soldats parce que notre message essentiel est que tout soldat de 18 ans sera confronté à de telles situations ».
« Mais au lieu de cela, ils ont envoyé la police militaire » dit Kurtz. « Ils essayent de nous faire peur ainsi qu’aux autres soldats qui étaient prêts à prendre part dans le projet » dit-il en accusant l’armée de préférer réprimer les critiques plutôt que d’apprendre à partir des témoignages et des preuves qui font partie de l’exposition.
« La police militaire, par exemple, n’a pas récupéré les 60 jeux de clés de voiture qui avaient été confisqués aux palestiniens par les soldats à Hébron » dit-il en ajoutant « en réalité, l’armée continue à nier le fait que ces clés avaient été prises ».
Le bureau de la porte-parole de l’armée a expliqué mardi que « l’armée éduque ses soldats pour qu’ils se comportent selon des standards moraux lorsqu’ils sont confrontés à des situations complexes qui présentent des dilemmes moraux difficiles. A la suite de rapports citant les participants de l’exposition au sujet de crimes de violence et de dommages envers les propriétés des palestiniens, le Principal Conseiller Juridique Militaire a ordonné à la police militaire d’enquêter sur ces plaintes. La police militaire a remis aux organisateurs de l’exposition un ordre de la Cour exigeant qu’ils remettent tout le matériel qui pourrait aider l’enquête et une assignation à témoigner et donner les preuves aux enquêteurs. »
L’exposition a ouvert ce mois-ci dans le ’Tel Aviv Geographic Film School’.
Elle comprend des photos prises par les soldats qui servaient à Hébron que ce soit en tant qu’appelés ou réservistes.
Beaucoup de photos accrochées, le sont anonymement, le nom du photographe ne paraissant pas.
Les soldats ont remis leurs images au photographe Miki Kratzman, qui est le curateur de l’exposition. Soixante des 90 photos montrent les aspects du conflit avec les palestiniens et les colons, et 30 autres dépeignent la routine journalière des soldats.
L’exposition ira la semaine prochaine, à la Knesset.
Commentaires de Gush Shalom
[L’armée, que l’exposition des soldats a rendue furieuse, a décidé de réagir de la même manière qu’elle le fait tous les jours dans les territoires occupés, ce qui illustre bien ce que nous avions toujours su : à la longue, l’occupation corrompt la société israélienne. Le texte qui suit a été mis dans la soirée sur le site web du Ha’aretz.]