La ferveur populaire qui a accompagné, dans toute la Palestine, l’évasion des six prisonniers politiques palestiniens de la prison de Gilboa, exprime une fierté et un espoir : non, le régime israélien n’est pas invincible, et, oui, même avec des moyens réduits on peut le mettre en échec. Ces prisonniers ont été repris : nous devons nous mobiliser contre les tortures et mauvais traitements qu’ils ont déjà subis et risquent de subir, mais la fierté du peuple palestinien pour leur évasion demeure.
C’est avec la même détermination que les Palestiniens résistent, chaque jour, aux expulsions qui les menacent à Jérusalem et à la colonisation qui vise la ville de Beita, au sud de Naplouse. Par une forme d’action innovante, celle des « confusions nocturnes », c’est toute la population qui se mobilise et notamment les jeunes, pour le démantèlement de la colonie d’Eviatar et la préservation des terres de la ville de Beita. La répression de l’armée israélienne, qui a fait 7 morts et de nombreux blessés, est révoltante. Nous soutenons cette résistance populaire du peuple palestinien, et nous continuerons à la soutenir de toutes nos forces.
Dans le même temps, les conditions de retrait des États-Unis de l’Afghanistan ont confirmé que ses principaux intérêts étaient ailleurs qu’au Moyen-Orient. Joe Biden doit aussi compter sur une majorité démocrate de plus en plus troublée par la politique israélienne, au point de commencer à mettre en cause les financements de l’armée israélienne. Sans vraiment se désinvestir du Moyen-Orient, mais sans prendre la moindre initiative pour imposer une solution conforme au droit, il cherche les moyens de « calmer le jeu » pour avoir les mains libres ailleurs dans le monde.
Quant aux visées colonialistes du pouvoir israélien, elles n’ont pas changé, et le nouveau Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a toujours agi en faveur de la colonisation. Mais ses yeux sont tournés vers les Etats-Unis, et face à l’opinion démocrate, il ne peut plus se permettre le même niveau de provocation que Netanyahou pendant l’ère de Trump.
De leur côté, la France et l’Europe sont bien absentes et ne proposent rien. Mais sur le plan européen, après la première victoire qu’a constitué l’enregistrement par la Commission Européenne de l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) pour l’interdiction des produits des colonies, nous allons nous engager pleinement et dans de larges alliances pour assurer le succès de l’ICE, obtenir enfin cette interdiction en conformité avec le droit international, dénoncer la colonisation en même temps que le régime d’apartheid et d’occupation qui l’accompagnent.
Les campagnes qui nous mobilisent et qui vont nous mobiliser dans les mois qui viennent s’inscrivent dans ce contexte politique.
En exigeant la levée immédiate et sans condition du blocus de Gaza, en soutenant chaque jour la résistance populaire à Jérusalem, à Beita et partout en Palestine, en exigeant l’interdiction des produits des colonies dans l’ensemble de l’Union européenne, et en dénonçant sans relâche le régime d’apartheid israélien, nous affirmons que le respect des droits du peuple palestinien ne peut plus attendre. La fin de l’occupation, de la colonisation, du blocus de Gaza, ainsi que le droit au retour des réfugiés palestiniens n’attendront pas une hypothétique solution politique, ils doivent en constituer le point de départ.
Notre mobilisation est essentielle dans ce combat. Elle doit conduire des secteurs de plus en plus larges de l’opinion française à refuser l’injustice et le déni du droit que le peuple palestinien subit continuellement.
Bertrand Heilbronn, 29 septembre 2021