Shalev a déclaré au Israel Policy Forum que c’était un "bon début" pour Lapid :
"Tout compte fait, objectivement, Lapid a eu un bon premier mois et un bon début de mandat. Tout d’abord, tout a commencé avec la visite du président Biden [en juillet], qu’il a accueilli et qui a été très réussie et lui a donné ce vent positif pour commencer ce travail. Mais plus important encore, le fait qu’il ait mené avec succès cette opération très réussie à Gaza au début du mois a été un incroyable coup de pouce pour l’image de Lapid..... Il vient de faire ses preuves sur le terrain... Jusqu’à présent, presque tout a été sans erreur."
Shalev a déclaré que le succès de Lapid se reflète dans "les sondages d’opinion sur qui est apte à être premier ministre."
Le point de vue de Shalev sur le respect des Israéliens pour la violence fait écho à celui d’Amos Harel du Haaretz, qui a déclaré au Israel Policy Forum une semaine plus tôt que "l’attaque surprise" avait répondu aux critiques de droite sur la faiblesse du passé militaire de Lapid. "On ne peut plus reprocher à Lapid d’être mou du côté arabe", a déclaré Harel.
La motivation purement politique de Lapid pour une attaque qui a causé tant de souffrances n’est pas quelque chose dont la presse américaine parle.
Tal Shalev a fait d’autres observations intéressantes lors d’un podcast d’une heure il y a cinq jours.
Benjamin Netanyahu et son parti, le Likoud, sont plus forts que jamais, même si ce dernier est en procès pour corruption. Il est probable que le bloc de droite de Netanyahou ne parviendra pas à obtenir une majorité de 61 sièges - comme cela a été le cas lors des quatre dernières élections - mais les médias encouragent l’idée que Netanyahou obtiendra le soutien du nouveau parti de centre-droit de Benny Gantz pour passer le cap.
Les médias promeuvent également le récit raciste de Netanyahou : Lapid ne peut former le prochain gouvernement qu’avec l’aide des partis palestiniens. Ils promeuvent ce point de vue parce que les médias israéliens sont de droite et détestent Lapid. Bien que dans le même esprit raciste, Lapid désavoue le soutien des partis palestiniens.
Voici comment Shalev a formulé ses arguments.
"Il existe une véritable haine de Lapid dans les médias israéliens. Les médias, les commentaires politiques penchent à droite à bien des égards, et Lapid est actuellement le candidat le plus à gauche sur la carte... Une grande partie des médias israéliens est favorable à Netanyahouu..... L’influence de Netanyahou sur les médias est extrêmement, extrêmement forte."
La plupart des questions posées à Lapid sont : "Avec qui allez-vous vous asseoir ? Autrement dit, comment pouvez-vous former un gouvernement sans la liste commune des partis palestiniens ?
Et Lapid - le candidat le plus à gauche sur la carte ! - a mordu à l’hameçon, qualifiant la Liste commune d’"extrémistes" avec lesquels il ne formera pas de gouvernement.
Shalev a repris les mêmes propos, qualifiant la Liste commune palestinienne d’extrémistes. Les dirigeants de la Liste, dont Ahmad Tibi et Ayman Odeh, ont "radicalisé leur rhétorique contre toute coopération avec un gouvernement juif ou sioniste" et, par conséquent, sont "devenus des partenaires beaucoup moins importants, même pour les dirigeants [juifs israéliens] de gauche".
Ainsi, le racisme inhérent à la politique israélienne est présenté aux auditeurs du lobby israélien comme relevant du bon sens : c’est ainsi que l’on traite les radicaux. Alors qu’en fait, les Palestiniens n’aiment pas le sionisme pour la même raison que les Noirs n’aimaient pas le Sud de Jim Crow - il les discrimine et les persécute. Mais lorsque les Palestiniens défendent leurs droits, ils sont "radicaux" et "extrémistes".
Selon Shalev, M. Lapid est politiquement vulnérable car le bloc de droite de Netanyahou (composé du Likoud et des partis orthodoxes) n’a fait que se renforcer et pourrait même atteindre une majorité de 61 sièges.
Au cours des quatre dernières élections, le bloc de Netanyahou n’a fait que se renforcer. Son soutien au Likoud ne fait que se renforcer.
Et plusieurs des partis de la coalition gouvernementale de Lapid flirtent avec l’oubli, le seuil électoral de quatre sièges - Labor, Meretz, Yisrael Beiteinu et Ra’am. S’ils tombent sous la barre des 3,25 %, ils n’obtiennent aucun siège.
Les travaillistes et le Meretz subissent des pressions pour s’unir afin que les Israéliens de gauche - une espèce en voie de disparition - soient représentés à la Knesset. Les travaillistes obtiennent actuellement 5 ou 6 sièges, mais Lapid et le ministre de la défense Gantz débauchent les électeurs travaillistes.
La course devient une bataille à deux entre Lapid et Netanyahou. "Les électeurs veulent Oui ou Non Bibi... Si quelqu’un ne veut pas de Netanyahou, il ira vers Lapid. Et si quelqu’un veut Netanyahou, il vote Netanyahou".
Mais Gantz - avec ses partenaires Gideon Saar et Gadi Eisenkot dans un nouveau parti - essaie de se présenter comme l’alternative, qui pourrait aller dans un sens ou dans l’autre au final. Les médias diffusent un discours pro-Netanyahou selon lequel Gantz pourrait finir par former un gouvernement de coalition avec Netanyahou pour éviter une sixième élection. Et de cette façon, Gantz deviendrait finalement Premier ministre...
Les élections auront lieu le 1er novembre.
Traduction et mise en page : AFPS / DD