Depuis début novembre et le lancement de l’offensive terrestre, l’étau militaire israélienne se resserre chaque jour un peu plus sur la ville de Gaza et sur ses centres hospitaliers, avec en ligne de mire principale l’hôpital Al-Shifa, plus grand centre de soins de toute l’enclave gazaouie. Depuis le début de l’agression israélienne, Al-Shifa accueille des dizaines de milliers de réfugié.es qui ont dû fuir leurs foyers sous les bombardements. Plus de 40 000 réfugié.es sont actuellement abrité.es dans le complexe hospitalier, des milliers de gazaoui.es y sont actuellement soigné.es et des centaines de corps y sont aussi stockés.
Shifa Hospital today. A camp for the internally displaced, over 50 thousand pic.twitter.com/HAJyHJmCQj
— Ghassan Abu Sitta (@GhassanAbuSitt1) November 9, 2023
Sur tout le mois d’octobre 2023, les frappes aériennes avaient ciblé le quartier d’Al-Shifa sans totalement cibler le centre hospitalier. Depuis une semaine et surtout depuis le 10 novembre, les attaques sont désormais orientées sur l’hôpital.
Le 3 novembre 2023, un massacre a eu lieu à l’entrée de l’hôpital. L’entrée principale du centre hospitalier situé à l’ouest de la ville a été directement ciblé par une série de bombardements. Des dizaines de pertes civiles sont à déplorer et au moins autant de blessé.es. Dans la zone bombardée se trouvaient des centaines de personnes, réfugié.es installé.es dans des habitats de fortune, personnels médicaux, blessé.es attendant d’être pris.es en charge mais aussi les familles de ces dernier.es.
Dans les heures qui ont précédé, l’aviation israélienne a largué des explosifs sur un immense convoi hospitalier transportant des blessé.es graves. Ce convoi partait vers le sud afin que certaines personnes dans un état critique puissent être prises en charge par les autorités sanitaires égyptiennes. Pour tenter de dissuader des velléités israéliennes de bombardement, le convoi était escorté par une équipe de la Croix-Rouge.
Le 6 novembre 2023, une frappe a directement ciblé l’hôpital Al-Shifa. Le toit du bâtiment des urgences. Les personnes sur le toit ont toutes été touchées dans le bombardement. Au moins un enfant a été tué et trois autres ont été gravement blessé.es.
Tout au long des journées et soirées qui ont suivi, les attaques et bombardements se sont rapprochés de l’enceinte hospitalière.
Shifa Hospital, Gaza city | pic.twitter.com/n8pZhd92gg
— Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) November 7, 2023
Les soirées du 9 et du 10 novembre ont de nouveau été le théâtre de bombardements incessants sur la ville de Gaza. L’hôpital d’Al-Shifa et l’hôpital indonésien ont directement été ciblés. Les cours extérieures d’Al-Shifa ont été très durement ciblé.es.
#Breaking : the moment An Israeli bomb was dropped at displaced civilians taking refuge at Al Shifa Hospital Yard, casualties have been reported. #Gaza pic.twitter.com/J8pSqTRcMe
— Quds News Network (@QudsNen) November 9, 2023
Suite à ces bombardements, et au rapprochement toujours plus intense des affrontements terrestres, des dizaines de milliers d’habitant.es du nord de la bande de Gaza, dont une majorité étaient réfugié.es au sein et autour de l’hôpital Al-Shifa ont du reprendre les routes de l’exil vers le sud de l’enclave.
After a night filled with bloody bombings, tens of thousands of Palestinians were forcibly displaced from Gaza City to the south. Many families who were sheltering left Shifa Hospital. pic.twitter.com/9gDBDLPF2p
— Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) November 10, 2023
Au cours de la journée du 11 novembre, l’armée israélienne, par le biais de ses tanks et véhicules militaires blindés à assiégé le quartier et l’hôpital Al-Shifa. Cette attaque s’est déroulée dans le même temps qu’une énième panne de courant qui frappait l’hôpital à cause du manque de carburant. Quatre personnes en soins intensifs sont mortes pendant la coupure, un nourrisson n’a pas survécu à une maladie bénigne pour les mêmes raisons. Trois personnes sous respirateurs n’ont pas survécu à l’arrêt de leurs machines. Ce même jour, l’ensemble de l’hôpital a même perdu sa provision en électricité et s’est retrouvé totalement dans le noir.
L’étage réservé aux opérations chirurgicales, le cinquième de l’édifice, a même été directement ciblé par des frappes aériennes. L’étage des services pédiatriques s’est retrouvé totalement isolé suite aux dégâts infligés par ces frappes, empêchant 40 enfants d’être évacués pendant 3 heures. Quatre personnes ont aussi été tuées à l’intérieur de l’hôpital par des tirs de snipers.
Les tanks sont restés positionnés autour de l’hôpital toute la journée en tirant sur toute personne ou véhicule qui s’approcherait ou qui sortirait de la cour principale d’Al-Shifa. Cette disposition a considérablement compliqué l’évacuation de l’hôpital, qui compte au moins 60 patients en soins intensifs, 500 patients sous dialyse et dont la maternité compte plus de 50 nourrissons. Les autorités sanitaires de Gaza ont demandé à ce que la Croix Rouge fournisse l’aide et la protection nécessaire à l’organisation du déplacement de 37 enfants prématurés car le manque d’électricité réduit de manière considérable leurs chances de survie. Quelques heures plus tard, ce sont les réserves d’eau de l’hôpital qui ont été bombardées.
Le 12 novembre, les bombardements se sont poursuivis et les opérations chirurgicales n’ont pas pu se dérouler du fait de l’absence d’électricité suffisante. Des frappes aériennes ont ciblé le service de cardiologie d’Al-Shifa. Cinq autres départements ont été touchés par les bombardements mais semblent moins sévèrement endommagés par ces frappes.
An Israeli airstrike destroyed the cardiac ward at Gaza’s Al Shifa Medical Complex in the Gaza Strip, according to a Palestinian official.https://t.co/DBwL6Bihsc pic.twitter.com/5urw0mYaQi
— The Palestine Chronicle (@PalestineChron) November 12, 2023
A l’hôpital Al-Shifa, depuis le 11 novembre, 32 personnes sont mortes du fait de l’absence d’électricité et de l’incapacité technique de se voir prodiguer des soins. Un chiffre qui semble incomparable avec le nombre de blessé.es qui n’ont pas pu être pris.es en charge depuis le début du siège de l’hôpital, notamment les blessé.es n’ayant pas pu être secouru.es ou celles et ceux qui sont resté.es dans les ambulances n’ayant pas pu accéder à l’hôpital.
#Gaza : ce matin, nous avons pu parler à un membre du personnel #MSF toujours à l'intérieur de l'hôpital #AlShifa : « Nous n'avons pas d'électricité, pas d'eau à l'hôpital. Il n'y a pas de nourriture. Des gens mourront dans quelques heures si les respirateurs ne fonctionnent pas. »
— MSF France (@MSF_france) November 13, 2023
Le 12 novembre 2023, après plus de 30 jours de siège de la bande de Gaza, l’armée israélienne a « offert » 300 litres de carburant à l’hôpital de Gaza. Ce dernier en consomme 8000 litres quotidiennement. Autre scandale relatif à l’attaque d’Al-Shifa, le pénurie de carburant a rendu inopérantes les morgues de l’hôpital, les corps des personnes tué.es s’y entassent sans que personne ne puisse les enterrer dignement.
Le ciblage des infrastructures médicales et en particulier des hôpitaux de la ville de Gaza, est une constante depuis le début de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza. Au-delà des attaques militaires, l’Etat de siège imposé par l’armée israélienne et la pénurie de carburant qui en découle, a déjà conduit à l’arrêt total ou partiel de plus de la moitié des 35 hôpitaux gazaouis. Les bombardements ont aussi frappé des dizaines de centres sanitaires et parmi les plus grands hôpitaux de la Bande de Gaza, Al-Quds, Al-Nasser et les hôpitaux indonésiens et turcs, entre autres.
Sources : WAFA / Times of Gaza / Quds News Network / Younis Tirawi / Ghassan Abu Sitta / We are not Numbers / Ramy Abdu / Medecins Sans Frontières / Palestine Chronicle
Photo : Palestine Internationale Broadcast