Chaque semaine, les bilans macabres des victimes de l’armée israélienne et des groupes de colons armés s’amplifient Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. A la fin du mois de mars, on en décomptait 106. Ils sont désormais 113, à la fin de la deuxième semaine d’avril 2024.
Les victimes des deux premières semaines d’avril ont été tuées dans les gouvernorats de Tulkarem, Jénine, Ramallah et Tubas. L’une des victimes est morte suite à de mauvais traitements en prison.
Ils s’appelaient Rabie Zakarneh (20 ans), Saed Abu Alawiya, Walid Daqqa (62 ans), Sanaa Emad Abu Muheisen (17 ans), Mohammad Rasoul Omar Daraghmeh, Mohammad Shahmawi et Jehad Abu Alia.
Dès le jeudi 2 avril, le jeune Rabie Zakarneh a été abattu dans la ville de Qabatiya au sud de Jénine. Lors d’un raid dans la ville survenu le samedi 30 mars, l’armée israélienne a tiré à balles réelles sur des groupes de jeunes venus protester contre ce nouvel assaut. Cette attaque avait déjà causé la mort de Mutasim Abu Abed (13 ans). Lui aussi accusé d’avoir jeté des pierres sur des véhicules blindés israéliens. Jakarneh décèdera donc après 5 jours de souffrances à l’hôpital Al-Razi de Jénine.
Trois jours plus tard, le 5 avril 2024, Saed Abu Alawiya a été tué d’une balle dans la tête lors d’un raid massif contre le camp de réfugié.es Nour Shams à Tulkarem. Après avoir assiégé son domicile dans le camp, des snipers l’ont abattu alors qu’il tentait de s’enfuir. Lors de cette énième attaque contre le camp, les troupes israéliennes ont causé de multiples blessures par balles aux habitant.es et les bulldozers militaires se sont déployés afin de détruire les infrastructures de survie du camp.
Le 7 avril 2024, administration carcérale israélienne a dévoilé la mort du prisonnier Walid Abou Daqqa à l’hôpital Shamir où le détenu soignait son cancer en phase terminale. Emprisonné avec un cancer de la moelle épinière, diagnostiqué en 2022, Walid Daqqa est le 14e prisonnier politique palestinien tué depuis le 7 octobre, le 251e depuis l’année 1967.
Originaire de Baqa Al-Gharbiya, ville palestinienne située dans le territoire israélien, Walid Daqqa était enfermé dans les prisons israéliennes depuis plus de 37 ans. Incarcéré en 1986, quelques mois avant le déclenchement de la première Intifada, il avait acquis une partie de sa reconnaissance en lors de ses quatre décennies en prison. Daqqa avait notamment obtenu son diplôme de Sciences Politiques et a publié de nombreux livres en captivité.
Considéré comme un leader par une grande partie des autres détenus, Walid Daqqa aurait dû être libéré en février 2023. Mais les autorités carcérales israéliennes ont décidé de prolonger sa peine de deux ans,sous prétexte que ce dernier aurait contribuer à faire circuler du matériel en prison, notamment des livres et des téléphones dans la prison de Ramleh. En août 2023, la justice israélienne a refusé d’annuler cette prolongation malgré son état de santé et son cancer en phase terminale.
Le lendemain, la jeune Sanaa Emad Abu Muheisen a été assassiné au Checkpoint Tayaseer à l’est de Tubas. L’adolescente a été tuée de plusieurs balles. Les soldats qui l’ont abattue se sont justifiés en prétextant un risque d’attaque au couteau, mais les tirs qui ont tué la jeune femme étaient tirés depuis plus de 10 mètres. Les autorités israéliennes refusent de rendre son corps à la famille de la défunte.
Toujours dans le gouvernorat de Tubas, un raid de grande ampleur a frappé la ville le 12 avril 2024. Le véhicule de Mohammad Rasoul Omar Daraghmeh, le fils d’Omar Daragmeh assassiné dans les prisons israéliennes le 23 octobre 2023, a été criblé de balles. Le jeune Daragmeh n’y a pas survécu. Les secouristes du Croissant Rouge ont eu du mal à identifier la victime étant donné le nombre de balles qui lui avaient transpercé le corps.
Au cours de l’attaque, des dizaines d’habitant.es de Tubas et du camp de réfugié.es de Far’a ont protesté contre cette nouvelle agression. Des dizaines de personnes ont été blessé.es, certain.es grièvement. C’est le cas de Mohammad Shahmawi qui n’y aura pas survécu.
Quelques heures plus tard, lors d’une attaque de terreur d’une ampleur inédite au cours des dernières semaines, des groupes de colons ont attaqué le village d’Al-Mughayyir à Ramallah.
Les colons armés ont incendié une très grande quantité de maisons et de véhicules mais ils ont surtout tiré à la mitrailleuse sur la population. Plus d’une dizaine de personnes ont été touchées par balles, l’une d’entre elles, sévèrement touchée à la tête est actuellement entre la vie et la mort. Quant à Jehad Abou Alia, il est mort instantanément d’une rafale de balles.
Israeli settler militias set several homes and vehicles on fire in the village of Al Mughayir in the occupied West Bank.https://t.co/7C1kfYTvmz pic.twitter.com/Vu3uWYne8H
— Quds News Network (@QudsNen) April 12, 2024
Jehad Abou Alia est la 459e victime des attaques des soldats et des colons israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée. Le 113e palestinien tué au cours des premiers mois de l’année 2024 dans ces territoires. Au cours des derniers jours de mars, Hamza Ararawi (27 ans), Mohammed Al-Sabti (19 ans), Ayman Azouqa (19 ans), Walid Al-Osta et Motasem Nabil Abu Abed (13 ans), avaient été abattus lors de raids de grande ampleur sur le gouvernorat de Jénine.
Sources : WAFA / Quds News Network / Defense For Children Palestine / Younis Tirawi / Eye on Palestine / Addameer
Photo : Montage AFPS