La libération par Israël de centaines de prisonniers et de détenus palestiniens, arrivés récemment dans la bande de Gaza dans un état de santé exceptionnellement mauvais, illustre son recours permanent à la torture pour terroriser et persécuter les prisonniers et les détenus et briser leur volonté jusqu’à la fin de leur détention. Les effets de la torture étaient clairement évidents, les corps émaciés des personnes libérées reflétant la gravité des crimes systématiques et des traitements inhumains qui dépassent toutes les limites légales et morales.
La libération répétée de ces personnes visiblement en mauvaise santé des prisons israéliennes révèle que la torture odieuse et la négligence médicale délibérée qu’elles subissent ont atteint des niveaux effroyables. Euro-Med Monitor note que les atrocités commises dans ces prisons figurent parmi les pires violations enregistrées par les organisations de défense des droits humains dans le monde entier.
En violation flagrante des règles impératives du droit international - qui interdisent la torture sous toutes ses formes et en toutes circonstances, sans exception, et considèrent sa perpétration comme un crime international imprescriptible - des centaines de prisonniers et de détenus libérés sont arrivés dans la bande de Gaza après minuit dans un état de santé exceptionnellement mauvais. Après leur transfert à l’hôpital européen de Gaza, dans la partie sud de la bande, il est apparu clairement que des dizaines d’entre eux avaient besoin de soins médicaux urgents car leur corps présentait des signes de torture et de traitements inhumains, notamment la privation de soins et de traitements médicaux nécessaires.
Outre la faiblesse et l’épuisement, l’équipe de terrain de l’Observatoire Euro-Med a constaté de graves blessures chez les détenus et les prisonniers, y compris des amputations de membres et de graves enflures causées par la torture. Certains semblaient incapables de marcher sans l’aide de leurs amis, et d’autres avaient besoin d’une attention médicale immédiate car leur état de santé se détériorait rapidement.
Bien que la majorité des détenus n’aient pas été accusés de crimes spécifiques, nombre d’entre eux ont affirmé avoir été battus, maltraités et menacés jusqu’à la dernière minute avant leur libération. Depuis qu’ils ont été enlevés dans la bande de Gaza à différents moments après le 7 octobre 2023, ils ont été arrêtés ou détenus, torturés et soumis à des traitements dégradants dans le cadre d’une politique systématique visant à leur causer de graves préjudices physiques et psychologiques. Cette politique s’inscrit dans le cadre du crime de génocide commis par Israël, qui vise à détruire le peuple palestinien de la bande de Gaza, en tout ou en partie, en affaiblissant les fondements de sa survie et en le conduisant à la soumission ou à l’extinction.
En outre, l’équipe d’Euro-Med Monitor a documenté l’utilisation continue par Israël de la torture psychologique et de l’humiliation contre les prisonniers récemment libérés par l’application de lois qui incitent directement à la violence et au génocide. Cette incitation officielle systématique est un outil fondamental des politiques israéliennes contre les Palestiniens, en particulier ceux de la bande de Gaza. Un exemple de ces mesures est l’obligation faite par les autorités pénitentiaires aux détenus nouvellement libérés de porter des gilets portant des slogans officiels de l’administration pénitentiaire israélienne et des phrases menaçantes en hébreu, y compris des citations religieuses qui expriment le principe de la vengeance et de la poursuite jusqu’à l’anéantissement. En outre, ils sont contraints de porter des bracelets en plastique sur lesquels sont imprimés des mots désobligeants afin de les dégrader psychologiquement et de souligner le fait qu’ils sont toujours montrés du doigt bien qu’ils soient « libres ».
La phrase « Je poursuivrai mes ennemis et je les atteindrai ; je ne reviendrai pas avant de les avoir détruits » est imprimée sur les gilets des détenus palestiniens et des prisonniers qui ont été libérés ; elle est tirée d’un passage biblique (Psaume 18:37) qui appelle expressément au meurtre et au génocide. Il s’agit d’une forme d’incitation directe et publique au génocide, interdite par l’article 3 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
En privant les Palestiniens de leur humanité et en les traitant comme une cible légitime à tuer et à prendre pour cible, les actions d’Israël vont au-delà de la guerre psychologique et constituent une extension dangereuse du discours de haine institutionnel et une consolidation de l’intention de commettre un génocide.
Les violations dont sont victimes les prisonniers et les détenus palestiniens de la part d’Israël, que ce soit pendant leur détention ou après leur libération, violent gravement le droit international et représentent un mépris flagrant des règles obligatoires qui interdisent la torture et les traitements cruels ou inhumains, sans exception. Les troisième et quatrième conventions de Genève offrent une protection totale aux prisonniers et aux détenus et interdisent la torture, l’humiliation ou les représailles, ce qui rend ces crimes punissables en vertu du droit international.
Le décès du détenu Raafat Adnan Abdul Aziz Abu Fanouneh (34 ans), qui avait été torturé et maltraité après son arrestation dans la bande de Gaza en octobre 2023, a été annoncé hier (mercredi) au centre médical Shamir d’Israël (anciennement Assaf Harofeh). Au moins 60 prisonniers et détenus - car ce sont les seules victimes dont l’identité est connue - ont péri dans les prisons de l’occupation israélienne depuis le début du génocide, dont au moins 39 personnes originaires de la bande de Gaza. C’est le chiffre le plus élevé jamais atteint.
Israël continue de commettre le crime de disparition forcée à l’encontre de centaines de prisonniers et de détenus palestiniens, en ne révélant pas à leurs proches le lieu où ils se trouvent ou leur état de santé, ce qui suscite de graves inquiétudes quant à la sécurité et à la vie des personnes détenues. Israël continue également de dissimuler à la presse toute information les concernant, malgré les preuves crédibles que des dizaines d’autres prisonniers et détenus ont été tués dans les prisons et les centres de détention israéliens.
En plus d’être des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre à part entière, les crimes commis par l’armée d’occupation israélienne et d’autres forces de sécurité israéliennes contre les prisonniers et détenus palestiniens de la bande de Gaza constituent également des actes de génocide contre le peuple palestinien de la bande de Gaza, car ils sont perpétrés de manière systématique et brutale. Ces actes comprennent le meurtre de Palestiniens et l’infliction de graves dommages physiques et psychologiques, y compris la torture, d’autres formes de mauvais traitements et la violence sexuelle, y compris le viol, et sont perpétrés dans le but d’éradiquer le peuple palestinien dans son ensemble.
Tous les pays et les organisations internationales concernées doivent prendre des mesures rapides et décisives pour mettre fin aux crimes généralisés et systématiques d’assassinat, de torture et d’autres violations graves commis par Israël à l’encontre des prisonniers et des détenus palestiniens. Les détenus qui ont été arrêtés arbitrairement doivent être libérés sans conditions, immédiatement. En outre, les organisations locales et internationales doivent être immédiatement autorisées à rendre visite aux détenus, qui doivent avoir la possibilité de choisir leur propre avocat.
Les pratiques notoires d’Israël en matière de détention arbitraire, telles que la détention administrative et la détention en vertu de la « loi sur les combattants illégaux », doivent cesser. Ces pratiques constituent une violation flagrante du droit international et sont utilisées comme un outil de répression systématique pour affaiblir la volonté des Palestiniens, déchirer le tissu social qui les unit et priver les Palestiniens de leurs droits juridiques fondamentaux.
Pour que justice soit rendue aux victimes palestiniennes et que l’occupation israélienne soit tenue pour responsable de ses violations, les organisations de défense des droits de humains et les médias doivent intensifier leurs efforts pour faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il mette un terme aux crimes qu’il commet. En outre, ces groupes doivent s’efforcer de mettre en lumière les souffrances des prisonniers et des détenus palestiniens et de diffuser les témoignages de ces personnes sur les crimes horribles auxquels elles sont confrontées.
La Cour pénale internationale doit enquêter sur ces crimes, soumettre des rapports spécialisés sur les crimes commis contre les prisonniers et les détenus palestiniens dans les prisons et les centres de détention israéliens, en particulier après le 7 octobre 2023, et délivrer des mandats d’arrêt à l’encontre de tous les auteurs de ces crimes. Toutes les nations concernées doivent veiller à ce que les auteurs de ces crimes soient poursuivis et traduits devant la Cour pour y être jugés.
Israël doit immédiatement mettre fin à son crime de disparition forcée à l’encontre des prisonniers et détenus palestiniens de la bande de Gaza ; révéler tous les camps de détention secrets ; révéler les noms, les lieux et le sort de tous les Palestiniens qu’il détient dans la bande de Gaza ; et assumer l’entière responsabilité de la sécurité et du bien-être de ces personnes. Ces demandes doivent émaner de la communauté internationale.
Traduction : AFPS
Photo : Les Palestiniens libérés arrivent à Beitunia, le 20 janvier 2025 © Wahaj Bani Moufleh