L’Union européenne (UE) a retardé l’octroi de millions d’euros d’aide annuelle à l’Autorité palestinienne (AP), après que le délégué hongrois de l’UE ait accusé les manuels scolaires de l’AP de contenir de "l’antisémitisme", selon Haaretz.
Oliver Varhelyi, diplomate hongrois et commissaire au voisinage et à l’élargissement à Bruxelles, a proposé que l’aide à l’AP exige la suppression des éléments "d’antisémitisme et d’incitation" dans les manuels scolaires enseignés dans les écoles palestiniennes.
Mardi, l’UE a décidé de retarder le versement de l’aide annuelle de 214 millions d’euros (235 millions de dollars) à l’AP jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise par son organe exécutif, la Commission européenne (CE), dans les prochains jours.
Depuis sa création en 1993, l’AP s’est largement appuyée sur l’aide étrangère pour payer les salaires de ses employés et injecter des liquidités dans l’économie. Cependant, ces dernières années, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE ont utilisé ces dons pour pousser l’AP à un compromis politique.
Selon Haaretz, des diplomates palestiniens se sont rendus à Bruxelles cette semaine pour tenter d’empêcher l’adoption par l’UE de la proposition hongroise, présentée pour la première fois en avril 2021.
Mais la proposition n’a été ni adoptée par l’UE ni supprimée, car elle n’a pas recueilli la majorité des voix de 14 pays, laissant à la CE le soin de prendre une décision finale.
Environ 150 millions d’euros (165 millions de dollars) de l’aide annuelle de l’UE sont réservés au budget de l’AP pour les salaires, les projets d’infrastructure et les groupes de la société civile.
Un responsable de l’AP a déclaré à Haaretz que le délégué hongrois "se comportait comme l’extrême-droite en Israël, et soulevait constamment des exigences concernant l’aide".
Dans le même temps, le gouvernement israélien ne s’est pas opposé au financement de l’UE dans son principe.
Les pourparlers se poursuivent
Estephan Salameh, conseiller politique de l’AP au bureau du Premier ministre, a déclaré mercredi à la radio Voix de la Palestine que les discussions avec l’UE pour transférer l’aide annuelle étaient toujours en cours.
"Nous avons reçu des messages clairs de la part des responsables européens selon lesquels l’Europe s’engage à soutenir le peuple palestinien", a déclaré Salameh, ajoutant que l’UE a confirmé que l’aide annuelle reprendrait "bientôt dans le futur".
Salameh a déclaré que l’argent européen contribuerait à atténuer la crise financière de l’AP mais pas à la résoudre, critiquant Israël pour le "piratage" de l’argent des impôts palestiniens, qu’Israël a gelé à plusieurs reprises.
Le soutien étranger à l’AP a permis de payer ses 137 000 employés, de faire fonctionner ses ministères et de garantir l’accès à l’eau, à l’électricité et aux soins médicaux dans les villes et villages palestiniens.
Lundi, le secrétaire d’État adjoint américain chargé des affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, a rencontré des responsables de l’AP, dont Hussain al-Sheikh, la personnalité influente qui supervise la coordination de la sécurité avec Israël en Cisjordanie occupée.
Selon Haaretz, l’administration américaine a fait pression pour un remaniement du personnel au sein de l’AP, appelant à une réforme politique et à la tenue d’élections.
M. Shiekh est considéré dans certains milieux comme l’homme qui succédera à l’actuel président de l’AP, Mahmoud Abbas, âgé de 86 ans.
En avril 2021, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient rétablir les 235 millions de dollars d’aide humanitaire aux Palestiniens interrompus par l’ancien président Donald Trump, y compris le financement de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Trump avait coupé le financement des Palestiniens pour les punir d’avoir rejeté les initiatives de son administration, notamment le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem et son plan de fin de conflit, qui aurait permis à Israël de conserver toutes ses colonies en Cisjordanie occupée.
Traduction : AFPS