Photo : des étudiants de l’UNRWA à Gaza arrivent à l’école au début du nouveau semestre 2023. Source : UNRWA / Mohamed Hinnawi.
Les pays donateurs n’ont fourni que 107 millions de dollars de nouveaux fonds à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, ce qui est nettement insuffisant par rapport aux 300 millions de dollars dont elle a besoin pour continuer à aider des millions de personnes dans les territoires occupés par Israël et dans les camps de réfugiés des pays voisins.
Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence connue sous le nom d’UNRWA, a déclaré qu’il était reconnaissant pour les nouvelles promesses, mais qu’elles étaient inférieures au montant nécessaire pour maintenir plus de 700 écoles et 140 cliniques ouvertes de septembre à décembre.
"Nous continuerons à travailler sans relâche avec nos partenaires, y compris les pays d’accueil - les principaux soutiens des réfugiés - pour collecter les fonds nécessaires" a-t-il déclaré dans un communiqué.
La conférence des donateurs, qui s’est tenue au siège des Nations unies à New York vendredi, a eu lieu alors que le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que l’UNRWA "est au bord de l’effondrement financier", soulignant que l’agence a déjà un déficit de près de 75 millions de dollars.
Au début de l’année, l’UNRWA a demandé 1,6 milliard de dollars pour ses programmes, ses opérations et ses réponses d’urgence en Syrie, au Liban, en Jordanie et dans les territoires occupés par Israël en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza. Ce montant comprend près de 850 millions de dollars pour son budget de base, qui comprend la gestion des écoles et des cliniques.
Selon l’UNRWA, les donateurs ont annoncé vendredi des engagements à hauteur de 812,3 millions de dollars, mais seulement 107,2 millions de dollars de nouvelles contributions. Les pays qui se sont engagés à verser de nouveaux fonds n’ont pas été annoncés.
M. Lazzarini a déclaré lors d’une conférence de presse jeudi que l’UNRWA avait besoin de 150 millions de dollars pour assurer le fonctionnement de tous les services jusqu’à la fin de l’année, et de 50 millions de dollars supplémentaires pour commencer l’année 2024 sans dettes. En outre, l’agence a besoin de 75 millions de dollars pour maintenir le fonctionnement de l’aide alimentaire à Gaza et d’environ 30 millions de dollars pour son programme de distribution d’argent en Syrie et au Liban.
Adnan Abu Hasna, de l’UNRWA à Gaza, a déclaré que l’agence traversait actuellement une grave crise financière.
"Près d’un demi-million d’élèves de nos écoles dépendent de nos services. Nous fournissons de la nourriture à près de 1,2 million de réfugiés palestiniens" a-t-il déclaré à Al Jazeera.
"Dans un endroit comme Gaza, tout ébranlement de nos programmes, de nos activités ou de nos services menacera la stabilité et même le tissu social, car les réfugiés dépendent de notre programme d’aide en espèces pour l’éducation et la santé."
L’UNRWA a été fondé à la suite de la création de l’État d’Israël en 1948 pour fournir à des centaines de milliers de réfugiés palestiniens, déplacés de force, une éducation, des soins de santé, des services sociaux et, dans certains cas, des emplois. Aujourd’hui, leur nombre - avec leurs descendants - s’élève à quelque 5,9 millions de personnes, dont la plupart vivent dans la bande de Gaza et en Cisjordanie illégalement occupée, ainsi que dans les pays voisins du Moyen-Orient.
L’UNRWA est confronté à une crise financière depuis dix ans, mais M. Lazzarini a déclaré que la crise actuelle était "massive", la qualifiant de "principale menace existentielle."
"Elle s’aggrave et notre capacité à nous débrouiller touche lentement mais sûrement à sa fin" a-t-il déclaré. "La situation est encore plus critique maintenant que certains de nos donateurs engagés ont indiqué qu’ils réduiraient considérablement leur contribution à l’agence.
M. Guterres a déclaré dans un discours lu par son chef de cabinet au début de la conférence des donateurs que "lorsque l’avenir de l’UNRWA est en jeu, il en va de même pour la vie de millions de réfugiés palestiniens qui dépendent de services essentiels."
Ces services comprennent l’éducation pour plus d’un demi-million de filles et de garçons, des soins de santé pour environ deux millions de personnes, des possibilités d’emploi pour les jeunes à Gaza et ailleurs, un soutien psychosocial pour des centaines de milliers d’enfants et un filet de sécurité sociale pour près d’un demi-million de Palestiniens parmi les plus pauvres, a-t-il déclaré. Plus de 1,2 million de Palestiniens reçoivent également une aide humanitaire.
"N’oubliez pas que des centaines de milliers d’entre eux [les Palestiniens] ont été expulsés de force de leurs maisons après la guerre qui a suivi la création de l’État d’Israël" a déclaré Nida Ibrahim d’Al Jazeera, en reportage en Cisjordanie occupée.
"L’agence affirme depuis des années qu’elle manque cruellement de fonds."
"Et les gens ici disent que la communauté internationale et les donateurs abandonnent progressivement leurs devoirs lorsqu’il s’agit des réfugiés."
Traduction : AFPS