La plus haute juridiction d’Israël a ordonné au procureur général Avichai Mendelblit de soumettre un avis juridique dans les deux semaines à venir sur l’affaire d’expulsion des résidents palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, ce qui va dans le sens d’une décision dans cette affaire très médiatisée qui a déclenché une vague de protestations et a attiré l’attention internationale.
L’affaire a été déposée par Nahalat Shimon, une société qui a acquis les intérêts des familles juives qui vivaient dans le quartier avant la création d’Israël en 1948.
L’avis juridique de Mendelblit est requis dans le cadre d’une requête de trois familles de Sheikh Jarrah qui ont reçu l’ordre d’être expulsées de leurs maisons et qui demandent à la Cour suprême l’autorisation d’entendre leur appel, après avoir perdu l’appel de leur expulsion devant le tribunal de district de Jérusalem.
Les tensions liées à cette affaire sont devenues un point chaud à Jérusalem entre Juifs et Arabes, à Sheikh Jarrah comme sur le Mont du Temple.
Il y a environ deux semaines, le bureau du procureur de l’État a demandé à la Cour suprême de retarder sa décision sur la demande d’appel jusqu’à ce que Mendelblit décide de sa position sur l’affaire afin qu’il puisse intervenir dans l’affaire. Le bureau du procureur a déclaré que l’affaire "présente également des sensibilités sous d’autres aspects."
Le juge Isaac Amit a accédé à la demande du bureau du procureur général mardi et a donné à Mendelblit jusqu’au 8 juin pour soumettre son avis juridique. Une fois que l’avis du procureur général aura été soumis, le tribunal décidera de la suite à donner à la demande des résidents palestiniens d’être autorisés à faire appel devant la Cour suprême, a déclaré le juge Amit.
Plans d’expulsion de Silwan
Dans le même ordre d’idées, le tribunal de district de Jérusalem tiendra mercredi une audience sur les appels déposés au nom de sept familles palestiniennes de la section Batan al-Hawa du quartier de Silwan à Jérusalem-Est, qui ont également reçu des ordres d’expulsion. Comme dans les cas de Sheikh Jarrah, les familles de Silwan vivent sur des terres qui appartenaient à des Juifs avant 1948. Le terrain appartient à un trust qui, depuis une vingtaine d’années, est contrôlé par Ateret Cohanim, un groupe qui cherche à installer des Juifs dans le quartier.
Un certain nombre de familles palestiniennes ont déjà été expulsées de leurs maisons dans le quartier et des actions d’expulsion contre des dizaines d’autres sont en instance au tribunal. Les affaires en cours concernent 700 résidents de Silwan.
L’appel au nom des familles de Silwan fait suite à un ordre d’expulsion émis contre elles par le tribunal de première instance de Jérusalem sur la base d’un certain nombre de motifs juridiques. Ces motifs comprennent le statut juridique du terrain basé sur le droit ottoman, en plus des limites historiques de la parcelle de terrain et de la prescription.
Comme dans le cas des résidents de Sheikh Jarrah, les résidents de Silwan ont demandé au procureur général Mendelblit d’intervenir dans l’affaire, cette fois pour donner son avis juridique sur la décision de l’administrateur général du ministère de la Justice de transférer le terrain à ceux qui cherchent à installer des Juifs dans le quartier.
Les habitants de Silwan et de Sheikh Jarrah prévoient de manifester devant le tribunal de district de Jérusalem mercredi. La police prévoit de fermer les rues adjacentes avant la manifestation. Il a été demandé au personnel du ministère de la Justice, qui se trouve près du tribunal, de ne pas se rendre au bureau mercredi, sauf en cas de nécessité particulière.
Traduction : AFPS
Photo : Activestills