Des pourparlers de paix sont engagés avec la Syrie avec la médiation de la Turquie. Pour en confirmer la progression (réelle ou virtuelle ?) une rencontre directe, historique, est même prévue à Paris entre Olmert et Assad. En discussion, le retrait du Golan. Israël demanderait notamment en échange une distanciation de la Syrie d’avec le Hezbollah libanais et l’Iran, ce que contestent les autorités syriennes. Peut-on imaginer un instant qu’Israël abandonne le Golan (hypothèse, c’est encore très loin d’être fait …) en échange de … rien ?
La dernière tentative des autorités libanaises pour affaiblir le Hezbollah ayant été un échec, son affaiblissement éventuel passe par la « neutralisation » de la Syrie. Dans une interview accordée au Chicago Tribune, le vice-ministre des Affaires étrangères syrien, Faissal al-Miqdad, a déclaré : « la Syrie a rappelé au Hamas et au Hezbollah que nous n’étions pas sur la même position que l’Iran. L’Iran croit en la destruction d’Israël tandis que la Syrie croit aux négociations avec Israël ».
Une trêve est conclue avec le Hamas à Gaza alors qu’il y a peu de temps il n’était pas question d’engager la moindre discussion à ce sujet. De plus, si « tout va bien », les discussions sur l’échange de prisonniers pourraient avancer rapidement et le point de passage à Rafah s’ouvrir davantage, etc.
On peut penser que les autorités israéliennes ont été obligées d’accepter cette trêve, ce qui est un succès du Hamas. Certes, mais pourquoi Israël l’accepte-t-il maintenant ?
Avec le Hezbollah, les pourparlers pour des échanges de prisonniers progressent aussi. Et, selon Haaretz, les USA ont demandé à Israël de faire preuve de bonne volonté en se retirant des fermes de Sheba, dernier territoire libanais encore occupé par Israël.
On pourrait se féliciter de tous ces progrès. Ne serait-ce pas la preuve qu’Israël cherche enfin à s’intégrer dans la région, à pacifier ses relations avec tous ses voisins ? Si c’était vrai il y aurait alors un grand oublié, la Palestine. Or c’est la question centrale sans laquelle aucune paix durable n’est possible dans la région. Déjà on prévient que la trêve à Gaza risque de ne pas durer. Il n’y a pas de trêve en Cisjordanie où les colonies continuent de se développer.
Ce qui n’a nullement empêché les ministres des Affaires étrangères européens de voter à l’unanimité, le 16 juin 2008, la quasi-intégration d’Israël dans l’Union européenne.
Selon certains observateurs, cet activisme serait dû à la volonté de Olmert de faire oublier ses implications dans des affaires de corruption. Pour d’autres, Olmert cherche ainsi à mettre au second plan le « processus de paix » avec les Palestiniens puisque, comme tout le monde s’y attend, il n’aboutira à rien de significatif et en tous cas pas à la création d’un Etat palestinien conforme au droit international.
Il y a une autre explication qui, bizarrement, n’est pas mise en relation avec tous ces efforts diplomatiques : Israël souhaite « pacifier » ses frontières nord et sud pour créer une situation plus propice au lancement d’une agression aérienne contre l’Iran et ses installations d’enrichissement d’uranium.
Alors qu’Israël est la seule puissance nucléaire dans la région, l’establishment israélien ne peut accepter de voir un autre Etat lui disputer la suprématie régionale. L’alliance stratégique de l’Etat israélien avec les USA a pour condition la capacité israélienne à demeurer clairement la principale puissance militaire de cette région de plus en plus stratégique pour ses ressources énergétiques.
A ces préparatifs politiques s’ajoutent des manœuvres importantes de l’aviation israélienne en Méditerranée. Le signal est donné. Alors que Georges Bush, fervent interventionniste, n’est encore là que pour quelques mois, on ne sait pas quelle sera la position de son successeur. Dans ces conditions les autorités israéliennes peuvent être très tentées de mener leur aventure dans les tout prochains mois.
S’attaquer militairement à l’Iran jettera le monde entier dans une crise politico-économique considérable avec une riposte iranienne et une flambée des cours du pétrole et du gaz qui impliqueront tous les pays. Les conséquences en seront gravissimes.
Le pire n’est pas toujours sûr. Mais il n’est malheureusement pas exclu.