Un mois après l’assassinat de Cheikh Yassine et au lendemain du retour d’Ariel Sharon de Washington, Tel-Aviv vient donc d’assassiner par hélicoptère le nouveau dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, Mohammed al Rantissi.
Ce nouvel assassinat ciblé s’inscrit dans une longue liste d’exécutions sommaires en Palestine, en totale violation du Droit international et dans une stratégie de chaos.
Il a été condamné par l’ONU, par le monde arabe, par l’Union européenne, pour son caractère illégal comme pour ses conséquences pour toute la région.
Washington en revanche confirme le feu vert donné par George W.Bush, lui-même empêtré dans son occupation militaire, politique et économique en Irak, à la politique d’Ariel Sharon.
Il est clair qu’avant tout retrait partiel de Gaza, le gouvernement israélien entend y laisser une situation ingérable, à la fois en éradiquant toute forme de vie économique et sociétale, en détruisant le plus possible, et en tentant par tous les moyens de confessionnaliser le conflit.
Il faut mettre un terme à l’impunité d’Israël. L’Union européenne doit sanctionner. Elle doit respecter les résolutions du Parlement européen qui demande la suspension de l’accord d’association entre Israël et l’Europe, notamment si Israël poursuit sa politique d’assassinats ciblés.
Mais de plus, Washington a donné son feu vert au nouveau plan d’Ariel Sharon pour la Palestine, plan d’annexion baptisé « séparation unilatérale ». Il s’agit d’un retrait partiel de la bande de Gaza, avec maintien des militaires, et du contrôle des frontières et de l’accès à la mer, en échange d’une intensification de la colonisation de la Cisjordanie.
Pour la première fois, le président américain avalise la colonisation pourtant illégale et cautionne un plan qui prévoit de déplacer le « ligne verte » en vue d’annexion, de maintenir les principaux blocs de colonies, y compris Jérusalem, ce qui vaut mandat pour une confiscation-annexion d’environ 60% de la Cisjordanie, ne laissant aux Palestiniens que des ghettos, et qui cautionne aussi le rejet israélien du Droit au retour des réfugiés palestiniens. La « séparation », c’est celle des populations, l’expulsion des Palestiniens au profit de l’annexion de territoires.
Non seulement ce projet est une violation de la feuille de route du quartette et du Droit international, mais c’est aussi, au mépris des droits nationaux du peuple palestinien comme des partenaires du quartette et de la communauté internationale, un nouveau plan Balfour, un Balfour II.
– L’Union européenne doit prendre ses responsabilités face à l’axe Bush-Sharon qui empêche l’émergence de la Paix et avec elle de la sécurité au Proche et au Moyen-Orient.
A l’occasion de la réunion du quartette envisagée le 28 avril à Berlin, elle doit exiger l’envoi d’une force internationale de protection du peuple palestinien et d’application du Droit international pour faire tomber les murs et pour mettre un terme à l’occupation.
– Nous demandons à l’Etat français de sortir de ses discours de principe pour agir. Il doit et l’Union européenne doit exiger la tenue d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU pour la Paix au Proche-Orient.
Paris, le 18 avril 2004