Les faits
Le surgissement d’une violence terrible et insupportable lors de l’attaque du sud d’Israël par des forces palestiniennes a bouleversé et suscité une légitime émotion. Mais immédiatement, il a fallu admettre que la réponse sanglante et disproportionnée du régime sioniste était malheureusement prévisible et qu’il allait falloir que nous nous préparions à soutenir le peuple palestinien sous occupation israélienne.
Le contexte
La source de la violence est le colonialisme et le racisme du régime sioniste et sa responsabilité est entière.
Ainsi, c’est le chaos installé à Gaza, assiégée depuis 17 ans par la puissance coloniale, ainsi qu’en Cisjordanie et à Jérusalem, qui rejaillit et entre violemment sur le territoire israélien. Les guerres coloniales sont des guerres sales. Et la résistance armée ou non à l’occupant israélien est légitime.
Alors soyons clairs : ce n’est pas une guerre d’Israël contre le Hamas, c’est une guerre de destruction contre l’ensemble du peuple palestinien, avec pour but ultime « d’achever la guerre de 48 » pour reprendre une expression d’Ariel Sharon. Détruire définitivement Gaza. Transformer ce territoire en monceau de ruines vidé de ses survivant·es, annexer l’essentiel de la Cisjordanie. Israël ne se défend pas.
Israël agresse en permanence une population qui vit dans une prison à ciel fermé depuis 17 ans.
L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre les musulmans
En Israël, il y a un État qui se dit juif, qui prétend parler au nom des Juifs du monde entier et qui considère toute critique de sa politique comme antisémite ; c’est le cas de l’antisionisme ou même de la campagne BDS.
En France le pouvoir soutient inconditionnellement les positions du régime sioniste, ce qui lui permet de justifier ses politiques islamophobes et séparatistes, dans la ligne directe de son passé colonial. C’est ainsi :
> Qu’il s’empare de la guerre Israël contre le peuple palestinien pour en faire un conflit de civilisation.
> Qu’il instrumentalise le vécu des Juifs et notamment leur rapport à la destruction des Juifs d’Europe à des fins islamophobes, la majorité de la communauté juive française étant malheureusement encore d’accord pour se prêter au rôle qu’on lui réserve.
> Qu’il favorise et entretient l’antisémitisme en censurant les manifestations de soutien au peuple palestinien ou en organisant une « marche contre l’antisémitisme », sans dénoncer les autres formes de racisme, en défilant avec des islamophobes et des racistes avérés.
> Qu’il tolère les actes et les déclarations contre tout ce qui est arabe, noir, rom, musulman , mais qui dit « contre les Juifs, c’est interdit » ! Comme si ça protégeait les Juifs !
> Qu’il maintient Georges I. Abdallah en prison.
Tout le travail de l’UJFP consiste à desserrer cet étau, et ce piège. Être antisioniste c’est faire de la politique, critiquer ou contester une idéologie. Être antisémite c’est être raciste, c’est haïr les Juifs pour ce qu’ils sont. On peut certes cumuler, mais l’antisionisme est légitime et l’antisémitisme non.
Alors, comment lutter clairement contre l’antisémitisme, aujourd’hui ?
Tout acte antisémite avéré doit être condamné, mais il ne peut l’être efficacement que si l’on refuse qu’on se serve des Juifs pour désigner un ennemi intérieur : le jeune racisé de banlieue, le Musulman, le Rom, l’étranger, le sans-papiers…
Il ne faut pas se tromper de combat, et nous n’acceptons pas les manœuvres visant à déclarer antisémites tous les Musulmans de France ou la gauche critique de l’État d’Israël et en effaçant l’antisémitisme de l’extrême droite au point d’accepter le RN dans une manifestation contre l’antisémitisme !
Lutter contre l’antisémitisme, c’est lutter contre le racisme sous toutes ses formes. Et c’est ensuite travailler avec tous les racisés à la construction d’un front antiraciste respirable et pour la justice et l’égalité de tous. Et dans ce combat, nous ne sommes pas aux côtés des racistes de tout poil qui légitiment les violences racistes policières et qui défendent le droit d’Israël à écraser Gaza sous les bombes.
Victimisation d’Israël et instrumentalisation de la destruction des Juifs d’Europe
La peur est un moteur pour l’apartheid israélien et pour l’adhésion de beaucoup de Juifs à la politique meurtrière d’Israël. La société israélienne est conditionnée par cette peur ! Et elle a « véritablement » cru qu’elle était confrontée à sa destruction, à un pogrom et soutient dans sa grande majorité son gouvernement vengeur. Mais l’État sioniste n’est pas une victime. Il utilise la destruction des Juifs d’Europe pour justifier qu’il puisse se dérober à toute critique et sanctifier le moindre de ses actes, fut-il destructeur de l’Autre.
Ce sont les Israéliens qui sont en train de se déshumaniser, en acquiesçant aux propos du ministre de la Défense Yoav Galant qui ose affirmer que les Palestiniens seraient des « animaux humains ».
Défendre la Palestine, c’est lutter pour nous-mêmes
Le « monde libre » a pu nous abuser un moment en dénonçant avec nous les crimes de guerre commis en Syrie, en Iran, contre les peuples ukrainien ou ouighour. L’appui inconditionnel donné aux massacreurs israéliens le rend complice :
> De l’extermination de la population gazaouie ou de son déplacement forcé dans le Sinaï pour rendre Gaza vide de Palestiniens.
> Des exactions, déplacements forcés et pogroms commis par les colons de Cisjordanie
> Du piétinement d’un « droit international » dont il prétend se réclamer.
Pas en notre nom
Des Juifs du monde entier, y compris en Israël dénoncent les crimes de l’État sioniste et martèlent que « plus jamais ça » ne signifie « plus jamais ça » pour personne et qu’une vie vaut une vie. L’UJFP le répète inlassablement depuis des années.
C’est ce qu’ont scandé les manifestants juifs aussi bien aux USA qu’en France contre la guerre de Gaza. Marek Edelman, militant bundiste et commandant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie disait : « être juif, c’est être toujours au côté des opprimés ». Cela s’adresse à tout le monde. Nous combattrons le sionisme jusqu’à ce qu’un nouveau régime, qui garantisse l’égalité des droits pour tous ses habitants, émerge dans cette région.
Coordination nationale de l’UJFP