La désignation par Israël de six organisations de la société civile palestinienne comme "organisations terroristes" est une attaque contre les défenseurs des droits de l’Homme, la liberté d’association et le droit à la participation publique, et doit être immédiatement révoquée, a déclaré mardi la responsable des droits de l’homme de l’ONU.
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré que ces organisations font partie des "groupes humanitaires et de défense des droits de l’Homme les plus réputés dans le territoire palestinien occupé" qui travaillent en étroite collaboration avec les Nations unies depuis des décennies, rapporte l’agence de presse Anadolu.
"Revendiquer des droits devant une ONU ou un autre organe international n’est pas un acte de terrorisme, défendre les droits des femmes dans le territoire palestinien occupé n’est pas du terrorisme et fournir une aide juridique aux Palestiniens détenus n’est pas du terrorisme", a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué.
Elle a affirmé que les décisions de désignation en vertu de la loi israélienne de 2016 sur la lutte contre le terrorisme sont vagues ou non fondées.
Elles englobaient des activités pacifiques et légitimes en faveur des droits de l’homme, telles que la fourniture d’une aide juridique aux Palestiniens en détention, l’organisation d’activités pour les femmes en Cisjordanie et la "promotion de mesures contre Israël sur la scène internationale."
Limiter le travail des droits de l’homme
La responsable des droits de l’Homme a réaffirmé que la législation antiterroriste ne doit pas être appliquée aux activités humanitaires et de défense des droits de l’homme légitimes.
L’interdiction d’organisations ne doit pas être utilisée pour supprimer ou nier le droit à la liberté d’association, étouffer la dissidence politique, faire taire les opinions impopulaires ou limiter les activités pacifiques de la société civile.
Les autorités nationales responsables de l’interdiction d’organisations doivent se conformer pleinement aux obligations internationales en matière de droits de l’homme, a déclaré le bureau des droits.
Elles doivent notamment respecter les principes de sécurité juridique, de proportionnalité, d’égalité et de non-discrimination.
"Restreindre l’espace des activités légitimes en vertu du droit international est non seulement erroné mais aussi contre-productif, car cela risque de limiter l’espace du dialogue pacifique", a déclaré Mme Bachelet.
Elle a fait remarquer que ces organisations comptent parmi les partenaires essentiels du Bureau des droits de l’Homme des Nations unies et qu’elles risquent d’être confrontées à de lourdes conséquences en raison de "cette décision arbitraire", tout comme ceux qui les financent et travaillent avec elles.
Mme Bachelet a déclaré : "Et le travail crucial qu’elles effectuent pour des milliers de Palestiniens risque d’être arrêté ou sévèrement restreint".
Les décisions de désignation publiées par le ministre israélien de la défense indiquent que les organisations sont devenues le "bras" du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
Elle indique qu’elles ont obtenu des ressources financières qui, dans la pratique, sont allées aux " activités terroristes du FPLP " ou ont soutenu leurs activités.
Le bureau des droits de l’Homme a déclaré qu’aucune preuve n’avait été présentée à l’appui de ces accusations, qu’aucune information n’avait été fournie sur le type d’"activité terroriste du FPLP" présumée et qu’aucun processus public n’avait été mené pour établir ces allégations.
Les désignations contre les six organisations le 19 octobre sont les dernières d’une longue série d’actions visant à saper et à restreindre les défenseurs des droits humains et les organisations de la société civile qui travaillent pour les droits humains des Palestiniens.
Ces actions comprennent l’utilisation de règlements militaires pour déclarer des groupes illégaux, a déclaré le bureau des droits de l’Homme.
Les organisations concernées sont Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al Haq, Defence for Children International -Palestine, Union of Agricultural Work Committees, Bisan Centre for Research and Development et Union of Palestinian Women’s Committees.
Traduction : AFPS