Après des semaines de pressions grandissantes de la communauté internationale, Israël a annoncé qu’il donnerait 5000 doses de son stock de vaccins contre le Covid-19 à l’Autorité palestinienne (AP), une quantité si minuscule que l’AP affirme qu’elle « ne servira à rien ».
Israël a annoncé sa décision dimanche, quand un porte-parole du ministre de la Défense Benny Gantz a dit à l’AFP « Je confirme que nous allons envoyer 5000 vaccins aux autorités médicales de l’Autorité palestinienne. »
Selon l’AFP, ces doses doivent servir à vacciner le personnel médical palestinien et celles et ceux qui sont en première ligne du combat contre le virus. Le flou demeurait sur le moment de l’envoi et quand l’AP vaccinerait les travailleurs de la santé.
Mais comme il faut deux doses par personne, cet envoi permettra seulement la vaccination de 2500 membres du personnel médical, laissant des milliers d’autres sans protection en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Un responsable palestinien a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que cet envoi était « un geste symbolique » et que « cela ne servirait à rien. »
Israël arrive en tête des pays du monde dans la distribution du vaccin contre le COVID-19, l’ayant à ce jour inoculé à 3.2 millions de personnes (34.3 % de la population du pays). Mais, comme le soulignent des organisations de défense du droit, Israël n’a pas assumé ses responsabilités au regard du droit international en ne vaccinant pas la population palestinienne qu’il occupe à Gaza et en Cisjordanie.
Si les 5000 vaccins sont bien envoyés et si l’AP commence à vacciner son personnel médical, ces heureux bénéficiaires seront de l’avis général les premiers Palestiniens à accéder au vaccin à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Le mois dernier l’AP a nié avoir reçu d’Israël des dizaines de vaccins, après qu’un présentateur de [la chaîne] Kan news a rapporté que les vaccins lui avaient été livrés suite à une demande pour « des cas humanitaires particuliers ».
Pour l’AP il s’agissait de « rumeurs sans fondement », mais cela a amené à se demander si le gouvernement avait reçu un certain nombre de doses et les avait distribuées secrètement à ses responsables,
Les semaines passées, l’Autorité palestinienne a fait des mises au point sur ses efforts pour obtenir un vaccin -ce qu’elle avait promis aux Palestiniens pour décembre dernier.
Le silence radio confirme les craintes que l’AP est bien loin de son objectif qui est de faire en sorte d’avoir des vaccins pour ses citoyens. De plus le gouvernement n’a toujours pas fait savoir précisément comment il entendait distribuer le vaccin à la population.
Dans des déclarations vagues et contradictoires, ce lundi, des responsables de WAFA, l’agence de presse de l’AP, ont cité le Premier ministre Mohammed Shtayyeh qui assurait que son gouvernement “espère recevoir 50 000 doses de vaccin de sources diverses, mais surtout du COVAX, et en conséquence commencer à vacciner la population palestinienne de Gaza et de Cisjordanie au milieu du mois. Le premier lot de vaccins que le gouvernement a commandé et payé doit arriver à la fin de ce mois-ci », a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, les cas de COVID-19 continuent à augmenter dans le territoire palestinien occupé (TPO) et on rapporte des dizaines de cas du nouveau variant très contagieux dans plusieurs villes de Cisjordanie.
Ces dernières 24 heures, le ministère palestinien de la Santé (MOH) a enregistré 513 nouveaux cas du virus dans le TPO et 9 décès liés au COVID. Il y a actuellement 54 patients COVID en soins intensifs, 16 d’entre eux sous assistance respiratoire.
Lundi, l’AP a annoncé qu’elle prolongeait les mesures de confinement pour 2 semaines supplémentaires en Cisjordanie afin de limiter la propagation du virus. Récemment la police a commencé à sévir pour imposer le port du masque partout dans le pays et a décrété un couvre-feu de 19h à 6h du dimanche au jeudi ainsi qu’un confinement total le vendredi et le samedi.
Mais de nombreux Palestiniens restent sceptiques sur la durée des mesures au-delà de quelques jours - après tout, les derniers efforts se sont révélés futiles car la plupart des restaurants, magasins, bureaux et entreprises sont restés ouverts comme d’habitude et les rassemblements familiaux ne se sont pas arrêtés.
Traduit de l’original par AFPS