Photo : Des membres de Physicians for Human Rights lors d’une manifestation (Physicians for Human Rights)
La plainte déposée par les Physicians for Human Rights [Médecins pour les droits de l’Homme] auprès de l’Association médicale internationale et contre l’Association médicale israélienne, porte en elle des décennies de violations des droits des patients palestiniens en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza assiégée.
L’Association médicale israélienne est accusée de garder le silence sur les politiques des autorités d’occupation, qui empêchent les Palestiniens d’obtenir des soins de santé adéquats, ainsi que de contribuer à saper le système de santé dans les territoires palestiniens occupés.
Dans sa plainte, qui est la première contre l’Association médicale israélienne devant une instance internationale, Physicians for Human Rights - une association non gouvernementale israélienne - s’est appuyée sur 4 axes, basés sur des dizaines de cas.
Ces axes sont les suivants : premièrement, nuire au personnel médical palestinien lors d’affrontements ; deuxièmement, nuire à la possibilité pour les patients palestiniens de recevoir des soins de santé ; troisièmement, apporter un blanc-seing juridique à la création de la faculté de médecine de l’université d’Ariel, située dans une colonie ; quatrièmement, le rôle des médecins dans les opérations de torture pratiquées par l’Agence générale de sécurité (le Shin Bet).
La plainte, annoncée il y a quelques jours, faisait référence au rôle des médecins dans les cliniques pénitentiaires et dans certains hôpitaux dans la torture des prisonniers - ce qui apparaît comme évident lors des grèves de la faim et des tentatives de gavage forcé - ainsi qu’à la négligence médicale systématique des prisonniers et à leur privation de traitement, cautionnée par l’Association médicale israélienne.
Apartheid et blocus
Sans doute que le déni et la violation des droits des patients palestinien pour obtenir des services et des soins médicaux ont été importants dans la bande de Gaza assiégée depuis 2007, car l’Association médicale israélienne s’est abstenue de prendre position pour y lever le blocus sanitaire.
D’après la plainte déposée, elle ne s’est pas non plus prononcée sur le fait de ne pas accorder de permis d’entrée en Israël aux familles de patients de Gaza et de cibler le personnel médical, les hôpitaux et les cliniques à Gaza pendant les opérations militaires.
Selon la plainte des Physicians for Human Rights - dont Al-Jazeera Net s’est procuré une copie -, Israël a délibérément violé le droit à la santé des Palestiniens pendant des décennies, alors que ses gouvernements successifs établissaient le système de santé « d’apartheid » dans les territoires palestiniens occupés en 1967.
La plainte montre que l’Association médicale en Israël s’est identifiée aux systèmes d’occupation israéliens qui violent les droits à la santé et aux traitements au lieu de protéger le droit des Palestiniens à la santé et à l’accès aux services, aux soins et aux fournitures médicales, ce qui entre en contradiction avec l’éthique médicale.
Ignorer et entraver
Le directeur général de Physicians for Human Rights, Guy Shalev, a déclaré : "Nous sommes allés nous plaindre auprès de l’Association médicale internationale afin d’enquêter sur sa position concernant l’Association médicale en Israël, qui est considérée comme un partenaire dans des violations extrêmement graves et abus contre les Palestiniens, car il reste silencieux sur les crimes de l’occupation et les violations dans le domaine de la santé et est complice de l’apartheid sanitaire qui dure depuis des décennies."
En plus de cela, d’après la plainte déposée par Shalev, l’association israélienne a systématiquement ignoré des dizaines de plaintes déposées par The Physicians for Human Rights concernant des cas de violations du droit à la santé des Palestiniens en Cisjordanie et Gaza, bien qu’elle prétende devant les instances internationales et l’union internationale qu’elle adhère aux normes des droits de l’homme, de la dignité et de l’éthique médicale.
Privation et dépendance
Pour sa part, Hadas Ziv, responsable adjointe du département d’éthique médicale de l’association Physicians for Human Rights, a déclaré que le silence de l’Association médicale israélienne concernant les pratiques de l’occupation et la privation de soins du peuple palestinien et la dépendance du système de santé palestinien vis-à-vis des politiques d’occupation ,était à l’origine du dépôt de la plainte auprès de l’Association médicale internationale.
Alors que l’Association médicale israélienne tente de prendre ses distances avec les pratiques de l’occupation, les rapports de terrain, les témoignages et les plaintes des Palestiniens, recueillis par l’association, prouvent, selon Hadas Ziv, que "l’Association médicale israélienne est complice des manquements moraux et violations de soins contre les Palestiniens."
Ziv ajoute que parfois, l’ssociation israélienne apporte son soutien à ces violations en les justifiant, comme lors de la prise d’assaut d’hôpitaux et de l’attaque contre les funérailles de la correspondante d’Al-Jazeera Shirin Abu Aqleh, ou en permettant l’établissement d’une faculté de médecine dans la colonie de Ariel et les pratiques du Shin Bet contre les prisonniers et patients palestiniens.
Ziv a affirmé à Al-Jazeera que l’Association médicale israélienne avait participé et avait été partie prenante dans la consolidation du système de santé de l’apartheid, après s’être abstenue pendant 30 ans de répondre aux plaintes et de prendre position pour freiner les pratiques de l’occupation dans le domaine de la santé. Au contraire, elle le couvre et justifie ses politiques par des "motifs de sécurité".
Le chef adjoint du département d’éthique médicale de Physicians for Human Rights a expliqué qu’Israël violait les accords d’Oslo, qui transféraient la responsabilité des services de santé à l’Autorité palestinienne.
Il s’agit d’un transfert fictif, car les violations israéliennes privent l’Autorité palestinienne de sa souveraineté sur l’appareil et le système de santé, qui sont restés les otages des politiques d’occupation, et, selon Ziv, Israël porte donc l’entière responsabilité de la santé des Palestiniens et de l’affaiblissement du système de santé en Cisjordanie et à Gaza,.
Elle a souligné que les services médicaux et de santé pour les Palestiniens sont l’otage de l’occupation, notant qu’Israël contrôle toujours le système de santé en Cisjordanie et à Gaza, car il est responsable de la délivrance des permis permettant aux patients palestiniens de recevoir des soins dans les hôpitaux Israéliens. Par ailleurs, il supervise, surveille et intervient également pour doter les hôpitaux palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza d’équipements et d’appareils médicaux.
Ziv a également expliqué qu’Israël est celui qui accorde les permis et autorise la sortie du personnel médical palestinien pour des cours de fin d’études à l’étranger, ce qui signifie que le système de santé palestinien fonctionne selon les pratiques de l’occupation, des pratiques qui se reflètent également dans d’autres secteurs.
Ziv a évoqué la contradiction entre l’occupation et le droit à la santé et aux services médicaux, en déclarant : « Israël, qui fournit une assurance maladie aux Israéliens, la refuse aux Palestiniens, de sorte qu’il ne considère pas la santé comme un droit du peuple palestinien mais utilise le secteur de la santé comme outil d’occupation pour contrôler les Palestiniens.
Traduction : Moncef Chahed