Photo : Flacons du vaccin de Pfizer-Biontech contre la COVID-19 (crédit : U.S. Secretary of Defense / Wikimedia)
Les travailleurs de la santé et les professionnels médicaux palestiniens de Gaza se battent toujours pour mettre la main sur les premières doses de vaccin contre la COVID-19, après que les autorités israéliennes aient bloqué l’entrée de 2.000 doses dans le territoire assiégé, selon les responsables palestiniens.
L’Autorité Palestinienne (AP) a déclaré lundi que Israël refusait d’autoriser l’entrée de quelque 2.000 doses du vaccin russe Spoutnik V qui ont été acquises par l’AP et qui étaient destinées à Gaza depuis la Cisjordanie.
Selon les informations, la cargaison a été arrêtée par les forces de sécurité israéliennes sur un point de contrôle à l’extérieur de Ramallah en Cisjordanie.
Au début de ce mois l’AP a commencé la vaccination des travailleurs de la santé en première ligne à l’aide de quelques milliers de doses du vaccin Moderna envoyées par Israël, et de 10.000 doses du vaccin Spoutnik V - dont il était prévu d’envoyer une partie aux autorités sanitaires de Gaza.
« Les autorités de l’occupant ont empêché leur entrée », a déclaré la ministre palestinienne de la santé, Mai al-Kaila. « Ces doses étaient destinées aux équipes médicales travaillant aux soins intensifs réservés aux malades de la COVID-19, et aux personnels travaillant dans les services d’urgence. »
Al-Kaila a qualifié la décision d’ « arbitraire », en ajoutant que Israël portait « l’entière responsabilité » du blocage de l’entrée des doses - une des nombreuses cargaisons du vaccin que l’AP a l’intention d’envoyer à Gaza, dans l’attente de l’approbation israélienne.
Hazem Qassem, le porte-parole du mouvement Hamas qui gouverne la Bande de Gaza, a qualifié la décision de « véritable crime et de violation de toutes les lois internationales et normes humanitaires. »
Les autorités israéliennes de la COGAT [1], l’organisme chargé de la mise en oeuvre des politiques du gouvernement israélien dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), ont déclaré à l’AFP que l’AP n’avait demandé que le transfert de 1000 doses à Gaza, et que la demande était « en attente d’une décision politique. »
Selon l’AFPS « Des sources israéliennes ont dit à l’AFP ces derniers jours que le transfert n’était pas une simple mesure administrative dans le cadre de la compétence de la COGAT mais plutôt une décision politique éventuellement liée à des négociations entre le Hamas et Israël. »
Le Guardian a cité une source sécuritaire israélienne disant que les allégations selon lesquelles Israël rejetait la demande n’ étaient « pas vraies » mais qu’elle était « toujours en considération. »
Al Jazeera a rapporté que les législateurs israéliens de la Knesset était encore en train de discuter du fait d’autoriser ou non l’entrée des vaccins à Gaza, certains dirigeants soutenant que les vaccins finiraient par arriver entre les mains des responsables du Hamas plutôt que dans celles des travailleurs de la santé sessentiels.
Al Jazeera a ajouté que les responsables israéliens ont exclu d’envoyer à Gaza quelque approvisionnement en vaccin que ce soit, mais qu’ils étaient « en train d’évaluer les demandes venant d’autres partis pour autoriser l’AP à livrer ses propres vaccins au territoire. »
Le refus, jusqu’à présent, d’Israël de donner le feu vert à l’entrée de seulement 1000-2000 doses de vaccin à Gaza, qui compte plus de deux millions d’habitants palestiniens, n’est pas de bonne augure pour les livraisons futures du vaccin vital dans le territoire.
La situation a mis en lumière les effets dévastateurs que peut avoir le blocus israélien depuis 13 ans, par les airs, la terre, et la mer, sur Gaza et sur les Palestiniens qui y habitent - chaque cargaison entrant à Gaza ou en sortant est contrôlée et gérée par les autorités israéliennes, qui imposent souvent des restrictions arbitraires sous prétexte de « problèmes de sécurité. »
Les responsables palestiniens de la santé ont fait état de 53600 cas de coronavirus à Gaza, parmi lesquels 537 décès. La pandémie a exacerbé l’état déjà désastreux des infrastructures sanitaires à Gaza, qui lutte pour fonctionner suite à plus d’une décennie de siège paralysant et trois offensives israéliennes.
Pendant ce temps, les responsables palestiniens en Cisjordanie continuent à faire face à de nouveaux défis, le Premier Ministre Mohammed Shtayyeh annonçant qu’il y avait « un retard dans l’arrivée du vaccin » sans préciser la cause de ce retard - le dernier en date d’une longue série.
En conséquence, l’AP repousse une fois de plus le déploiement du vaccin, qui selon les responsables de la santé était supposé commencer ce mois-ci.
L’AP est censée recevoir deux millions de doses de vaccin contre la COVID-19 par plusieurs voies, parmi lesquelles le programme COVAX de l’OMS.
Traduit de l’original par Yves jardin, membre du Groupe de Travail de l’AFPS sur les prisonniers politiques palestiniens