Publié le 8 janvier 2018
Hier, l’AFSC [1] a été intégrée dans une liste de 20 organisations dont les dirigeants peuvent se voir interdire l’entrée en Israël à cause de leur soutien au mouvement Boycott – Désinvestissement – Sanctions (BDS) dirigé par les Palestiniens.
Soutenu par la conviction quaker de l’égale valeur et dignité de tous les peuples, l’AFSC a soutenu et rejoint les résistances non-violentes depuis plus de 100 ans. Nous avons répondu à l’appel au désinvestissement de l’apartheid en Afrique du Sud, et nous avons fait la même chose pour le BDS proposé par les Palestiniens qui ont fait face à des dizaines d’années de violations de leurs droits humains.
A travers notre histoire, nous nous sommes tenus aux côtés des communautés qui faisaient face à l’oppression et à la violence partout dans le monde. En 1947, nous avons été récompensés du Prix Nobel de la Paix pour notre soutien aux réfugiés juifs fuyant l’Holocauste. Nous poursuivrons cet héritage de dire la vérité aux Pouvoirs et de nous battre pour la paix et la justice sans exception en Israël, en Palestine occupée et partout dans le monde.
Tous les peuples, y compris les Palestiniens, ont le droit de vivre en sécurité et en paix et de voir leurs droits humains respectés. Pendant 51 ans, Israël a refusé aux Palestiniens des Territoires Occupés leurs droits humains fondamentaux, en dépit du droit international. Alors que les Juifs israéliens jouissent de droits civils et politiques complets, de la prospérité économique et d’une relative sécurité, les Palestiniens sous contrôle israélien jouissent de peu ou d’aucun de ces droits et privilèges.
L’appel BDS palestinien vise à changer cette situation, en demandant à la communauté internationale d’user de tactiques de changement social démontrées non-violentes jusqu’à réalisation de l’égalité, de la fin de l’occupation et de la reconnaissance du droit au retour des réfugiés. Les Principes pour une paix juste et durable en Palestine et en Israël de l’AFSC affirment chacun de ces droits. Ainsi nous avons rejoint d’autres organisations partout dans le monde en répondant à l’appel au BDS dirigé par les Palestiniens. Puisque les Palestiniens cherchent à voir reconnus leurs droits et à mettre fin à l’oppression israélienne, quelles sont les alternatives qui leur sont ouvertes si nous leur refusons une telle option ?
Les quakers ont été pionniers dans l’usage du boycott quand ils ont aidé à diriger le Free Produce Movement (Mouvement pour des biens produits par des hommes libres), un boycott des biens produits grâce au travail d’esclaves pendant les années 1800. L’AFSC a une longue histoire de soutien du militantisme économique, que nous considérons comme un appel aux consciences, guidé par la connaissance que nous avons de ceux qui se rendent complices de ces pratiques nuisibles, et comme une tactique efficace pour éliminer les soutiens structurels à l’oppression.
L’abolitionniste quaker John Woolman, au XVIIIe siècle, appelait à poser les bases spirituelles de ce travail quand il disait : « Puissions-nous regarder au-delà de nos richesses, de l’ameublement de nos maisons, et des pourpres dont nous faisons étalage, et sachions chercher si les racines de la guerre ne se nourrissent pas de ces attachements. »
L’interdiction d’entrer en Israël faite aux militants qui soutiennent le mouvement BDS palestinien est un aspect de l’effort plus vaste du gouvernement israélien pour réduire au silence et faire pression sur les militants des droits humains et ceux qui luttent contre l’occupation. Dans les derniers mois, de plus en plus de militants palestiniens ont affronté l’arrestation, les menaces de mort, et l’emprisonnement sans charges ni procès en réponse au mouvement non-violent de militantisme pour les droits humains. De plus, les ONG à l’intérieur d’Israël se sont vues dénier le droit de collecter des fonds et d’accéder à des lieux d’évènements, et ont fait face à des menaces de procès et d’emprisonnements.
Au moment où le gouvernement israélien se met en marche pour développer les colonies, redéfinir le statut de Jérusalem, et annexer des parties de la Cisjordanie, soutenir un militantisme non-violent qui vise à la liberté, à l’égalité et à la justice est essentiel.
Par conséquent, tant que persisteront ces politiques et d’autres violations des droits humains, nous continuerons à soutenir les efforts conduits par les Palestiniens en matière de boycott, de désinvestissement et de sanctions, comme des outils non-violents efficaces pour réaliser un changement politique et social. Nous espérons voir un jour les Israéliens et les Palestiniens vivre ensemble en paix. Ceci adviendra seulement lorsque les droits humains de chacun seront reconnus et respectés.
Traduit par Pax Christi France