Photo : "Liberté pour Khader Adnan" - réseaux sociaux.
L’éminent prisonnier palestinien Khader Adnan est décédé ce mardi dans une prison israélienne après près de trois mois de grève de la faim.
Adnan, 45 ans, était un membre important du groupe de résistance palestinien du Jihad islamique. Il avait entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention depuis le 5 février, date à laquelle il avait été arrêté à son domicile d’Arraba, une ville de Cisjordanie occupée située au sud de Jénine.
Ce membre du Jihad islamique est le premier prisonnier palestinien à mourir des suites d’une grève de la faim depuis 1992. Cette nouvelle a suscité des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza et des appels à une grève générale et à des manifestations parmi les Palestiniens.
La santé d’Adnan s’était dégradée au cours des dernières semaines, sa famille l’annonçant comme mourant et accusant Israël de négligence médicale pour avoir refusé de le transférer dans un hôpital civil.
Israël a déclaré qu’Adnan "a refusé de subir des tests médicaux et de recevoir un traitement médical" et "a été retrouvé inconscient dans sa cellule" à la prison de Nitzan, près de Ramleh, tôt dans la matinée.
Le groupe israélien de défense des droits Physicians for Human Rights Israel (PHRI) a déclaré qu’il avait essayé de convaincre les autorités israéliennes, y compris le ministère israélien de la Santé et l’administration pénitentiaire israélienne, d’admettre Adnan à l’hôpital pour qu’il soit surveillé au fur et à mesure que son état de santé se détériorait, mais qu’il avait essuyé un refus.
Quelques jours avant sa mort, la présidente de la PHRI, Lina Qasem-Hasan, a examiné Adnan et a conclu dans un rapport médical qu’il avait un besoin immédiat d’être transféré à l’hôpital pour observation.
"Ces tentatives ont été infructueuses, y compris les appels personnels et les interventions judiciaires auprès de ces parties", a déclaré la PHRI dans un communiqué.
Elle a ajouté que les services de sécurité israéliens avaient également rejeté les demandes de visite de la famille d’Adnan "alors qu’il était clair qu’il pourrait s’agir de leur dernière rencontre".
Selon l’Association des prisonniers palestiniens, une ONG qui soutient les détenus, Adnan a été détenu par Israël à 12 reprises et a passé environ huit ans en prison, la plupart du temps en détention administrative.
Pendant sa détention, Adnan a été le porte-parole des prisonniers palestiniens et a entamé cinq grèves de la faim.
Sa première grève de la faim a eu lieu après son arrestation en 2004, pour protester contre sa détention administrative, une pratique controversée qui permet à Israël de détenir des Palestiniens sans inculpation pendant des périodes de six mois.
En 2012, une grève de la faim qui a duré 67 jours a incité une vague de prisonniers palestiniens placés en détention administrative à se joindre à lui.
Amin Shoman, chef de la Commission suprême des affaires des prisonniers et anciens détenus de l’Autorité palestinienne, a déclaré que la mort d’Adnan était la conséquence d’une politique délibérée des autorités pénitentiaires israéliennes à l’encontre des détenus palestiniens :
"Il s’agit d’un nouveau crime commis par Israël à l’intérieur de ses prisons, qui poursuit délibérément sa politique de négligence médicale à l’égard de milliers de prisonniers, en ne répondant pas à leurs demandes justes et humaines et en tournant le dos à toutes les normes et lois internationales".
M. Shoman a tenu pour responsable de la mort d’Adnan le gouvernement israélien d’extrême droite, qui a mis en œuvre une série de mesures sévères à l’encontre des prisonniers palestiniens.
Il a déclaré, "Nous verrons d’autres prisonniers martyrs dans les jours et les mois à venir si la politique de l’actuel gouvernement israélien à l’encontre de milliers de prisonniers se poursuit".
Après l’annonce de la mort d’Adnan, trois roquettes ont été lancées depuis la bande de Gaza sur le sud d’Israël, tombant dans des zones dégagées, a indiqué l’armée israélienne.
Les Palestiniens ont appelé à une grève générale en Cisjordanie et à Gaza et des manifestations étaient attendues plus tard dans la journée.
L’ancien prisonnier palestinien Mohamed al-Qeeq, qui a fait une grève de la faim de 94 jours en 2016, a déclaré que l’arrestation d’Adnan à son domicile en territoire occupé constituait une violation du droit international.
M. Qeeq a qualifié les accusations portées contre Adnan de "fabriquées". Il a déclaré que le placement répété d’Adnan en détention administrative et la tentative de le condamner étaient des "crimes" visant à le maintenir en prison.
Il a déclaré à Middle East Eye que "Toute cette mise en scène a abouti à son assassinat silencieux, sans la présence d’une commission chargée d’enquêter ou de faire la lumière sur son sort ".
"Il n’avait pas d’armes, il s’est contenté d’entreprendre la résistance la plus pacifique au monde, sa grève de la faim, pour rejeter l’injustice de son geôlier."
Traduction : AFPS