Dans la nuit du 17 au 18 mars, ce que tout le monde craignait arriva : Israël fit voler en éclats trêve et cessez-le-feu. Personne n’était dupe, jamais Israël n’avait eu l’intention de respecter l’accord de trêve, d’ailleurs, Israël n’a jamais respecté le moindre accord. Mais tout le monde voulait y croire, croire qu’après la pause, enfin une solution politique verrait le jour.
À peine le cessez-le-feu entré en vigueur, Israël entamait une nouvelle agression d’une ampleur inégalée en Cisjordanie en bouclant totalement le territoire et en s’en prenant avec une violence inouïe aux camps de réfugié-es du nord. Destruction méthodique des infrastructures, des maisons, arrestations de masse, assassinats. Le même objectif qu’à Gaza, les même méthodes.
Une fois de plus, tenter d’atteindre la résistance armée palestinienne et tenter d’en finir avec la question des réfugié-es qui sont la moitié du peuple palestinien.
Du nord au sud, les colons totalement déchaînés ont continué à terroriser les habitant·es des villages et des communautés bédouines, poussant certaines d’entre elles à quitter leurs terres ancestrales.
Des vagues d’arrestations chaque nuit pour « compenser » les libérations intervenues lors des échanges : par milliers les Palestinien·nes sont entassé·es dans des centres de tortures dénoncés par les Palestinien·es mais aussi dans le terrible rapport de B’Tselem « Bienvenue en enfer ».
C’est bien une guerre totale contre le peuple palestinien dans son ensemble qu’Israël a déclaré après le 7 octobre.
A Gaza, pendant les deux mois de trêve, le génocide a continué, « à bas bruits », avec une remonté progressive de la violence : la faim, la soif et la privation de soins de nouveau employées comme arme de guerre. Jusqu’à cette terrible nuit où Israël a recommencé ses massacres promettant aux Palestinien·nes de Gaza pire que ce qu’ils et elles n’avaient jamais connu. Comment trouver encore la force de tenir alors que rien ne laisse entrevoir le moindre espoir de voir enfin le droit primer sur la force.
La feuille de route de Trump et Netanyahou est sans ambiguïté : transfert forcé et expulsion des Palestinien·nes, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, apartheid et génocide ; complétée par un cynisme absolu avec l’hypothèse énoncée de la transformation de Gaza en Riviera.
L’impunité d’Israël sort renforcée par l’élection de Trump, et l’Union européenne s’enfonce dans sa complicité de génocide refusant même de poser à Israël la question de la suspension de l’accord d’association qui les lie, alors que le non respect du droit doit entraîner cette suspension.
Comment ne pas être frappé·e d’effroi face un tel jeu de massacre. Il y a 80 ans, se construisaient les bases d’une justice internationale avec la création de l’ONU. Les États membres adoptaient trois ans plus tard la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce nouvel ordre mondial avec toutes ces imperfections avait au moins l’avantage de vouloir faire primer le droit sur la force et la loi de la jungle.
Il faut le dire et le redire : Israël a l’obligation en vertu du droit international de protéger les populations des territoires qu’il occupe. Au lieu de cela ce ne sont qu’agressions et pillages, oppression et domination, déshumanisation et effacement. Le droit d’un occupant de se défendre contre un occupé n’existe pas. Par contre, l’occupé a, lui, le droit de se défendre contre la puissance occupante. C’est ce que font les Ukrainiens avec le soutien et les armes des pays occidentaux. Pour les Palestinien·nes, rien de tout cela, ils et elles auraient juste le doit de se faire massacrer et piller en silence et devraient accepter d’être expulsé·es de leur terre sans rien dire ou faire. Ils et elles sont du bon côté de l’histoire et ne joueront pas le rôle des « bonnes victimes ».
Le peuple palestinien vit la pire période de son histoire alors que jamais le droit international n’était allé aussi loin dans la réaffirmation de ses droits. Nous sommes convaincu·es que c’est l’application du droit international qui garantira la protection du peuple palestinien en lui permettant de vivre enfin en paix et en sécurité sur sa terre.
Le 18 septembre dernier, 124 États dont la France ont voté à l’Assemblée générale des Nations unies une résolution qui exige la fin de l’occupation israélienne du territoire palestinien et le démantèlement des colonies avant le 18 septembre prochain. Le 21 novembre 2024, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant.
La France et l’Europe doivent maintenant s’acquitter de leurs obligations. Nos mobilisations vont converger vers cet objectif.