Israël suit dans le détail la saga du « iskat tioun », ou « plea bargain », une négociation de peine de Benjamin Netanyahu dans le but d’échapper à une éventuelle peine de prison. Confirmant des éléments de la presse locale, des sources judiciaires ont affirmé que des pourparlers avaient lieu entre le clan du Premier ministre et la justice quant à une négociation de peine. Ces sources n’ont toutefois pas commenté l’état des discussions.
L’ex-Premier ministre est accusé d’avoir reçu des cadeaux (champagne, bijoux, cigares) de riches personnalités, d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable auprès du plus grand quotidien payant israélien, le Yediot Aharonot, et d’avoir favorisé un magnat des télécoms dans un but similaire.
Inculpé de corruption, d’abus de confiance et de malversation, le plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire du pays clame son innocence et accuse la justice d’avoir ourdi un « coup d’État » contre lui.
Victoire électorale
Malgré ces accusations, Benjamin Netanyahu s’est maintenu des mois au pouvoir et a remporté des élections anticipées, jusqu’à ce que ses rivaux ne rallient une majorité, en juin dernier, pour mettre un terme à son règne.
L’avocat de M. Netanyahu a rencontré le procureur général Avichaï Mandelblit, pour discuter d’une négociation de peine dans laquelle l’ex-Premier ministre, 72 ans, plaiderait coupable à certaines charges pour éviter une éventuelle peine de prison. Or le procureur cherche aussi, selon les médias locaux, à ajouter une clause de « turpitude morale », qui aurait pour effet, selon le droit israélien, d’empêcher M. Netanyahu de siéger au Parlement pour les sept prochaines années.
Selon un sondage de la chaîne publique Kan, une majorité d’Israéliens (52 %) s’opposent à un tel accord. Et des personnes ont manifesté contre l’accord ce week-end devant la résidence du procureur à Petah Tikva (centre).
Retour de droite et guerre de succession
Un accord pourrait rebattre les cartes politiques en Israël pour favoriser le retour au pouvoir d’un gouvernement de droite.
Pour l’heure, la coalition (droite, gauche, centre, arabe) dirigée par le Premier ministre Naftali Bennett et le chef de la diplomatie Yaïr Lapid compte sur le soutien de 61 députés, le seuil même de la majorité au Parlement. Le gouvernement tient donc à un député.
En regroupant l’ensemble des députés de droite, dont ceux du Likoud (droite) et des formations religieuses actuellement dans l’opposition, la droite pourrait former le gouvernement avec environ 65 sièges.
« De ce que je vois, il va accepter un accord de peine car ses avocats lui ont clairement signifié qu’il ne peut rien espérer de mieux », estime Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem.
« S’il quitte réellement la politique, les scénarios sont sans fin », dit-il, évoquant des « luttes » à venir au Likoud pour succéder à M. Netanyahu.