Photo : Hôpital indonésien, Gaza, 12 novembre 2023
Victimes
– Gaza : 12 012 tués*, dont 4 900 enfants, et 32 300 blessés
– Cisjordanie et Jérusalem-Est : 216 Palestiniens tués
– Israël revoit à la baisse son estimation du nombre de morts du 7 octobre, passant de 1 400 à 1200.
*Ces chiffres couvrent les victimes du 7 octobre au 16 novembre. En raison des pannes des réseaux de communication dans la bande de Gaza (en particulier dans le nord de Gaza), le ministère de la santé de Gaza n’a pas été en mesure d’actualiser régulièrement le nombre de victimes.
Principaux développements
Selon un sondage réalisé par NBC News, 70 % des électeurs américains âgés de 18 à 34 ans désapprouvent la manière dont Joe Biden gère la guerre d’Israël contre Gaza.
Un Palestinien de 21 ans a été abattu par les forces israéliennes à Hébron et s’est vu refuser des soins médicaux jusqu’à ce qu’il se vide de son sang, selon Wafa news.
Les forces israéliennes ont assiégé l’hôpital indonésien, le dernier hôpital du nord de la bande de Gaza.
Environ 250 Palestiniens gravement blessés sont toujours bloqués à l’intérieur de l’hôpital al-Shifa, incapables de sortir en raison de leur état, sans accès à la nourriture, à l’eau ou aux fournitures médicales.
Selon les médias d’État, vingt-neuf des trente-neuf bébés prématurés de l’hôpital Al-Shifa ont réussi à rejoindre l’Égypte. Au moins huit bébés sont morts avant d’avoir pu être évacués.
Les prisonniers politiques palestiniens font l’objet de mesures punitives sévères, notamment la coupure de l’électricité dans les cellules de 18 heures à 6 heures, l’annulation de toutes les visites d’avocats et de familles, l’arrêt des examens médicaux, et bien dplus encore, selon la Commission de l’Autorité palestinienne pour les prisonniers.
Le 19 novembre, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a confirmé la mort de 48 journalistes et travailleurs des médias depuis le 7 octobre, dont 43 Palestiniens, 4 Israéliens et 1 Libanais.
L’Égypte estime que la politique israélienne de blocage de l’aide à Gaza vise à pousser les Palestiniens à quitter la bande de Gaza sous le poids des bombardements et du siège de façon systématique.
Les hôpitaux du nord de Gaza deviennent un "cercle de la mort"
Les attaques israéliennes contre le système de santé de Gaza n’ont fait que s’intensifier, alors que le nombre de morts s’alourdit et que des dizaines de milliers de blessés ont besoin de soins médicaux, tandis que les bombardements israéliens se poursuivent sur l’ensemble de l’enclave assiégée.
Après la destruction de l’hôpital Al Shifa par l’armée israélienne, qui l’a mis hors service, les forces israéliennes encerclent maintenant le seul hôpital qui fournit encore des soins médicaux de base dans le nord de la bande de Gaza, en le bombardant à l’artillerie.
Lundi matin, l’hôpital indonésien a été assiégé par l’armée israélienne. Au moins 12 personnes ont été tuées dans ces attaques jusqu’à présent, selon le ministère palestinien de la santé, qui décrit le siège comme un "cercle de la mort".
Al Jazeera rapporte que près de 6 000 personnes ont trouvé refuge dans le complexe, dont 100 travailleurs médicaux et environ 700 patients.
En prévision du siège, Israël a commencé à intensifier ses attaques sur la zone, bombardant les environs de l’hôpital aux premières heures de lundi, où des incendies se sont déclarés à la suite des frappes incessantes.
Après l’incendie, à l’aube, Al Jazeera a rapporté que les forces israéliennes ont encerclé l’hôpital, continuant à bombarder ses environs.
Les forces israéliennes tirent sur tous ceux qui tentent de quitter l’hôpital, où se trouvent plus de 6000 personnes, y compris le personnel, les patients et les personnes hébergées, selon Al Jazeera.
En quelques heures, des dizaines de véhicules militaires blindés ont encerclé l’hôpital indonésien, accompagnés de tireurs d’élite sur les toits des bâtiments voisins, empêchant les ambulances d’atteindre et de transporter les blessés, d’après Wafa News.
Le porte-parole du ministère de la santé, Ashraf al-Qudra, a qualifié la situation de catastrophique lors d’un entretien avec Al Jazeera, établissant un parallèle avec l’attaque de l’hôpital al-Shifa, qui a débuté par un siège militaire de plusieurs jours suivi de violents raids de l’armée à l’intérieur du complexe médical.
Une source au sein de l’hôpital indonésien a déclaré à Al Jazeera que la salle d’opération principale avait été endommagée et qu’elle n’était plus disponible pour les opérations chirurgicales.
Al-Qudra affirme que, malgré tout, le personnel médical insiste pour rester dans l’hôpital afin de soigner les blessés.
Le Dr Sarbini Abdul Murad, directeur de l’organisation caritative indonésienne Medical Emergency Rescue Committee (MER-C), demande à Israël de retirer ses troupes de l’hôpital.
"Il s’agit d’une attaque inhumaine qui doit être condamnée parce que c’est un endroit qui doit être protégé" a-t-il déclaré à Al Jazeera, "Nous demandons à Israël de ne pas transformer les hôpitaux en zones de guerre."
"Nous demandons à Israël de retirer ses troupes des environs de l’hôpital Indonesien afin qu’il puisse être un lieu sûr pour les citoyens à la recherche d’une assistance médicale.
Pendant ce temps, environ 250 Palestiniens gravement blessés sont toujours bloqués à l’intérieur de l’hôpital al-Shifa, incapables de sortir en raison de leur état, malgré les ordres israéliens d’évacuation.
On ne sait pas comment ils pourront être évacués car il n’y a pas assez d’ambulances pour les transporter, rapporte Al Jazeera.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les trente-neuf bébés prématurés de l’hôpital al-Shifa qui ont été sortis de leur couveuse en raison des coupures de courant, trente et un ont survécu aux attaques israéliennes et ont été transportés avec succès à l’unité de soins intensifs néonatals de la maternité Al-Helal Al-Emirati, dans le sud de la bande de Gaza.
Le point sur la situation de l’OMS indique que la mission d’évacuation de dimanche était "à haut risque, en raison des combats actifs qui se déroulent à proximité de l’hôpital."
La déclaration ajoute que les trente et un bébés luttent contre des infections graves en raison de "l’impossibilité" de contrôler les infections à l’hôpital al-Shifa. Onze d’entre eux sont dans un état critique.
Les médias publics égyptiens indiquent que vingt-neuf des trente et un bébés sont arrivés dans le pays avec succès lundi après-midi. Toutefois, on ne sait pas exactement pourquoi les deux autres bébés ne sont pas arrivés.
Mohamed Zaqout, directeur des hôpitaux de Gaza, a expliqué que les bébés n’avaient pas été placés dans des "conditions leur permettant de rester en vie", précisant qu’ils souffraient de déshydratation, de vomissements, d’hypothermie et, pour certains, de septicémie parce qu’ils n’avaient pas eu accès à des médicaments.
"Tristement, aucun des nourrissons n’était accompagné de membres de sa famille, car le ministère de la santé ne dispose que d’informations limitées et n’est pas actuellement en mesure de trouver des membres de la famille proche."
Le Croissant-Rouge palestinien indique que le manque de carburant a eu des conséquences difficiles sur la vie des 9000 personnes déplacées qui ont trouvé refuge à l’hôpital al-Amal de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau potable.
Ibrahim Fraihat, professeur associé à l’Institut de Doha, a mis en évidence une tendance inquiétante qui se dégage des attaques israéliennes contre les installations civiles.
"Nous avons commencé par l’hôpital baptiste al-Ahli. Il a été bombardé, ce qui a soulevé un tollé et Israël l’a nié. Mais il y a eu une autre attaque et la communauté internationale n’a pas réagi parce qu’elle s’y était habituée. Aujourd’hui, Israël bombarde des hôpitaux sans même donner d’explication" a-t-il déclaré à Al Jazeera.
Les appels au cessez-le-feu se multiplient
Les organisations de défense des droits de l’Homme continuent d’appeler à un cessez-le-feu, qu’Israël n’a cessé d’ignorer alors que son armée continue de massacrer d’innombrables civils et d’en enterrer des milliers sous les décombres en prenant pour cible les infrastructures civiles, notamment les maisons, les écoles, les hôpitaux, les camps de réfugiés et les abris.
Le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés en Palestine et au le Proche-Orient (UNRWA), Philippe Lazzarini, a déclaré dans un communiqué que le nombre d’installations touchées et de civils tués ne pouvait être considéré comme un simple "dommage collatéral".
Depuis le 7 octobre, Israël a frappé directement 17 installations de l’UNRWA à Gaza.
"Une fois de plus, des abris destinés à assurer la sécurité et la protection des civils ont été touchés, tuant de nombreuses personnes, y compris des enfants. Ces actes sont non seulement en contradiction flagrante avec les règles de la guerre, mais ils témoignent également d’un mépris total pour l’humanité" a déclaré M. Lazzarini.
Le responsable des droits de l’Homme de l’ONU, Volker Turk, a appelé à un cessez-le-feu à Gaza dimanche "la douleur, l’effroi et la peur gravés sur les visages des enfants, des femmes et des hommes sont trop difficiles à supporter" a-t-il déclaré dans un communiqué, soulignant que "personne n’est à l’abri à Gaza".
"Combien de violence, d’effusion de sang et de misère faudra-t-il encore pour que les gens reviennent à la raison ? Combien de civils seront encore tués ?"
"Cela doit cesser. L’humanité doit primer. Un cessez-le-feu - pour des raisons humanitaires et de droits de lHhomme - est désespérément nécessaire. Maintenant", a poursuivi M. Turk.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a qualifié de "douloureuses à voir" les attaques israéliennes contre les abris de l’ONU à Gaza.
"D’autant plus qu’ils servent de refuge principalement à des femmes et des enfants qui n’ont nul part ou aller" avant d’ajouter que les gouvernements "doivent appeler à un cessez-le-feu dès maintenant et veiller à ce qu’il soit respecté."
Les journalistes figurent également parmi les cibles d’Israël. Le dernier en date, Belal Jadallah, journaliste et président du conseil d’administration de la Maison de la presse de Palestine, a été tué dimanche.
Au 19 novembre, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) confirmait que 48 journalistes et travailleurs des médias étaient morts depuis le 7 octobre, dont 43 Palestiniens, 4 Israéliens et 1 Libanais.
"Le CPJ insiste sur le fait que les journalistes sont des civils... et qu’ils ne doivent pas être pris pour cible par les belligérants", a déclaré Sherif Mansour, coordinateur du programme du CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
L’organisation précise qu’elle enquête également sur de nombreux rapports non confirmés faisant état d’autres journalistes tués, disparus, détenus, blessés ou menacés, ainsi que de dommages causés aux bureaux des médias et aux domiciles des journalistes.
Accord entre le Hamas et Israël : "Rien n’est convenu tant que tout n’est pas convenu"
Alors que la guerre d’Israël contre Gaza se poursuit et que les tensions régionales augmentent, le Qatar a servi d’intermédiaire pour un accord entre le Hamas et Israël.
L’accord provisoire prévoit que le Hamas échange 50 captifs en échange d’une pause de trois jours dans les attaques israéliennes afin de permettre l’entrée et la distribution d’une aide d’urgence aux civils de l’enclave assiégée, selon l’agence de presse Reuters.
De même, le Washington Post a rapporté qu’un accord provisoire avait été conclu pour libérer les femmes et les enfants captifs en échange d’un cessez-le-feu temporaire.
Toutefois, rien n’a été confirmé ou finalisé.
Les négociations sont "très compliquées, très sensibles", mais elles progressent, rapporte Reuters, citant un responsable de la Maison Blanche.
"Les défis qui subsistent dans les négociations sont très mineurs par rapport aux défis plus importants. Ils sont plus logistiques, ils sont plus pratiques" a déclaré le cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani du Qatar lors d’une conférence de presse conjointe avec le responsable de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell.
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Herzog, a déclaré qu’Israël espérait qu’un nombre important d’otages pourraient être libérés par le Hamas "dans les prochains jours", lors de l’émission "This week" diffusée sur ABC.
Jusqu’à présent, Israël a rejeté tous les appels à un cessez-le-feu permanent et a refusé plusieurs offres du Hamas pour libérer les otages, y compris des échanges de prisonniers.
Les rebelles houthis du Yémen s’emparent d’un cargo
Dimanche, l’armée israélienne a rapporté que les rebelles houthis du Yémen s’étaient emparés d’un cargo dans le sud de la mer Rouge alors qu’il naviguait de la Turquie vers l’Inde, décrivant cette action comme "un incident très grave au niveau mondial", et ajoutant qu’il ne s’agissait pas d’un navire israélien et qu’aucun Israélien n’était à bord.
Toutefois, selon Al Jazeera, la compagnie maritime appartient en partie à un homme d’affaires israélien, et qu’en raison de la situation à Gaza, les rebelles houthis ont déclaré qu’ils prévoyaient de prendre pour cible d’autres navires israéliens dans le sud de la mer Rouge.
"Il y a un risque d’escalade à la suite de cette saisie de navire risque, car les Israéliens sont désormais invités à réagir. Ils mettent également les États-Unis dans une situation difficile, car ils sont les garants de la sécurité de la route maritime qui traverse la mer Rouge. En ce moment, les Houthis disent, "nous sommes sérieux et nous ne plaisantons pas"" a déclaré Baraa Shiban, commentateur politique sur le Yémen, à Al Jazeera.
Le Conseil national de sécurité des États-Unis a déclaré "la saisie par les Houthis du navire Galaxy Leader en mer Rouge est une violation flagrante du droit international. Nous exigeons la libération immédiate du navire et de son équipage. Nous consulterons nos partenaires de l’ONU pour déterminer les prochaines étapes appropriées" selonr Al Jazeera.
Bien que les États-Unis aient intensifié leur présence militaire dans les mers du Moyen-Orient, notamment en abattant des missiles tirés depuis le Yémen vers le sud d’Israël depuis le 7 octobre "pour aider à la défense d’Israël", ils n’ont pas été en mesure d’empêcher le récent incident.
Alors qu’Israël a qualifié la saisie du navire d’"acte de terrorisme iranien", l’Iran a nié toute implication dans la saisie du navire par les rebelles houthis du Yémen.
"Nous avons dit à plusieurs reprises que les groupes de résistance dans la région agissent de manière indépendante et spontanée en fonction de leurs intérêts et de ceux de leur peuple" a déclaré le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Nasser Kanaani, lors d’une conférence de presse.
Le Japon affirme qu’il "communique avec Israël [...] en plus de s’adresser directement aux Houthis" dans l’espoir de faire pression sur les rebelles yéménites pour qu’ils libèrent le navire saisi.
"Nous demandons également à l’Arabie saoudite, à Oman, à l’Iran et aux autres pays concernés d’insister auprès des Houthis pour qu’ils libèrent rapidement le navire et les membres de l’équipage" a déclaré la ministre des affaires étrangères, Yoko Kamikawa.
Plus de dirigeants internationaux s’impliquent
De nombreux dirigeants internationaux sont de plus en plus préoccupés par la poursuite de la guerre d’Israël contre Gaza.
Alors qu’aucune fin n’est en vue, la Chine renforce son rôle dans le conflit international. Le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré lundi à une délégation de responsables musulmans en visite dans la région que Beijing était prêt à aider à "rétablir la paix au Moyen-Orient".
"Travaillons ensemble pour calmer rapidement la situation à Gaza et rétablir la paix au Moyen-Orient dès que possible" a déclaré M. Wang à des représentants de l’Arabie saoudite, de la Jordanie, de l’Égypte, de l’Indonésie et de la Palestine en visite en Chine pour demander la fin de la guerre à Gaza et l’acheminement d’une aide humanitaire plus importante sur le territoire.
Sameh Shoukry, porte-parole du ministère égyptien des affaires étrangères, s’oppose au déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza, estimant qu’il menacera la paix, la sécurité et la stabilité dans la région, ce qui aura des répercussions dans le monde entier.
M. Shoukry a ajouté que la politique israélienne consistant à empêcher l’aide d’entrer dans la bande de Gaza vise à pousser les Palestiniens à quitter la bande sous le poids des bombardements et du siège de façon systématique.
"L’Égypte fait tout son possible pour acheminer de l’aide dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah, mais la politique israélienne d’obstruction à l’entrée de l’aide est une politique systématique visant à pousser les Palestiniens à quitter la bande sous le poids des bombardements et du siège" a déclaré M. Shoukry lors d’une réunion avec le ministre chinois des affaires étrangères à Pékin.
"Les États-Unis se sont tirés une balle dans le pied en mettant tout leur poids du côté d’Israël, et en faisant cela, ils ont diminué leur rôle en tant que tiers intervenant crédible", a déclaré Ibrahim Fraihat, de l’Institut de Doha pour les études supérieures, à Al Jazeera, alors que les dirigeants du monde arabe et musulman étaient accueillis à Pékin et que la Chine renforçait son rôle international.
"Elles [les autorités chinoises] sont très intéressées par ce rôle - elles ont des liens étroits avec Israël, elles ont la confiance des Palestiniens et pèsent dans le système international" a-t-il ajouté, faisant référence au droit de veto de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le haut diplomate iranien Hossein Amirabdollahian a appelé la Russie à jouer un rôle plus actif pour garantir la paix.
M. Amirabdollahian a accusé les États-Unis d’attiser la guerre lors d’un appel téléphonique avec le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Les deux diplomates ont souligné la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une aide urgente à la population civile.
Traduction : AFPS