En adoptant le jeudi 1er juin une motion semant la confusion entre antisémitisme et critique de l’Etat d’Israël, le Parlement européen s’est déshonoré.
La motion, présentée comme un moyen de renforcer la lutte contre l’antisémitisme et votée à une large majorité, appelle dans son article 2 les Etats membres et les institutions européennes à adopter la définition « IHRA » de l’antisémitisme, une définition dangereuse assimilant, par des exemples ambigus, la critique de la politique de l’Etat d’Israël à l’antisémitisme.
Issue de travaux très controversés menés depuis 2004 sous des appellations diverses (EUMC, FRA) cette définition est maintenant promue par une offensive systématique et de grande ampleur du lobby pro-israélien, dont l’adoption par l’IHRA (association internationale pour le souvenir de l’holocauste) a été une étape.
En mars dernier encore, la commission des libertés, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen avait refusé que soit subrepticement introduite en « questions diverses » l’adoption de cette définition.
Le lobby pro-israélien au sein du Parlement européen, particulièrement actif, a réussi à court-circuiter cette commission trop peu docile en faisant porter directement la motion en session plénière, conjointement par les groupes PPE (conservateurs), ALDE (libéraux) et S&D (socialistes). Les directions de ces groupes politiques portent une énorme responsabilité dans ce très mauvais coup porté à nos valeurs démocratiques. Et peu de députés ont ensuite eu le courage d’exiger que l’article controversé soit au moins retiré, et de voter contre la motion dès lors que l’article était maintenu.
Le racisme sous toutes ses formes doit être combattu. L’antisémitisme renvoie à des pages particulièrement sombres de notre histoire qu’il faut savoir regarder en face, comme nous devons regarder en face notre passé colonial. Mais toute instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme est à la fois une insulte à ses victimes et un très mauvais coup contre la liberté d’expression.
Il est temps, il est grand temps que nos élus et responsables politiques, soumis à d’incroyables pressions du lobby pro-israélien, se lèvent enfin pour s’y opposer fermement : on ne joue pas avec la lutte contre l’antisémitisme, c’est la cohésion de notre société qui est en jeu.
Communiqué de l’AFPS