Dimanche, les Palestiniens de Jérusalem-Est occupée ont annoncé une grève générale et des actions de désobéissance civile, pour protester contre la répression israélienne croissante dans la ville.
Pendant la nuit, de jeunes manifestants ont brûlé des pneus de voiture et dressé des barricades aux entrées de différents quartiers, dont Shufat, Anata, Jabal al-Mukabber, Issawiya et la ville d’al-Ram.
Les actions de désobéissance civile consistent notamment à ne pas aller travailler sur les lieux de travail israéliens et à refuser de payer des impôts à la municipalité gérée par Israël et à d’autres organismes d’État.
Les forces nationales et islamiques palestiniennes ont déclaré que les manifestations sont une réponse à une série de mesures punitives imposées aux résidents de la ville la semaine dernière par le ministre israélien de la sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir.
Palestinians in occupied Jerusalem embarked today on civil disobedience in protest of the Israeli repression campaign against the city's Palestinian population. pic.twitter.com/Ee7kiXWzO6
— Quds News Network (@QudsNen) February 19, 2023
Au cours de la semaine dernière, la répression a consisté, entre autres, à démolir au moins sept bâtiments, à arrêter 100 personnes, à mettre en place des dizaines de barrages routiers et de points de contrôle et à confisquer l’argent et les biens d’anciens et actuels prisonniers politiques.
Les autorités pénitentiaires israéliennes, qui sont sous l’autorité de Ben-Gvir en tant que ministre de la Sécurité nationale, ont également commencé à imposer des conditions plus dures aux prisonniers palestiniens, comme la fermeture des cantines, la coupure de l’eau chaude et le retrait des bouilloires et des plaques de gaz utilisées pour chauffer les aliments.
La répression a commencé à la suite de trois attaques meurtrières par collision de voitures et à l’arme blanche, qui ont fait quatre morts israéliens au début du mois.
Dans un communiqué publié samedi, les organisateurs de la grève ont déclaré que les Palestiniens, en particulier à Shufat, ont été soumis à "des mesures de représailles, des abus, des tortures, des humiliations et une oppression quotidienne" depuis les attaques.
Dimanche, la police israélienne a effectué des raids dans certains quartiers de la ville, notamment à Issawiya et Silwan, pour dégager les barricades routières, provoquant des affrontements avec les manifestants.
Ben-Gvir avait déclaré en réponse à l’appel à la désobéissance civile que "nous ferons preuve de fermeté et ne tolérerons pas les délinquants."
« Harcèlement collectif »
La semaine dernière, les médias israéliens ont rapporté que de hauts responsables de la sécurité avaient demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu de mettre fin à la répression, au risque d’une "vaste flambée."
Le chef d’état-major militaire, le directeur de l’agence de renseignement intérieur Shin Bet et le commissaire de police ont exhorté Netanyahu à parler à Ben-Gvir pour qu’il mette fin à ses mesures.
Le directeur du Shin Bet, Ronen Bar, qui rend normalement compte au Premier ministre, a spécifiquement passé un appel inhabituel à Ben-Gvir et l’a averti qu’il "créait un sentiment de harcèlement collectif" à Jérusalem-Est et "agitait" la ville.
Les tensions dans la région se sont accrues dans un contexte de violence israélienne croissante contre les Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est depuis l’année dernière.
Les forces israéliennes et les colons ont tué 49 Palestiniens depuis le début du mois de janvier, à raison de plus d’un décès par jour.
Les Palestiniens ont tué 10 Israéliens au cours de la même période.
L’année dernière, au moins 220 Palestiniens ont été tués lors d’attaques israéliennes, tandis que 30 Israéliens ont été tués par des Palestiniens.
Le nombre de Palestiniens tués en Cisjordanie en 2022 est le plus élevé depuis 2005.
Le directeur de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis (C.I.A.), William Burns, a averti au début du mois que les tensions actuelles présentaient une "ressemblance malheureuse" avec la deuxième Intifada.
Il a ajouté que la CIA travaillait avec les services de sécurité israéliens et palestiniens pour prévenir les "explosions de violence" mais a admis que cela représentait "un grand défi."
Traduction : AFPS