Depuis l’occupation de Jérusalem-Est en 1967 et son annexion illégale en 1980,- condamnées à de nombreuses reprises par les résolutions de l’ONU, Israël mène une politique systématique de nettoyage ethnique et de colonisation de Jérusalem-Est, afin de modifier la composition démographique de la ville. Principalement, au prétexte d’aménagement et de plan d’urbanisme, les démolitions des maisons et structures, les déplacements et les expulsions de familles Palestiniennes ont quasiment doublé en 2023 (voir les chiffres de l’OCHA-ONU).
Depuis octobre 2023 la présence militaire Israélienne est permanente à Jérusalem-Est.
- Les quartiers palestiniens sont isolés par des barrages et contrôles répressifs, perturbant l’accès aux lieux d’étude et de travail ; les licenciements massifs ont des conséquences sociales dramatiques.
- Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été tués, les arrestations sont nombreuses (plus d’un millier au 4e trimestre 2023), principalement des jeunes : 36 ont été expulsés de Jérusalem ; les descentes de colons et ratonnades renforcent un climat délétère.
Face à cette situation, les comités populaires, des associations sociales, et des ONG internationales ont formé une coalition d’urgence pour organiser sur le terrain le soutien social et psychologique.
Mais dans ce contexte répressif renforcé, la colonisation s’accélère : à Umm Tuba, des terres viennent d’être saisies pour construire une nouvelle colonie « Nofei Rachel » de 800 logements en extension de Gilo, à Shufat et Beit Hamina une réserve créée pour un « Parc National », à Batn’Al-Hawa un terrain volé par les colons pour construire une école religieuse…
Dans le quartier Silwan, au pied de la vieille ville, dans et à proximité de Wadi Hilweh autour de la Cité de David créée par l’organisation des colons Elad, une nouvelle étape de la judaïsation vient d’être engagée en actes.
Al Bustan (Silwan)
Les quatre premiers ordres de démolition viennent d’être exécutés à Al Bustan. Ce sont les premiers actes d’un projet promulgué il y a 20 ans par la municipalité israélienne visant la démolition de 88 maisons et l’expulsion de 1 550 personnes à la périphérie de la ville au prétexte de l’aménagement d’un jardin biblique, extension de la Cité de David, sur plus de 70 % des terrains du quartier.
Depuis 2004, les habitants sont mobilisés. Ils ont déposé des recours devant les tribunaux, présenté des projets alternatifs, sans démolition, avec l’aide d’urbanistes et le soutien de la Coalition civique.
La municipalité vient de confirmer la mise en œuvre du projet initial. Elle a inauguré le 13 décembre 2023, avec les colons d’Elad, près du bassin de Siloé, un avant-poste de sécurité.
Depuis six ans, les élus des collectivités françaises en coopération avec le Centre social Al Bustan n’ont cessé d’interpeller, sans réponses, les ministres successifs des Affaires étrangères. Un dernier courrier au ministre Séjourné , l’interpelle pour une action immédiate de l’État français. Après une première déclaration le 15 février 2024, la France se joint à 21 missions diplomatiques européennes et à l’U.E. pour condamner la poursuite des démolitions à Jérusalem-Est et en zone C (site France Diplomatie ; Israël/Territoires palestiniens). Déclaration qui n’aura d’effet que si elle est suivie d’actes réels et de sanctions.
Téléphérique à Wadi Hilweh (Silwan)
Les plans du téléphérique ont vu le jour il y a 12 ans, promu par le ministère du Tourisme Israélien, conçu pour faciliter l’accès de Jérusalem-Ouest à la « Cité de David ».
Porté par 15 pylônes de 8 étages, il doit longer les murs de la vieille ville et se poser sur le futur complexe touristique Kedem.
Ce projet a toujours été combattu à Jérusalem par une large coalition, regroupant habitants, professionnels et ONG ainsi qu’à l’échelle internationale.
La Haute Cour israélienne a rejeté tous les recours en 2022. Depuis, l’État cherche une entreprise internationale pour construire le téléphérique, alors que 4 entreprises (3 françaises et 1 suisse) se sont retirées du projet en raison, écrit Haaretz « de la sensibilité politique du projet ».
Pourtant des terres appartenant à des habitants palestiniens viennent d’être expropriées et des oliviers déracinés pour placer les piliers de soutien des futurs pylônes.
Les récents développements, se situent dans le cadre de l’enregistrement des propriétés foncières des colons à Wadi Hilweh.
Dans une alarme conjointe en date du 21 décembre 2023, les associations israéliennes Bimkom, Emek Shaveh, Ir Amin et Peace Now lancent un appel à la communauté internationale pour, notamment : « appeler Israël à respecter et à protéger l’intégrité, l’authenticité et le caractère multiculturel distinct du bassin de la vieille ville, façonné depuis des milliers d’années » et « exiger des autorités israéliennes qu’elles suspendent les plans d’expropriation, qu’elles mettent fin au projet destructeur du téléphérique et qu’elles arrêtent les procédures de SOLT , qui menacent gravement les droits des Palestiniens sur leurs maisons, leurs terres et leurs patrimoines ».
Ainsi la situation à Jérusalem-Est se caractérise aujourd’hui par une accélération de la judaïsation forcée de la capitale revendiquée par les Palestiniens. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire de dénoncer les violations du droit et d’apporter notre soutien aux Palestiniens là-bas et à leurs combats quotidiens pour résister et exister.
J. B.