Le défenseur palestinien des droits de l’homme, Issa Amro, a été libéré le dimanche 10 septembre des prisons de l’Autorité palestinienne, à la suite d’un tollé international général parmi les organisations de défense des droits de l’homme et parmi bien d’autres. Amro, qui fait face aussi à 18 inculpations déposées par un tribunal militaire israélien pour sa mobilisation de la population contre les colonies illégales d’al-Khalil/Hébron, avait été emprisonné le 4 septembre par les forces de sécurité de l’AP après avoir envoyé à Facebook des commentaires critiques sur l’AP.
Le Tribunal d’Instance d’al-Khalil/Hébron a ordonné que Amro soit libéré sous une caution de 1.000 dinars jordaniens (1130 €). Sa libération est intervenue à la suite un appel international grandissant et les exigences de nombreuses associations des droits de l’homme qu’il soit libéré.
Lors de sa libération, Amro, coordinateur des Jeunes Contre les Colonies à al-Khalil/Hébron et défenseur des droits de l’homme reconnu par l’Union européenne et par l’Organisation des Nations Unies, a demandé instamment l’abolition de la Loi sur la Criminalité Electronique, loi nouvelle de l’AP instaurée par décret par le Président de l’AP, Mahmoud Abbas. Largement condamnée par les organisations des droits de l’homme palestiniennes et par les partis politiques palestiniens, ainsi que par Amnesty International, la loi a pour but de criminaliser un large éventail de commentaires critiques sur les sites des médias sociaux comme Facebook sous le prétexte de déranger l’harmonie sociale ou de semblables allégations.
La loi et les arrestations répressives, qui sont liées à celle-ci, de journalistes et de militants par l’AP interviennent dans le contexte du ciblage de centaines de Palestiniens arrêtés et emprisonnés par l’occupant israélien pour leurs messages sur les médias sociaux. Cela met aussi en évidence la question de la coordination sécuritaire de l’AP avec Israël aux dépens des Palestiniens, et particulièrement des militants et des défenseurs des droits de l’homme.
Amro a déclaré qu’il avait été arrêté pour avoir exprimé son opinion personnelle sur des sujets qui préoccupent la population palestinienne, en déclarant à la Télévision Nationale que « je suis un citoyen qui aime son pays, et je rejette les accusations contre moi d’avoir configuré des pages qui nuisent à la sécurité de la Palestine. »
Amnesty International, neuf membres du Congrès des USA et des institutions européennes ont demandé la libération de Amro. Il y a une mobilisation impliquant de nombreuses organisations contre les inculpations contre lui de l’armée israélienne, organisations qui ont repris la demande qu’il soit libéré de sa détention par l’AP. Le cas d’Amro a peut-être été le plus important des cas récents d’emprisonnement de militants par l’AP pour des messages sur les médias sociaux ; son arrestation elle-même est intervenue à la suite de ses critiques de l’arrestation par l’AP du journaliste Ayman Qawasmeh après que la station radio de celui-ci a connu une descente des forces israéliennes. Qawasmeh a ensuite été libéré.
Traduit par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers