Ecrire au président de la république
C’est une attaque particulièrement grave contre notre liberté d’expression qui est en train de se jouer entre Tel-Aviv, Vienne, Bruxelles, …et Paris.
Le Conseil européen, qui réunit jeudi et vendredi prochains les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, s’apprête à donner son aval à une « Déclaration pour renforcer la lutte contre l’antisémitisme et la protection des communautés juives en Europe » : jusqu’ici, rien à redire évidemment, la lutte contre l’antisémitisme comme contre les autres formes de racisme est une cause que nous partageons.
Mais c’est aussi l’occasion d’introduire insidieusement un appel aux États membres d’adopter la « définition IHRA » de l’antisémitisme. Une définition indigente sur le fond, mais qui est « illustrée » par des « exemples », dont l’objectif est d’assimiler à l’antisémitisme toute critique visant l’État d’Israël et sa politique. Sa mise en œuvre met en danger la liberté d’expression et de réunion, comme le montre l’exemple du Royaume-Uni dont le gouvernement a « adopté » la définition IHRA en 2016.
C’est une définition contre laquelle la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), dans son rapport annuel publié en mai 2018, a pris clairement position, au nom de l’universalité de la lutte contre le racisme et du caractère très problématique de cette définition et des exemples associés.
Le gouvernement israélien a été particulièrement actif sur la mise au point de cette déclaration, pendant 5 mois de négociations secrètes, sous la présidence autrichienne de l’UE.
Par la voix de son président Bertrand Heilbronn, l’Association France Palestine Solidarité s’adresse solennellement au président de la République : « Monsieur le président, en ce jour anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, vous ne pouvez plus rester inactif face à cette attaque en règle contre notre liberté d’expression. Vendredi prochain, le Conseil européen doit préciser clairement que les « exemples » très controversés associés à la « définition IHRA » de l’antisémitisme ne font pas partie de la déclaration que le Conseil s’apprête à approuver. C’est votre responsabilité d’agir dans ce sens et d’y parvenir. »
A l’heure où les questions du vivre ensemble et du dialogue apaisé sont sur le devant de la scène, la conception de l’AFPS de la solidarité avec le peuple palestinien, fondée sur le droit, laïque et indépendante de toute communauté, est une partie importante de la solution. A l’inverse, les organisations communautaires qui poussent à la confusion entre la critique légitime de l’État d’Israël et de sa politique d’une part, et l’antisémitisme d’autre part, jouent depuis plusieurs années un jeu particulièrement dangereux.
Au président de la République de prendre ses responsabilités. De toute urgence car le Conseil européen se réunit jeudi et vendredi. Il en va de notre liberté, il en va de notre cohésion nationale.
Le Bureau national de l’AFPS
10 décembre 2018
Pour en savoir plus :
- La fiche d’information de l’AFPS sur la « définition IHRA » de l’antisémitisme
- Le texte soumis à l’approbation du Conseil européen
- La lettre adressée par l’AFPS au président de la République