Photo : Distribution d’aide par GHF à Gaza, 31 mai 2025 © Mohamad Safa
Les troupes israéliennes ont tué au moins 70 Palestiniens et blessé des centaines d’autres alors qu’ils cherchaient de l’aide à Gaza mardi, en tirant sur eux avec des obus de char, des mitrailleuses et des drones. Ces victimes font partie des 89 Palestiniens tués dans des attaques menées depuis l’aube dans l’enclave assiégée.
Les soldats israéliens ont tiré mardi matin sur la foule désespérée qui cherchait de l’aide et s’était rassemblée le long de la route principale à l’est de la ville méridionale de Khan Younis. Il s’agit du dernier épisode d’une vague de carnages qui se poursuit depuis que la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, a lancé il y a trois semaines des opérations de distribution de nourriture dans le territoire.
Le bilan devrait s’alourdir, car de nombreux blessés sont dans un état critique, selon les médecins de l’hôpital Nasser, où les victimes sont soignées.
Le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmud Bassal, a ajouté que plus de 200 personnes avaient été blessées, bien que les informations concernant le nombre de victimes varient.
« Des drones israéliens ont tiré sur les citoyens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus sur les citoyens, faisant un grand nombre de martyrs et de blessés », a déclaré le porte-parole, précisant que la foule s’était rassemblée dans l’espoir de recevoir de la farine.
Hani Mahmoud, journaliste d’Al Jazeera en reportage à Gaza, a déclaré que, selon des témoins oculaires, des chars israéliens, des mitrailleuses lourdes et des drones « pleuvaient » sur la foule.
Avec plus de 70 morts, mardi a été la journée la plus meurtrière à ce jour autour des sites de la GHF. Auparavant, ce triste record avait été établi lundi, lorsque 38 personnes avaient été tuées, principalement dans la région de Rafah, au sud de Khan Younis.
Selon certaines informations, plus de 300 personnes ont été tuées et plus de 2 000 blessées alors qu’elles tentaient de récupérer de l’aide auprès de la GHF depuis le début de ses opérations à Gaza le 26 mai.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé à ce que les responsables de ces derniers meurtres commis sur les sites de la GHF soient traduits en justice.
Son porte-parole adjoint a déclaré au siège de l’ONU à New York : « Le secrétaire général condamne les pertes en vies humaines et les blessures subies par des civils à Gaza, qui ont une fois de plus été pris pour cible alors qu’ils cherchaient de la nourriture. »
« C’est inacceptable », a ajouté Farhan Haq. « Hier, 338 personnes avaient été tuées et plus de 2 800 blessées alors qu’elles tentaient d’accéder à de la nourriture, près des sites de distribution. »
« Déchiquetés en morceaux »
Les survivants ont décrit des scènes horribles.
« Des dizaines de civils, dont des enfants, ont été tués, et personne n’a pu aider ou sauver des vies », a déclaré à Al Jazeera Saeed Abu Liba, 38 ans, un survivant.
Yousef Nofal, qui a qualifié cet événement de « massacre », a déclaré avoir vu de nombreuses personnes gisant immobiles et ensanglantées sur le sol. Les soldats ont continué à tirer sur les gens qui fuyaient, a-t-il ajouté.
« J’ai survécu par miracle », a déclaré Mohammed Abu Qeshfa, qui a mentionné à la fois des tirs nourris et des bombardements de chars.
Le correspondant d’Al Jazeera, Tareq Abu Azzoum, en reportage à Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, a cité des sources médicales de l’hôpital Nasser selon lesquelles de nombreuses victimes étaient « méconnaissables » car elles avaient été « déchiquetées » lors de l’attaque.
La GHF a commencé à distribuer une aide alimentaire limitée à Gaza à la fin du mois de mai, après qu’Israël a partiellement levé un blocus total de près de trois mois sur les denrées alimentaires, les médicaments et autres produits de première nécessité, qui faisait craindre une famine pour les 2,3 millions d’habitants. Aucune autre aide n’a été autorisée par Israël, qui a en fait maintenu son blocus punitif.
Les Nations unies et les principales organisations humanitaires ont refusé de coopérer avec la GHF, invoquant la crainte qu’elle privilégie les objectifs militaires israéliens au détriment des besoins humanitaires et contourne les organisations qui ont des décennies d’expérience dans la fourniture de nourriture et de médicaments à des centaines d’endroits à l’ensemble de la population de Gaza.
Après les fusillades précédentes, qui ont eu lieu presque quotidiennement depuis l’ouverture des centres d’aide, l’armée a affirmé que ses soldats avaient tiré des coups de semonce sur ce qu’elle a qualifié de suspects s’approchant de leurs positions, sans toutefois préciser si ces tirs avaient touché quelqu’un.
Mardi, l’Organisation mondiale de la santé a lancé un appel pour que du carburant soit autorisé à entrer à Gaza afin de permettre aux quelques hôpitaux encore en activité de continuer à fonctionner.
« Depuis plus de 100 jours, aucun carburant n’est entré à Gaza et les tentatives visant à récupérer les stocks dans les zones d’évacuation ont été refusées », a déclaré Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens.
M. Peeperkorn a ajouté que seuls 17 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnaient actuellement de manière minimale à partielle. Ils disposent au total d’environ 1 500 lits, soit environ 45 % de moins qu’avant le début de la guerre menée par Israël contre Gaza.
Traduction : AFPS