Un haut responsable israélien a confirmé l’existence d’une enquête américaine sur le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, mais a déclaré que le gouvernement israélien ne coopérerait pas avec l’enquête américaine, la qualifiant d’"erreur."
Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a révélé les détails de l’enquête, jusqu’alors inconnue, du ministère de la Justice sur la mort de la correspondante d’Al Jazeera, abattue lors d’une opération militaire israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie, en mai.
"J’ai envoyé un message aux représentants américains pour leur dire que nous soutenons les soldats [israéliens], que nous ne coopérerons pas avec une enquête externe et que nous ne permettrons pas l’intervention dans les enquêtes internes", a tweeté Gantz lundi.
Selon une enquête de CNN, publiée deux semaines après le meurtre d’Abu Akleh, le tir fatal provenait probablement d’une position où l’on sait que se trouvaient les troupes des Forces de défense israéliennes (FDI) et la configuration des tirs suggère que les balles étaient dirigées plutôt que tirées sans discernement, en raison du regroupement étroit des balles, selon un expert en armes à feu qui a évalué les séquences vidéo pour CNN.
En septembre, les FDI ont admis qu’il y avait une "forte probabilité" qu’un de leurs soldats ait tiré sur la journaliste, mais ont déclaré qu’il était impossible d’en être certain. L’avocat général des FDI a déclaré qu’il ne porterait plainte contre aucun soldat et qu’il n’y avait "aucun soupçon qu’une balle ait été tirée délibérément sur une personne identifiée comme étant un civil et en particulier sur une personne identifiée comme étant journaliste."
Au moment de sa mort, Abu Akleh portait un gilet de protection portant l’inscription "Presse" sur le devant et le dos. Alors qu’un responsable des FDI avait déclaré que les soldats israéliens pensaient que des militants palestiniens leur tiraient dessus, l’enquête de CNN a révélé qu’il n’y avait pas de combat actif, ni de militants palestiniens, près d’Abu Akleh dans les moments précédant sa mort.
Gantz a déclaré lundi que les FDI avaient mené une enquête "professionnelle et indépendante" et en avaient partagé les détails avec les responsables américains. Il a ajouté sur Twitter : "La décision prise par le ministère américain de la Justice de mener une enquête sur le décès tragique de Shireen Abu Akleh est une erreur."
Les médias israéliens avaient précédemment rapporté que des responsables américains avaient informé leurs homologues israéliens qu’ils pourraient demander des documents liés à la mort de la journaliste.
Le ministère américain de la Justice et le département d’État américain ont refusé de commenter lundi l’enquête américaine, mais ce dernier a déclaré que "nos pensées restent avec la famille Abu Akleh alors qu’elle pleure cette énorme perte. Non seulement Shireen était une citoyenne américaine, mais elle était une journaliste intrépide dont le journalisme et la recherche de la vérité lui ont valu le respect du public dans le monde entier."
En juillet, une expertise médico-légale menée par le département d’État américain sur la balle qui a tué Abu Akleh n’a pas été concluante, mais a estimé qu’il était plus que probable qu’elle ait été tuée par un tir israélien non intentionnel.
La famille d’Abu Akleh demande depuis longtemps au FBI d’enquêter sur sa mort, ce que le département fait régulièrement pour les Américains tués à l’étranger.
Dans une déclaration, sa famille s’est dite "encouragée" par la nouvelle de l’enquête américaine. "Nous espérons que les États-Unis utiliseront tous les outils d’enquête à leur disposition pour obtenir des réponses sur le meurtre de Shireen et faire en sorte que les responsables de cette atrocité rendent des comptes" a déclaré la famille Abu Akleh.
"Nous appelons toutes les parties disposant de preuves à répondre aux demandes d’enquête des États-Unis (...) et à ne pas faire obstacle à la justice."
Traduction : AFPS