Selon le journal syrien Al Watan, proche du pouvoir, le Premier ministre israélien serait prêt à accepter un retrait du plateau du Golan en échange de la paix avec la Syrie. Une information confirmée par Damas et démentie par Ehud Olmert qui déclarait le 24 avril qu’Israël ne rendrait jamais le Golan. Pourtant, l’ambassadeur d’Israël à Ankara évoquait le 27 avril de possibles étapes de négociations avec la Syrie par l’entremise de la Turquie.
Après sa rencontre avec le représentant du Hamas à Damas, Khaled Mechaal, on apprenait lors d’une conférence de presse de J.Carter que le Hamas serait prêt à accepter un Etat palestinien dans les frontières de 1967 si les Palestiniens l’approuvaient et qu’il accepterait le droit d’Israël à vivre en paix comme proche voisin si un accord était conclu. Autre avancée, le Hamas serait disposé à accepter une paix négociée entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien à l’une des conditions suivantes : que les Palestiniens l’approuvent par référendum, ou bien que cette paix soit validée par un nouveau Conseil législatif palestinien qui aurait été consacré par la voie des urnes. Ces nouvelles déclarations démontrent que le Hamas peut faire preuve de pragmatisme politique et confirment que la voie militaire n’est plus son choix stratégique exclusif.
On constate également l’échec du boycott de cette formation par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Que celle-ci soit capable de proposer une trêve en dépit de la guerre à outrance qu’Israël lui a déclarée, démontre que le Hamas peut évoluer s’il a en face de lui des interlocuteurs efficaces et désireux de parvenir à une paix négociée.
Quelle a été la réponse du Premier ministre, Ehud Olmert, à ces propositions d’ouverture du Hamas ?
Un rejet très net du « cessez le feu », doublé d’un refus réitéré de toute discussion avec cette organisation « terroriste ». Cela en dépit du fait que cette proposition ait été plutôt bien accueillie en Israël, certains ne voyant pas d’un mauvais œil une trêve qui permettrait que les festivités du 60ème anniversaire se déroulent dans le calme ; trêve qui serait d’ailleurs de courte durée. Si l’on en croit la rumeur, après les Fêtes, Israël réglerait militairement ses comptes avec les organisations armées de Gaza.
Mais Ehud Olmert, qui est remonté dans les sondages depuis les opérations meurtrières à Gaza, doit penser qu’il n’a aucun intérêt à négocier avec le Hamas. Il opte clairement pour la poursuite de sa politique guerrière et sans concession. En témoignent le rapport du PCHR sur la répression et la poursuite de la colonisation : 100 logements supplémentaires sont prévus pour agrandir les blocs de colonies auprès de Salfit. Les restrictions de déplacements sont non seulement maintenues mais ont été renforcées pendant les Pâques juives. Du 17 au 23 avril, 15 Palestiniens ont été tués et 36 blessés -dont trois mineurs en Cisjordanie ; 72 ont été arrêtés dont 13 enfants. Au cours de ce week-end de nouveaux raids de l’aviation israélienne ont été menés à Gaza tuant une adolescente, également à Jénin et à Qalqilya.
Les perspectives d’une solution négociée s’éloignent chaque jour un peu plus. De retour de Washington où il a rencontré Georges Bush et Condoleeza Rice, Mahmoud Abbas ne cachait ni son amertume ni sa colère dévoilant l’échec des négociations et le risque d’une impasse dramatique si le mandat de Bush s’achevait sans un accord en bonne et due forme. Il a réaffirmé son refus d’une nouvelle déclaration de principes, exigeant que les Américains appliquent la première phase de la Feuille de route qui traite de la cessation de l’expansion des colonies israéliennes, soulignant qu’il souhaitait que Washington exerce une pression sur Israël dans ce domaine. A aucun moment, a-t-il ajouté, n‘a été évoquée par ses interlocuteurs, la création de l’Etat palestinien sur les frontières de 1967. Pour la première fois, le Président palestinien a menacé de réexaminer, en cas d’impasse, sa stratégie de négociation.
Dans un débat avec Leïa Shahid, publié dans l’Humanité du 26 avril, Régis Debray pense qu’il est temps pour l’Autorité palestinienne de lever l’écran de fumée et de dire clairement aux puissances du Quartette : « On cesse de jouer. (….) Nous n’acceptons pas votre attitude de Tartuffe. Vous parlez de perspectives qui n’ont plus de réalité. Vous exhortez les Israéliens à prendre des mesures, ils disent "oui" de la tête et font exactement le contraire. Vous n’en prenez jamais acte. Nous considérons que vous êtes co-responsables d’une violation quotidienne de la loi internationale. Nous ne vous considérons pas comme une instance de supervision neutre. Vous avez pris le parti d’un État qui, pour des raisons qui lui sont propres et peuvent d’ailleurs s’expliquer, s’estime au-dessus des lois. »
C’est la vraie question : mettre les USA et surtout l’Europe devant leurs responsabilités…. A la veille de la Présidence française de l’Union européenne, l’Europe va-t-elle enfin se montrer capable d’exister ?