Israël devrait être ajouté à une "liste noire" des Nations Unies si ses violences contre les enfants palestiniens se répètent cette année, a déclaré lundi Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.
Dans son rapport annuel sur les enfants et les conflits armés, l’ONU indique que les forces israéliennes ont tué 78 enfants palestiniens, en ont mutilé 982 autres et en ont détenu 637 en 2021.
"Je suis choqué par le nombre d’enfants tués et mutilés par les forces israéliennes pendant les hostilités, lors de frappes aériennes sur des zones densément peuplées et par l’utilisation de balles réelles lors d’opérations de maintien de l’ordre", a déclaré Guterres.
"Si la situation devait se répéter en 2022, sans amélioration significative, Israël devrait être inscrit sur la liste", a-t-il ajouté.
Depuis le début de l’année, au moins 15 enfants palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, selon la section Palestine de Défense des Enfants International (DEI-P), basée à Genève.
Le rapport annuel, qui recense les violations graves commises à l’encontre des enfants dans les zones de conflit à travers le monde, a parfois suscité la controverse quant aux parties figurant sur sa "liste noire" à la fin de chaque rapport.
Cette liste a pour but d’exercer une pression sur les États et les groupes armés du monde entier qui commettent des violations contre les enfants vérifiées par l’ONU.
Israël n’a jamais figuré sur la liste.
Selon le rapport de cette année, l’ONU a enregistré 2 934 violations graves à l’encontre de 1 208 enfants palestiniens et de neuf enfants israéliens dans les territoires palestiniens occupés et en Israël.
Les 17 enfants tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, ont été tués par des balles réelles, principalement lors de manifestations, indique le rapport.
Dans la bande de Gaza assiégée, 69 enfants palestiniens ont été tués, la majorité pendant la campagne de bombardement de 11 jours menée par Israël.
Parmi les 637 enfants palestiniens détenus au cours de cette période, 85 ont fait état de mauvais traitements et de violations de la procédure régulière par les forces israéliennes, 75 % d’entre eux ayant déclaré avoir subi des violences physiques.
Le rapport indique également que des roquettes palestiniennes tirées par des groupes armés ont tué deux enfants israéliens.
Selon le rapport, Israël et les territoires palestiniens ont connu le plus grand nombre de violations vérifiées à l’encontre des enfants en 2021, avec le Yémen, la Syrie, l’Afghanistan, la République démocratique du Congo et la Somalie.
Syrie et Yémen
En Syrie, l’ONU a déclaré que 424 enfants avaient été tués et 474 mutilés l’année dernière. Parmi ceux-ci, 301 décès ont été attribués aux forces gouvernementales syriennes et aux forces pro-gouvernementales.
Environ 1 296 enfants ont été recrutés dans le conflit, principalement par des groupes d’opposition armés.
Au Yémen, ravagé par la guerre entre la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les rebelles houthis, le rapport indique que 2 748 violations graves ont été commises contre 800 enfants par les parties belligérantes.
Au total, 201 enfants ont été tués et 480 autres ont été mutilés.
Les Houthis ont tué ou mutilé 180 enfants yéménites, tandis que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, présente dans le pays pour rétablir le gouvernement reconnu par l’ONU, a tué ou mutilé 100 enfants.
Le rapport fait également état de niveaux élevés de recrutement et d’utilisation d’enfants dans le conflit, notamment par les rebelles houthis, qui ont recruté 174 enfants (172 garçons et deux filles) âgés de 9 à 17 ans rien qu’en 2021.
"Je suis alarmé par le nombre élevé d’enfants tués et mutilés, notamment par des explosifs de guerre", a déclaré António Guterres, exhortant toutes les parties impliquées dans le conflit à respecter le droit humanitaire international.
La coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen a figuré sur la liste noire de l’ONU pendant trois ans avant d’en être retirée en 2020.
Elle a d’abord été brièvement ajoutée à la liste noire en 2016, puis retirée par l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon dans l’attente d’un examen.
À l’époque, Ban a accusé l’Arabie saoudite d’exercer des pressions indues "inacceptables" après que des sources ont déclaré à Reuters que Riyad avait menacé de couper certains financements de l’ONU. L’Arabie saoudite a nié ces accusations.
Le rapport de cette année a révélé que 2 515 enfants avaient été tués et 5 555 mutilés dans des conflits mondiaux en 2021.
Traduction et mise en page : AFPS / DD