Photo : Au milieu de nouveaux ordres d’évacuation à Gaza, les familles continuent d’être forcées à fuir, 9 juillet 2024 © UNRWA
L’armée israélienne a ordonné à tous les Palestiniens de quitter la ville de Gaza et de se diriger vers le sud, alors qu’elle poursuit sa nouvelle offensive dans le nord, le sud et le centre de la bande de Gaza, qui a fait des dizaines de morts au cours des dernières 48 heures.
Des tracts largués par voie aérienne mercredi ont exhorté "tous les habitants de la ville de Gaza" à quitter les lieux et à emprunter des "itinéraires sûrs" vers le sud, en direction de Deir el-Balah et d’az-Zawayda.
Le ministère de l’intérieur de Gaza a appelé les habitants de la ville de Gaza à ne pas suivre les ordres d’évacuation israéliens, affirmant que ces instructions font partie de la guerre psychologique menée par l’armée israélienne contre les Palestiniens.
Les Nations unies ont déclaré que les dernières évacuations "ne feront qu’alimenter les souffrances massives des familles palestiniennes, dont beaucoup ont été déplacées à de nombreuses reprises".
"Les civils doivent être protégés", a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, Stephane Dujarric.
En provenance de Deir-el Balah, Hind Khoudary d’Al Jazeera a déclaré que les Palestiniens de la ville de Gaza - où les attaques israéliennes se sont intensifiées - se sentaient pris au piège et ne savaient pas où aller.
"Permettez-moi de vous rappeler qu’il n’y a pas d’équipes de défense civile, ni de Croix-Rouge. Personne n’est là pour évacuer ces Palestiniens", a-t-elle déclaré.
Israël a émis le premier ordre d’évacuation officiel pour une partie de la ville le 27 juin, et deux autres les jours suivants.
Le gouvernement affirme qu’il poursuit les combattants du Hamas qui se regroupent dans différentes parties de Gaza, neuf mois après le début de la guerre. La nouvelle offensive terrestre a commencé dans le quartier de Shujayea, à l’est de la ville, mais cette semaine, les chars se sont également déplacés vers les quartiers du centre et de l’ouest, forçant des dizaines de milliers de civils à fuir vers le sud.
Israël intensifie ses attaques à Gaza
Le dernier ordre d’évacuation intervient un jour après qu’une attaque aérienne israélienne sur l’école al-Awdah a tué au moins 30 personnes et en a blessé 53 autres, pour la plupart des femmes et des enfants, selon des médecins palestiniens.
Des images exclusives de l’école, obtenues par Al Jazeera, montrent de jeunes Palestiniens jouant au football à l’extérieur de l’école sous le regard de dizaines de personnes. Puis une forte explosion se fait entendre et les gens courent se mettre à l’abri.
Un jeune Palestinien a déclaré à Al Jazeera qu’il avait perdu plusieurs membres de sa famille dans l’attaque. "Nous étions assis et un missile est tombé et a tout détruit", a-t-il déclaré en sanglotant. "J’ai perdu mon oncle, mes cousins et mes proches."
L’attaque a été condamnée par les dirigeants du monde entier et l’armée israélienne a déclaré qu’elle menait une enquête.
L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré sur X que les deux tiers des écoles qu’il administre dans la bande de Gaza, qui servent d’abris aux Palestiniens déplacés depuis le début de la guerre, ont été touchées, tuant 524 personnes.
"Les structures de l’ONU, les écoles et les abris ne sont pas des cibles", a déclaré l’organisation.
Mercredi, l’armée israélienne a également déclaré avoir attaqué des combattants à l’intérieur du siège de l’UNRWA.
Lors d’une visite dans le centre de Gaza mercredi, le chef militaire israélien, le lieutenant-général Herzi Halevi, a déclaré que les forces opéraient de différentes manières, dans de multiples parties du territoire, "pour mener à bien une mission très importante : la pression".
"Nous poursuivrons nos opérations pour ramener les otages à la maison", a déclaré M. Halevi.
Depuis octobre, la guerre menée par Israël contre Gaza a fait au moins 38 295 morts et 88 241 blessés, selon les autorités palestiniennes. Le ministère de la santé de Gaza a déclaré mercredi que 52 Palestiniens avaient été tués et 208 blessés au cours des dernières 24 heures.
Israël a lancé sa guerre contre Gaza après que le Hamas a mené une attaque contre le sud d’Israël, tuant au moins 1 139 personnes, selon un décompte d’Al Jazeera basé sur des statistiques israéliennes, et en a pris environ 250 autres en otage, dont des dizaines sont toujours en captivité à Gaza.
Des progrès dans les pourparlers de cessez-le-feu ?
L’intensification de l’activité militaire israélienne intervient alors que des médiateurs américains, égyptiens et qataris ont rencontré des responsables israéliens à Doha, la capitale du Qatar, pour des pourparlers visant à obtenir un accord de cessez-le-feu longtemps difficile à obtenir et un échange de prisonniers détenus par le Hamas contre des Palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes.
Les responsables du Hamas se sont inquiétés du fait que les frappes israéliennes intenses de ces derniers jours sur toute la longueur du territoire pourraient faire dérailler les négociations.
Ismail Haniyeh, le chef du Hamas, a déclaré lundi que l’escalade des attaques israéliennes menaçait les pourparlers à un moment crucial et pourrait ramener les négociations "à la case départ".
Le Hamas souhaite toutefois que les médiateurs internationaux garantissent que les pourparlers de Doha se concluent par un cessez-le-feu permanent. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a quant à lui insisté sur le fait qu’il n’accepterait aucun accord obligeant Israël à mettre fin à sa campagne à Gaza sans éliminer le Hamas.
Traduction : AFPS