Un grand avocat israélien spécialisé dans les droits humains a fait part lundi 18 juillet d’une prétendue "menace" du ministère de la défense du pays concernant son travail pour le compte d’une ONG palestinienne qualifiée de groupe terroriste par l’État israélien.
L’avocat Michael Sfard représente Al-Haq, l’une des six organisations palestiniennes désignées comme "terroristes" par Israël en octobre 2021, ce qui a suscité l’indignation du monde entier.
Neuf gouvernements européens ont déclaré la semaine dernière qu’ils maintiendraient leur coopération avec les ONG, au motif qu’"aucune information substantielle" n’avait été présentée à l’appui des désignations terroristes.
Lundi, Sfard a publié une lettre d’un avocat du ministère de la Défense, dans laquelle on lui reproche de recevoir des honoraires de la part d’"organisations terroristes".
"Nous attirons par la présente votre attention sur les dispositions de la section 32(d)(1) de la loi concernant les voies légales pour les transactions de biens terroristes", indique la lettre, datée du 14 juillet, vue par l’AFP.
Dans une réponse écrite, Sfard a déclaré que la lettre suggérait qu’il risquait sept ans de prison pour avoir représenté Al-Haq.
Il l’a interprétée comme "une menace gouvernementale proférée à l’encontre d’un avocat exerçant une activité entièrement légale".
La lettre a été envoyée quelques jours avant que Sfard et d’autres avocats ne fassent appel de la désignation de trois des ONG.
Le ministère de la défense a déclaré que la note avait été envoyée dans le cadre d’une "procédure de routine".
"Cette lettre ne constitue aucun type de menace, elle fait simplement référence aux instructions qui s’appliquent aux avocats afin de recevoir leurs honoraires", a déclaré le ministère dans une déclaration à l’AFP.
De telles notes ont été envoyées à "tous les avocats représentant des organisations terroristes désignées", affirme le communiqué.
Dans sa réponse à la lettre, M. Sfard a prévenu qu’il envisagerait de demander un report de l’audience d’appel du 20 juillet si le ministère ne la retirait pas.
S’adressant à l’AFP lundi, l’avocat a déclaré : "Ma représentation est compromise si elle se fait dans des circonstances où une menace pèse sur moi".
En plus de dix ans de représentation de ces organisations, Sfard a déclaré que c’était la première fois qu’il recevait une telle lettre.
Israel's latest colonial move to silence Palestinian civil society by designating six NGOs as terrorist organisations is doomed to fail because the pursuit for truth is unstoppable, writes Wesam Ahmad.https://t.co/XrNX3y0G0q
— The New Arab (@The_NewArab) December 22, 2021
L’année dernière, Israël a désigné les organisations palestiniennes comme "terroristes" et les a accusées d’utiliser l’aide des donateurs pour leurs militants, une décision qui a suscité les critiques des Nations unies et des organismes de surveillance des droits de l’Homme du monde entier.
Parmi ces organisations palestiniennes de défense des droits de l’Homme figurent Addameer et Al-Haq, qui recensent les nombreuses violations des droits commises par Israël et par l’Autorité palestinienne, soutenue par l’Occident, en Cisjordanie occupée par Israël.
Neuf États de l’Union européenne ont déclaré qu’ils continueraient à travailler avec les six groupes de la société civile palestinienne malgré cette désignation.
Traduction et mise en page : AFPS /DD