Photo : Les corps des victimes de bombardements israéliens à Deir al-Balah transportés vers la morgue de l’hôpital al-Aqsa le 16 octobre 2023 - Crédit : Ashraf Amra (Twitter)
Les Palestiniens déplacés luttent pour obtenir de l’eau, de la nourriture et la sécurité dans la région sud de la bande de Gaza au milieu des bombardements israéliens incessants et indiscriminés depuis douze jours consécutifs.
La ville de Deir al-Balah, située au milieu de l’enclave côtière assiégée, est l’une des zones les plus encombrées par les Palestiniens déplacés qui se sont rassemblés dans tout le sud de la bande de Gaza. Ici, il est difficile de trouver un espace pour marcher ou conduire sa voiture dans les rues. Tout le monde est triste et craint pour son avenir.
Cette scène est ponctuée d’explosions massives et des cris des personnes déplacées qui font la queue devant les boulangeries et les magasins. Tout le monde vérifie immédiatement où une frappe a eu lieu, et certains se précipitent involontairement vers le site touché, dans l’espoir d’aider à évacuer d’éventuels survivants. D’autres restent à leur place dans la file d’attente, craignant de manquer leur tour et de revenir les mains vides auprès de leurs enfants.
« Du jour au lendemain et sans aucun avertissement, nos vies ont été bouleversées. Nous sommes devenus des sans-abri, ne sachant pas ce qui nous attend », a déclaré Omer al-Naji à The New Arab.
« Au lieu de me rendre à mon travail tous les matins, je viens maintenant dans cette longue file et j’attends de longues heures pour obtenir un peu de pain pour mes enfants, qui ne suffira peut-être pas pour une journée », a déclaré ce père de six enfants, âgé de 48 ans.
Depuis douze jours, l’enclave côtière assiégée subit des milliers de frappes aériennes israéliennes violentes, qui ont touché des milliers de maisons d’habitation et tué des centaines de personnes.
Israël affirme qu’il ne fait que combattre le Hamas, le groupe islamiste qui dirige par la force la bande de Gaza, mais les Palestiniens de la bande de Gaza affirment que ce sont des civils innocents qui paient le prix d’une guerre sans précédent entre le Hamas et Israël.
Jusqu’à présent, plus de 3 200 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués par les attaques israéliennes, selon le ministère de la santé de Gaza. Plus de 1,1 million de personnes ont été déplacées et se sont retrouvées sans abri et sans défense, sans aucune chance de survivre aux conséquences des attaques, selon les institutions de l’ONU opérant à Gaza.
La décision israélienne de renforcer le blocus de Gaza et d’empêcher l’entrée de la nourriture, de l’eau, des médicaments et de l’aide fournie par les pays arabes et occidentaux n’a fait qu’aggraver la situation. La seule centrale électrique a été arrêtée en raison de la pénurie de carburant, et le manque d’électricité empêche les moteurs de pomper l’eau dans les maisons.
« Personne ne peut imaginer la vie que nous menons aujourd’hui à Gaza », a déclaré M. al-Naji en essuyant ses larmes. « Nous luttons pour rester en vie, mais nous ne savons même pas comment faire face à une telle dévastation. »
Samah al-Masri, une femme d’une cinquantaine d’années vivant à Beit Hanoun, a été déplacée avec sa famille de 20 personnes par Israël dans la ville de Deir al-Balah, et elle n’a pu emporter aucun de leurs documents d’identité essentiels. Ils s’abritent désormais sous une caravane endommagée.
« Nous n’avons aucun matériel, aucune des ressources vitaux... Pas de salle de bain, pas de cuisine, pas d’eau et pas d’électricité », a-t-elle déclaré à l’agence The New Arab. « Nous vivons même sous les frappes aériennes israéliennes qui risquent de tuer toute ma famille. »
Mohammed Qudaih a fui sa maison dans les quartiers Est de Khan Younis avec tous ses proches pour se rendre à Rafah. Mais la mort les y a suivis lorsque des frappes aériennes israéliennes ont touché un immeuble résidentiel où ils se trouvaient. Plus de 50 membres de sa famille ont été tués.
Le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Philippe Lazzarini, a mis en garde contre les graves répercussions de la pénurie d’eau portable sur la vie des quelque 2,3 millions d’habitants de Gaza, à la lumière de la guerre israélienne.
« L’eau potable s’épuise et Gaza risque la mort », a déclaré M. Lazzarini. « Gaza s’approvisionne habituellement en eau à partir de diverses sources, notamment un pipeline en provenance d’Israël, des usines de dessalement de l’eau de mer et des puits. »
Il a expliqué que ces approvisionnements ont diminué lorsque Israël a coupé l’eau de la bande de Gaza à la suite du lancement par le mouvement Hamas de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » le 7 octobre, et qu’il y a eu parallèlement une coupure du carburant et de l’électricité permettant de faire fonctionner les stations d’eau et le réseau d’égouts.
L’Organisation mondiale de la santé a également averti que le manque d’eau potable dans la bande de Gaza mettait en danger la vie des patients dans les hôpitaux et de la population en général.
« L’occupation israélienne n’a pas fourni un seul litre d’eau potable à aucun des gouvernorats de la bande de Gaza depuis dix jours, ce qui a poussé les citoyens à boire de l’eau impropre à la consommation, laissant présager une grave crise sanitaire qui menace la vie des citoyens », a déclaré le ministère de l’intérieur, dirigé par le Hamas.
Dans le même temps, le ministère de la santé a prévenu que son personnel ne pourrait pas fournir de traitements médicaux aux victimes dans les jours à venir, à moins qu’il ne reçoive davantage de matériel médical.
Les Palestiniens de Gaza espèrent néanmoins parvenir rapidement à un cessez-le-feu humanitaire qui leur permettrait de recevoir de l’aide humanitaire et médicale ainsi que du carburant.
Traduit par : AFPS