Les forces israéliennes de renseignement et de sécurité ont menacé et empêché des citoyens palestiniens d’Israël et des Palestiniens de Cisjordanie occupée de se rendre dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est.
Les forces israéliennes ont arrêté des véhicules et interdit l’entrée à des dizaines de Palestiniens au poste de contrôle militaire de Nilin, à l’ouest de Ramallah, et ont bloqué leur chemin vers Sheikh Jarrah et la mosquée al-Aqsa pour y accomplir la prière du vendredi.
Les citoyens palestiniens d’Israël, qui avaient prévu de se déplacer en convoi de bus vendredi pour manifester leur solidarité avec les résidents de Sheikh Jarrah faisant l’objet d’un ordre d’expulsion, ont reçu des messages de l’agence de renseignement interne d’Israël leur demandant de ne pas aller de l’avant avec leurs projets.
Jeudi soir, le Shin Bet a envoyé des messages d’avertissement aux Palestiniens d’Umm al-Fahm, une ville située à l’intérieur d’Israël. Les propriétaires et chauffeurs de bus qui avaient enregistré leur nom pour se rendre à Jérusalem-Est ont été parmi ceux qui ont reçu ces messages.
Vendredi, les Palestiniens qui priaient à Sheikh Jarrah étaient dirigés par Ekrima Sabri, un imam éminent qui a été détenu à plusieurs reprises par Israël et qui était au premier plan de l’affrontement avec les forces israéliennes qui ont pris d’assaut la mosquée al-Aqsa l’année dernière.
Ce dernier développement intervient alors que les colons israéliens restent déterminés à expulser des familles palestiniennes de leurs maisons à Sheikh Jarrah, un quartier situé à moins de deux kilomètres des murs nord de la vieille ville de Jérusalem.
Vendredi matin, Itamar Ben-Gvir, membre de la Knesset d’extrême droite israélienne, est arrivé à un bureau de fortune qu’il avait installé dans le quartier, devant la maison d’une famille palestinienne menacée d’expulsion imminente.
Ben-Gvir, chef du parti Pouvoir juif, refuse depuis dimanche de démonter son bureau de fortune, provoque et se heurte à des Palestiniens, et agresse un officier de police israélien.
Des colons avaient aidé Ben-Gvir à installer son bureau sur un terrain dont la famille palestinienne Salem revendique la propriété. Les colons ont tenté à plusieurs reprises de le clôturer et de s’en emparer.
Expulsions forcées
Vendredi, des représentants des Nations unies et de la société civile palestinienne se sont rendus à Sheikh Jarrah pour rencontrer les Salem, une famille de 12 personnes, dont six enfants.
"La famille Salem elle-même et ses voisins ont fait l’objet d’attaques au gaz poivré et aux pierres qui ont provoqué des blessures et des dégâts matériels", indique un communiqué publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
L’OCHA a ajouté que la famille Salem "est l’une des 218 familles palestiniennes, soit 970 personnes, dont 424 enfants, vivant à Jérusalem-Est, principalement dans les quartiers de Sheikh Jarrah et Silwan, qui sont actuellement menacées d’expulsion forcée par les autorités israéliennes".
Elle ajoute que la famille est constituée de réfugiés qui ont perdu leur maison lors de la guerre de 1948 qui a conduit à la création d’Israël.
"Les Nations unies ont demandé à plusieurs reprises l’arrêt des expulsions forcées et des démolitions en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est : en vertu du droit international humanitaire, les transferts forcés de personnes protégées par la puissance occupante sont interdits, quel que soit leur motif", ajoute le communiqué.
Les analystes israéliens de la sécurité estiment que les affrontements à Sheikh Jarrah pourraient dégénérer et embraser l’ensemble de la Cisjordanie et atteindre l’intérieur d’Israël et la bande de Gaza.
Sheikh Jarrah, qui a été occupé par Israël en 1967, est un point chaud important depuis mai 2021, après qu’Israël a tenté d’expulser des familles palestiniennes de la zone pour faire place à des colons israéliens.
Cette décision a suscité de vastes protestations en Cisjordanie occupée et dans la communauté palestinienne à l’intérieur d’Israël, ainsi qu’une opération militaire de grande envergure dans la bande de Gaza assiégée.
Traduction : AFPS