L’atmosphère mi-figue, mi-raisin qui prévalait mardi soir dans le centre-gauche israélien a laissé place la gueule de bois ce mercredi matin. Le Likoud (droite) de Benyamin Nétanyahou a emporté les élections législatives avec 29 sièges contre 24 pour l’Union sioniste (centre-gauche) menée par Itzhak Herzog. Alors que les derniers sondages montraient un Likoud à la traîne derrière le centre-gauche et en forte baisse, c’est dans la dernière ligne droite que Nétanyahou, qui a fait preuve d’un activisme forcené, a rattrapé son retard. Il est finalement passé en tête en récupérant les voix parties vers des formations de l’ultra-droite, celle du religieux Naftali Bennett ou du laïc Avigdor Liberman et en lançant toute une série de promesses : le ministère des Finances ira au très populaire Moshé Kahlon, leader du parti de centre droit, , et lui Premier ministre, il n’y aura pas d’Etat palestinien…
En troisième position dans cette nouvelle Knesset, on trouve la Liste unie qui rassemble quatre partis arabes Précisons que cette "liste unie" avec 14 sièges. Pour les 20% arabes de la population israélienne, il s’agit du plus important succès électoral jamais remporté par une liste arabe. Yaïr Lapid (centre) et son Yesh Atid obtient 11 sièges, Moshé Kahlon (Koulanou, centre-droit) 10 sièges, l’ultranationaliste religieux Naftali Bennett tombe à 8 sièges, les deux partis ultra-orthodoxes (Shass et Yahadout Hatorah) sont à 7 sièges chacun, suivis d’Avigdor Liberman (Israel Beitenu, ultranationaliste laïc) qui obtient 6 sièges, et le Meretz (gauche) remporte 4 mandats.
On assiste donc à un retour des choix des Israéliens vers les deux grands partis le Likoud et l’Union sioniste et les formations du centre, abandonnant désormais les extrêmes. Naftali Bennett chute de 4 sièges, Liberman perd 5 sièges et le petit parti d’extrême droite religieux de l’ancien ministre Elie Yishai ne passe pas le seuil d’éligibilité.
Désormais Nétanyahou peut soit former un gouvernement très à droite, soit tenter de convaincre l’Union sioniste d’entrer dans sa coalition pour lui donner une touche plus centriste. Le président de l’Etat Reuven Rivlin a indiqué qu’il travaillerait en faveur de la formation d’une coalition d’union nationale.
Ces résultats ont montré un parlement partagé presque à part égale entre le camp de la gauche et celui de la droite, soulignant l’impression d’une société israélienne très divisée à la fois sur ses valeurs, sur la manière dont elle envisage son avenir et sur la résolution du conflit avec les Palestiniens. A droite, on souligne l’importance de l’identité juive, de la terre d’Israël de la mer au Jourdain, des menaces sécuritaires ; on y est aussi plus religieux. A gauche et au centre, la grande majorité est laïque, on parle droits sociaux, on y envisage des négociations pragmatiques avec les Palestiniens. Ce qui rassemble les deux camps ? Le désir d’une meilleure répartition des richesses économiques entre tous les Israéliens.