Israël a commencé jeudi ( 2 septembre) à construire les
premières sections de sa "barrière de sécurité" sur la route principale reliant Jérusalem à la Cisjordanie [1].
La construction intervient deux jours après le double attentat suicide de Beersheba, dans le sud d’Israël, perpétré par deux kamikazes venus de Cisjordanie. Seize personnes ont été tuées dans cet attentat.
Des témoins affirment que des ouvriers, protégés par des soldats et des gardes armés, sont arrivés pendant la nuit et ont commencé à construire le mur, haut de six mètres.
A cet endroit, la barrière de sécurité séparera les Palestiniens vivant à Jérusalem-Est de leurs voisins qui habitent de l’autre côté de la route, en Cisjordanie [2].
"Ils (les Israéliens) ont fait cela aujourd’hui à cause de l’attentat, sans aucun doute", a déclaré l’avocat Mohamed Dahleh, qui représente les habitants d’Al Ram devant la Haute cour de justice israélienne.
"Israël pense à présent que la communauté internationale ne sera pas aussi agressive pour critiquer ce mur qui est construit au coeur de la société palestinienne", a-t-il ajouté.
"Ils nous tuent à petit feu"
Pour l’Etat juif, l’édification de cette barrière de 730 km alternant murs en béton et clôtures de barbelés doit empêcher l’infiltration de kamikazes palestiniens sur son sol.
Les Palestiniens craignent qu’elle ne constitue une tentative déguisée d’Israël pour annexer des territoires et les priver d’un Etat viable. La barrière serpente par endroits bien à l’intérieur de la Cisjordanie afin
d’englober du côté israélien d’importants blocs de colonies juives.
Le ministère israélien de la Défense et l’armée n’ont pour l’heure fait aucun commentaire sur le début de la construction à proximité de Jérusalem-Est.
Début juillet, la Cour Internationale de Justice de La Haye a rendu un avis consultatif jugeant que la barrière était "illégale" et qu’elle devait être détruite.
Conformément à une injonction de la Haute Cour de justice israélienne, l’Etat juif a ensuite déclaré qu’il envisageait de redessiner le tracé du Mur pour réduire les souffrances des Palestiniens.
Mais la Haute Cour avait aussi affirmé qu’Israël pouvait ériger la barrière sur des territoires considérés comme "contestés".
"Ils enterrent des gens vivants. Les personnes ici sont conscientes (de ce qui se passe). Ils nous mettent sous terre (...) Ils nous tuent à petit feu", déclarait Nabil, un marchand de pneus d’Ar Ram dont le magasin est situé à proximité du lieu où a commencé jeudi la construction.