Photo : Israël a bombardé l école Tabin dans la ville de Gaza le 9 août 2024 - Crédit : Fatma Hassona / Eye on Palestine.
Au moins 100 civils palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été tués samedi à l’aube après que les forces israéliennes ont pris pour cible une école de la ville de Gaza alors que des personnes déplacées effectuaient leurs prières matinales.
Des vidéos obtenues par Middle East Eye montrent des corps carbonisés et des membres éparpillés sur un sol en béton, alors que les gens se précipitent à la recherche de leurs proches après les attaques.
Une autre vidéo montre des dizaines de corps recouverts de tissus et étendus dans une cour.
Les victimes de l’attaque ont été transportées à l’hôpital Maamadani, qui fonctionne partiellement, l’un des rares hôpitaux en activité dans le nord de la bande de Gaza.
Moatasem Dalloul, militant et résident de la ville de Gaza, a déclaré à Middle East Eye que l’hôpital n’avait pas assez de lits pour les blessés et que beaucoup d’entre eux étaient restés dans les couloirs.
Dans une vidéo qu’il a partagée avec MEE, on voit un jeune garçon souffrant de brûlures et de blessures sur tout le corps, bandé et allongé sur une civière dans un couloir.
"Les corps des personnes tuées sont placés partout dans les cours de l’hôpital et leurs proches leur font leurs adieux " a déclaré Dalloul, qui est allé à l’école après le massacre.
"Israël continue de prendre pour cible les abris, mais les gens continuent de s’abriter dans ces lieux parce que leurs maisons ont été détruites par les attaques israéliennes répétées dans toute la bande de Gaza."
L’agence de défense civile de Gaza a qualifié les attaques de "massacre horrible" et a déclaré que trois roquettes israéliennes avaient frappé l’école Tabin, située dans le quartier al-Daraj de la ville de Gaza, alors que les Palestiniens accomplissaient les prières matinales du Fajr.
Un homme présent sur les lieux du massacre, qui n’a pas donné son nom, a déclaré à MEE : " Lorsque nous sommes entrés dans l’école, nous avons vu des morceaux de corps partout dans la salle de prière."
"Les forces d’occupation israéliennes continuent de commettre des massacres contre les personnes déplacées dans les abris parce que personne dans le monde n’est capable de les arrêter " a déclaré M. Dalloul.
"Le soutien permanent des États-Unis et de l’Occident, sur le plan financier et militaire, et le silence de la communauté internationale encouragent Israël à continuer de commettre de tels crimes contre les innocents de la bande de Gaza."
Un missile de deux mille livres
Mohammed al-Mughair, directeur du département d’approvisionnement de l’autorité de défense civile de Gaza, a déclaré que l’école Tabin abritait environ 2 400 Palestiniens déplacés.
"L’école a été visée par trois missiles, dont au moins un missile MK-84, qui pèse 2 000 livres" a déclaré Mohammed al-Mughair.
La défense civile a indiqué que les roquettes avaient visé deux étages de l’école, la première frappant une zone habitée par des femmes déplacées, et la seconde atteignant le rez-de-chaussée qui servait de salle de prière.
"L’armée d’occupation a directement bombardé les personnes déplacées alors qu’elles accomplissaient la prière de l’aube" a déclaré le bureau des médias du gouvernement de Gaza dans un communiqué.
"En raison de l’horreur du massacre et du grand nombre de martyrs, les équipes médicales, la défense civile et les équipes de secours et d’urgence n’ont pas été en mesure de récupérer les corps de tous les martyrs jusqu’à présent" a ajouté le communiqué.
L’armée israélienne a déclaré dans un communiqué avoir pris pour cible un "centre de commandement et de contrôle" qui "servait de repaire aux terroristes et aux commandants du Hamas". Elle n’a fourni aucune preuve à l’appui de cette affirmation.
Haidar Eid, un professeur d’anglais qui a réussi à fuir en Afrique du Sud avant la fermeture du point de passage de Rafah, a déclaré : "Sans ce soutien et la complicité, voire l’implication directe, de l’Occident, Israël n’aurait pas été en mesure de commettre ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité, y compris le génocide et le nettoyage ethnique, à l’encontre des Palestiniens de Gaza."
Selon le gouvernement palestinien, Israël a frappé au moins 172 abris désignés, principalement des écoles, abritant des milliers de familles déplacées depuis le début de la guerre en octobre 2023.
Le mois dernier, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a déclaré que les forces israéliennes avaient bombardé près de 70 % de ses écoles à Gaza, tuant plus de 500 personnes.
Le Hamas a rejeté à plusieurs reprises les accusations israéliennes selon lesquelles il opère à partir d’installations civiles telles que des écoles et des hôpitaux.
La frappe dévastatrice de samedi est intervenue moins d’un jour après que le gouvernement israélien a confirmé qu’il enverrait une délégation au sommet sur le cessez-le-feu proposé par les dirigeants des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte pour le 15 août.
Les trois pays ont déclaré qu’il était temps de finaliser l’accord-cadre sur la table.
"Il est temps d’apporter un soulagement immédiat à la population de Gaza qui souffre depuis longtemps, ainsi qu’aux otages qui souffrent depuis longtemps et à leurs familles. Le moment est venu de conclure l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages et des détenus", ont déclaré les trois pays dans un communiqué commun jeudi.
"Il ne faut plus perdre de temps et aucune partie ne doit justifier un nouveau report".
Selon Axios, une source familière des négociations a décrit le sommet comme un effort "d’urgence" de l’administration Biden pour éviter une guerre régionale après l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh à Téhéran et d’un haut commandant du Hezbollah à Beyrouth la semaine dernière.
Haniyeh, un vétéran du Hamas qui avait joué un rôle clé dans les négociations de cessez-le-feu, a été tué en même temps que son garde du corps de longue date, Wasim Abu Shaaban, quelques heures après qu’ils eurent assisté à une cérémonie de prestation de serment du nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian.
Trois personnes qui se trouvaient dans le bâtiment lourdement gardé à ce moment-là ont déclaré à Middle East Eye qu’il avait été tué par un projectile tiré sur sa chambre.
Israël se prépare à d’éventuelles représailles de l’Iran et du Hezbollah en réponse à ces assassinats, ce qui fait craindre une guerre totale.
Traduction : AFPS